Antichrist ? Une véritable claque dans la gueule !

écrit par jeanphilippe
le 05/10/2009
Antichrist ? Une véritable claque dans la gueule !

Sorti chez nous le 16 septembre dernier, le dernier Lars von Trier est une production à la fois italienne, polonaise, suédoise, allemande, française et danoise, bien sûr, serions nous tentés d’écrire. C’est dire si les moyens nécessaires à la fabrication de celui-ci ont dû être difficiles à rassembler. Rien d’étonnant à cela tant « Antichrist » est un film excessivement audacieux. Tout à la fois un thriller, un drame et, selon certains, un film d’épouvante, l’œuvre réjouira tout spectateur désireux de se prendre une véritable claque cinématographique dans la gueule.

08=Charlotte Gainsbourg et Willem Dafoe

Le réalisateur danois y dirige Charlotte Gainsbourg et Willem Dafoe. Deux acteurs, pas plus. Il fallait oser. Lars von Trier l’a fait ! Plus que probablement séduit par le jeu de Willem Dafoe après l’avoir dirigé dans « Manderlay », la suite de « Dogville », il a porté son choix sur Charlotte Gainsbourg pour d’autres raisons, évidentes, évoquées ci-dessous.

Contrairement à notre habitude, nous avons cette fois-ci souhaité recueillir l’avis de trois spectateurs à leur sortie de la salle plutôt que de rédiger une critique de film à proprement parler. Nos interlocuteurs avaient pour noms Christiane Geldof (60 ans), de Bruxelles, et Jan De Leener (40 ans) et Rudy Custine (42 ans), vivant tous deux à Liedekerke. Impressions…

Ardenne Web : À quoi vous attendiez-vous en allant voir « Antichrist » ?

Christiane Geldof : Je m’attendais à quelque chose du même tonneau mais en moins fort sans doute. Je ne sais pas ce que le Vatican va dire là-dessus (elle rit) mais je pense que le film n’aura pas la cote auprès de la plupart des gens.

Jan De Leener : À rien de bien défini en réalité. Même quand les critiques ne sont pas unanimes, dès qu’un nouveau Lars von Trier sort en salles en Belgique, je cours le voir au plus vite.

09=Charlotte Gainsbourg et Lars von Trier

A. W. : Quels sont, selon vous, les grands points forts du film ?

C. G : Tout est excessivement bien filmé dans ce film fort intense au sujet très difficile. La musique était magnifique, le jeu des acteurs, épatant, et les décors naturels, enivrants. J’ajouterai que la fin du film marquera longtemps les esprits.

Rudy Custine : Lars von Trier, qui a pris l’habitude de faire des films de trois heures, réussit ici à maîtriser son sujet en un peu plus d’une heure et demi. C’est peut-être même d’ailleurs le moins long de ses films.
Il rend aussi un bel hommage au réalisateur russe Andreï Tarkovski. (NDA : « Le miroir », de Tarkovski, est un des films préférés de von Trier. Le réalisateur russe est, selon lui, celui qui a le mieux réussi à filmer la nature jusqu’à présent.)

J. D. L. : L’ensemble d’« Antichrist » est très bien filmé. Personnellement, j’avais été bouleversé par « Breaking the waves ». C’est typiquement le genre de film à revoir tant il est rempli de symboles.

R. C. : C’est vrai que le film est très symbolique. À ce propos, la fin devrait d’ailleurs en étonner plus d’un.

J. D. L. : Les scènes de sexe sont filmées avec art. Il ne s’agit pas pour moi de scènes de pornographie.
Jérôme Bosch a certainement été une source d’inspiration pour Lars von Trier. Ce dernier a, paraît-il, écrit ce film après le décès de sa mère, alors qu’il était en pleine dépression.

10=Charlotte Gainsbourg

AW : Quelques mots sur le jeu des acteurs ?

R. C. : On avait un peu pris l’habitude de voir Charlotte Gainsbourg dans des comédies françaises. Ici, elle renouvelle entièrement son jeu. Ce qui a sans doute séduit Lars von Trier chez elle est sa capacité à aller très loin et à repousser ses limites, même si une doublure assure bien évidemment certaines scènes de sexe. Le Danois pousse toujours ses acteurs vers l’extrême. On se demande d’ailleurs comment ils en arrivent à accepter d’aller jusque-là. Cela me fait un peu penser au cinéma de Michael Haneke et à l’automutilation du personnage joué par Isabelle Huppert dans « Le pianiste ». Le cinéma européen va plus loin en la matière que ne va le cinéma américain par exemple (NDA : et moins loin encore que ne va le cinéma asiatique). Il semble toutefois évident que Lars von Trier a beaucoup de respect pour ses acteurs.

11=Willem Dafoe

J. D. L. : Les acteurs y sont magnifiquement dirigés par le Danois. Il fallait oser réaliser un film pareil. Dans « Breaking the waves », le personnage joué par Emily Watson allait déjà fort loin. Charlotte Gainsbourg n’en fait pas trop. Elle est très juste dans le désespoir, qu’elle personnifie à l’écran.

C. G. : À l’époque, Roger Vadim avait choqué avec « Et Dieu… créa la femme ». De même, « Le dernier tango à Paris » avait suscité pas mal de critiques...

A. W. : Quelles étaient, selon vous, les véritables intentions du réalisateur danois ?

J. D. L. : Lars von Trier n’a pas juste voulu choquer. (NDA : Le film est en effet bien plus qu’un film de genre.). Aujourd’hui, avec YouTube, il devient de plus en plus difficile de choquer, la violence et le sexe étant omniprésents.

R. C. : Le film est aussi une parabole de l’amour.

12

A. W. : Quid du rythme du film ?

J. D. L. : Je conçois que des gens puissent ne pas entrer dans l’ambiance du film.

R. C. : Le rythme est très lent. Je pense que c’est pour cette raison que certaines personnes quittaient la salle s’attendant à tout autre chose comme un revival de « Basic instinct » ou autre thriller du genre. Mais là, on visualise un film déconcertant mais qui nous prend aux tripes comme on aimerait en voir plus souvent.

Propos recueillis par Jean-Philippe Thiriart
jeanphilippe_thiriart@hotmail.com

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