Evolution du Haut Katanga, (quatrième épisode)

écrit par mami
le 27/04/2009
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L’expansion du Haut Katanga depuis le début 20ème siècle.
Quatrième épisode. 4/5

Un événement heureux, d’une importance économique très grande se produisit au Haut Karanga. C’est-à-dire, une ligne de chemin de fer est inaugurée du Katanga à la frontière de l’Angola.
Photo n° 16 Transport des minerais
Enfin le monde se dégage péniblement du chaos. L’économie mondiale remonte tout doucement la pente. La production retrouve des débouchés et les usines, mines s’ouvrent à nouveau. Le Haut Katanga et l’U.M. s’engagent, tout doucement vers la croissance.
Mais l’imminence du terrible drame qui se prépare aiguillonne la course générale aux armements. Ce renversement de la situation économique se traduit aussitôt au Katanga par une activité accrue. Les géologues ont intensifié leurs prospections et leurs sondages ont révélés de nouvelles réserves de minerais de cobalt, d’étain et de cuivre, notamment un vaste gisement de cuivre oxydé, juste à côté de la mine de Ruwé. Les mines de Kolwezi, Musonoi, Ruwé commencent à se développer à partir de 1937. Devançant les problèmes de la guerre, l’U.M. et ses dirigeants avaient créés une organisation permettant de faire face à la situation. Les commandes de matériel antérieurement passées en Europe occupée furent replacées en pays libre et des dispositions furent prises pour assurer, dans la mesure du possible, les approvisionnements et les transports. L’un des problèmes des plus malaisé à résoudre au Katanga pendant cette période, fut posé par la pénurie de personnel blanc qualifié. La tâche qui incombait à l’U.M. dans l’énorme effort commun peut se résumer en quelques mots : mettre tout en œuvre pour fournir aux alliés la plus grande quantité possible de minerais et de métaux stratégiques. La production de cuivre devait être augmentée. Il fallait pousser au maximum la production du cobalt et d’étain et trouver si possible de nouveaux gîtes de ces minerais stratégiques d’une importance vitale pour la poursuite des opérations militaires. Les géologues abandonnent, provisoirement les grands relevés pour se consacrer à la mission qui leur est assignées. Etendre, si possible, les réserves minières ; trouver des gisements susceptibles d’un rendement rapide. Le développement le plus spectaculaire viendra des mines de Kolwezi, Musonoi et à Ruwé. Des engins modernes et puissants sont mis à leur disposition, tels que pelles électriques, puissantes locomotives, wagons métalliques basculeurs de 35 tonnes, ainsi que d’autres matériels. Dans cette progression, Kolwezi et Ruwé sont réliés par le rail (plus ou moins une dizaine de kilomètres.) En 1944, les premières pelles électriques sont mises en service. Mais, cependant, comme les locomotives électriques ne sont pas arrivées, ces deux mines ont recours à d’anciennes locomotives à vapeur dont certaines datent de 1913. En 1945, ces deux mines à ciel ouvert, à elles seules extrairont environ 9 millions de tonnes de produit.
Les grands chefs d’état des pays alliés et les plus hautes personnalités ont hommage à l’immense effort de guerre du Katanga et ont soulignés sa contribution essentielle à la victoire finale. Au cours des années 1940 à 1944, 800.000 tonnes de cuivre furent fournies aux alliés, et principalement à l’Angleterre. Le président des E.U. de l’époque a rendu un hommage reconnaissant en déclarant que ces fournitures avaient constitué « une contribution éminente à la défense du monde libre ».
Pendant cette guerre, un dirigeant de l’U.M., résidant à New York, reçoit la visite d’un officier américain. Il est délégué par le Manhattan Project, l’organisme chargé des recherches nucléaires par le gouvernement américain. « Pourriez-vous, demanda le colonel, aider les Etats-Unis à se procurer du minerai d’uranium ? Il s’agit d’une question d’une importance capitale pour la cause des alliés ». « Quand vous le faut-il ? » « Si ce n’était pas impossible, je dirais demain ! » « Ce n’est pas impossible. Vous pouvez avoir mille tonnes de minerai d’uranium immédiatement. Elles sont ici à New York. Je vous attendais depuis un an. Ainsi le Manhattan Project, disposa, sans délai, du minerai nécessaire à la poursuite de son programme. C’est que, plusieurs années auparavant au début de 1939, le dirigeant en question, avaient été secrètement avertit, par un homme de science britannique que des recherches actives étaient développées en Allemagne dans le domaine de la fission nucléaire. On croyait, dans les milieux scientifiques, à la possibilité de fabriquer une bombe atomique avec de l’uranium et il fallait éviter à tout prix que les Allemands ne puissent disposer de la précieuse matière. Les mesures nécessaires furent prises.
En 1950, Ruwé est équipé, enfin, de tout les engins modernes de chargement et de transport des minerais.
Les années de 1946 à 1955, dans le domaine minier, est caractérisée par une augmentation considérable de la production, assurée, d’une part, par les mines à ciel ouvert et d’autre part par la mine souterraine. Des mines à ciel ouvert furent fermées, d’autres se virent munies de matériel hautement performant possédant ainsi une puissance d’extraction considérable grâce à cet équipement, elles peuvent rivaliser avec n’importe quelle mine du monde. Le rendement d’un ouvrier manuel, maniant le pic et la pelle était autrefois de 2,5 m³ par jour, mais dans les mines mécanisées par des moyens importants, l’extraction du minerai atteignait 32 m³/jr Ces moyens puissants ont permis, en 1954 par exemple, de déplacer 9 millions de mètres cubes. Au cours de la même année, la mine de Musonoi et celle de Ruwé ont fourni 80 % du tonnage total extrait par tous les sièges. C’est un spectacle véritablement impressionnant que de voir, la nuit, ces immenses carrières à ciel ouvert, éclatantes de blancheur sous les feux des projecteurs, ces pelles électriques poursuivant, d’un mouvement régulier, leur incessant travail, et ces longs trains électriques chargés de minerai. Grâce à cette mécanisation, Kolwezi était capable de traiter 245.000 tonnes de minerai par mois. Le 9 août 1953 fut un jour faste. On fêtait à Kipushi un record d’extraction. Pour la première fois, cent mille tonnes avaient été extraites au cours d’un seul mois. Depuis lors, ce chiffre a été régulièrement dépassé.
La rareté des combustibles et son prix élevé et les disponibilités abondantes en énergie hydraulique, donnent à l’énergie hydroélectrique un rôle beaucoup plus important dans la métallurgie que dans les pays classiques de l’industrie métallurgique. Lorsqu’on voit qu’il faut plusieurs milliers de kWh pour produire une tonne de cuivre, on se rencontre de l’utilité des barrages hydroélectriques. A noter enfin qu’au rythme de développement prévu, le Katanga exigera la production de 1.600 millions de kWh en 1960.
Pour répondre aux exigences des usines, il est décidé de construire un nouveau barrage hydroélectrique, il sera dénommé Bia. Afin d’augmenter la hauteur de chute, les turbines de la centrale Bia, située à 8 km de la centrale Francqui, ont été enfouies dans une vaste excavation creusée dans le rocher.
Photo n° 17 Barrage Bia
Dès 1957, les centrales hydroélectriques de « Le Marinel, Delcommune, Francqui et Bia », ont la possibilité de produire au total 2.800 millions de kWh, dès lors elles pourront répondre à un certain nombre d’exigences et au-delà, exporter vers les pays voisins.

Extrait du livre « Union Minière du Haut Katanga de 1906 à 1956 » (édition L. Cuypers /Bruxelles
MGM

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