Dictée du mois d'avril

écrit par dictee.2008
le 08/04/2008

Esmeralda

Dans un vaste espace, qui était devenu libre entre la foule et le feu, une jeune fille dansait. Si cette jeune fille était un être humain, ou une fée, ou un ange, c’est ce que Gringoire, tout philosophe sceptique, tout poète ironique qu'il était, ne put décider dans le premier moment, tant il demeurait admiratif devant cette éblouissante vision. Elle n’était pas grande, mais elle le semblait, tant sa fine taille s’élançait hardiment. Elle était brune, mais on devinait que, le jour, sa peau devait être du beau reflet doré des Andalouses et des Romaines. Son petit pied aussi était andalou, car il était à l’étroit et à l’aise à la fois dans sa gracieuse chaussure. Elle dansait, elle tournait, elle tourbillonnait sur un vieux tapis de Perse, jeté négligemment sous ses pieds; et chaque fois qu’en tournoyant sa ravissante beauté passait devant nous, ses grands yeux noirs jetaient des éclairs. Autour d’elle, tous les regards restaient fixes, toutes les bouches étaient ouvertes ; et, en effet, tandis qu’elle dansait ainsi, elle avait l’air frêle et vive comme une guêpe, avec son corsage d’or sans pli, sa robe bariolée qui se gonflait, avec ses épaules nues, ses jambes fines, ses cheveux noirs, ses yeux de flamme, elle semblait une créature surnaturelle.

D’après Victor HUGO, Notre-Dame de Paris

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