Evolution du Haut Katanga, (troisième épisode)

écrit par mami
le 23/04/2009
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L’expansion du Haut Katanga depuis le début 20ème siècle. Troisième épisode. 3/5
Le 22 juin 1911, le premier train de minerai se rend à l’usine de Lubumbashi (Elisabethville) où un four avait été allumé quelques jours avant. Le vœux des pionniers est réalisé : la coulée de cuivre s’échappe du four
En 1913 débute la production industrielle du cuivre, soit 7.400 tonnes pour l’ensemble de l’année. Pour améliorer cette performance il est mis en marche une batterie de 22 fours au coke le 6 décembre 1913. En 1914, les différentes mines se mécanisent avec des pelles à vapeur, chacune permet de remuer trois cents mètres cubes par jour.
Photo n°6 – Pelle mécanique à vapeur
La grande guerre propulse les commandes et l’Union Minière fût bientôt en mesure de répondre aux demandes sans cesse croissantes des usines de munitions alliées. Mais avant cela, le Congo avait vécu des heures d’anxiété et de désarroi. Menacé d’être envahi par l’ennemi. La guerre avait surpris le Katanga en pleine période de croissance. Il réagit, en réorganisant ses méthodes et deux ans après, il avait fourni aux nations alliées des produits qui propulsèrent ses résultats. Qui eût pu admettre qu’en 1916 le commerce général aurait dépassé des dizaines de millions de francs. A la fin de l’année 1918, un effort exceptionnel est demandé aux mines et tout est mis en œuvre afin d’augmenter, sans cesse la production. Des nouveaux fours sont installés. Du matériel est commandé dont de nouvelles locomotives qui participent dans les mines.
Photo n° 10 _ Première locomotive « minière ».
De nouvelles installations sont construites dans les nouveaux sites
Photo n° 11 Usine de traitement à Lubumbashi
Certes, pendant ces années de guerre, le personnel continue à s’investir. Pendant cette période, il est découvert par le prospecteur Sharp la colline de Kasolo (1915), il s’agit d’une réserve d’uranium.
Au moment où s’achevait la première guerre mondiale, l’épidémie qu’on a appelé la grippe espagnole atteignit le Katanga. Ce fléau fut comme partout une catastrophe. Et cela va de soi, une cruelle épreuve pour le Katanga. L’année 1919 marquera incontestablement une période difficile pour le Katanga, au cours de laquelle il faut compter sur la répercussion économique en Europe. Mais aussi sur la baisse du franc qui entraîna de graves conséquences. De mai 1919 à mai 1920 le franc subit une dépréciation de 50%. En 1919 la production de cuivre atteint 23.000 tonnes. Dès 1920, des travaux importants sont mis en œuvre, en particulier, la construction d’un concentrateur. Reste, cependant, à trouver le meilleur moyen pour améliorer le rendement de la production du cuivre, le principe de lixiviation suivie d’électrolyse des minerais oxydés est retenu
Photo n°7 – Salle d’électrolyse
Le principe de lixiviation suivie d’électrolyse ou en d’autres termes, est la dissolution du cuivre dans l’acide sulfurique et sa précipitation à l’état métallique par électrolyse.
Dès 1921, le Haut Katanga minier, comptait 21.000 travailleurs, mais la crise posait d’énormes problèmes à la société. Fallait-il licencier et fermer les mines ou maintenir l’outil ? La dernière solution est retenue mais pour cela il fallait doubler la production, c’était la seule solution pour faire baisser les prix, et obtenir, ainsi, un prix de revient plus concurrentiel. Pour cela il fallait poursuivre les travaux de développement, de modernisation et principalement être prêt à produire encore plus dès que la situation se soit clarifiée. Mais tout dépend essentiellement de l’énergie et de la persévérance avec lesquelles le but sera poursuivi. Le tournant décisif est franchi en 1921.
L’électrolyse ainsi que certains engins mécaniques nécessitent du courant électrique, c’est pourquoi, il est construit plusieurs centrales hydroélectriques.
Photo n°8 – Barrage hydroélectrique de Delcommune
La ville de Likasi sort de terre vers 1920 et le seuil des 43.000 tonnes de cuivre est franchi en 1922, ainsi l’Union Minière occupe le premier rang parmi les producteurs de cuivre du monde. Pendant ce temps, à Likasi, un concentrateur d’une capacité de traitement de cent mille tonnes de minerais par mois, est mis en marche. Likasi deviendra Jadotville.
Les prospections et les sondages sont maintenus et ont révélés différents gisements. Deux ingénieurs ont été envoyés, au mois septembre 1922, à la frontière Rhodésienne, afin de vérifier si la mine de Kipushi, dont les sondages avait révélés des réserves de cuivre importantes, était bien dans les frontières du Katanga ? Elle se trouvait bien au Katanga, mais à 600 mètre de la frontière Rhodésienne ! Mais pour la retrouver, ils durent se hisser sur un arbre afin de découvrir l’horizon ! De ce perchoir ils aperçoivent une tâche dans la brousse, c’était les traces d’anciens travaux laisser par les autochtones. C’était un coin perdu, loin de tout village. C’était là ; l’une des plus riches mines de cuivre du monde (Kipushi).
Ci avant, il a été évoqué la mise en route de fours à coke. Ce coke était extrait et envoyé de la Rhodésie, ce qui pénalisait le prix de revient du cuivre. Mais des rapports de prospecteurs mentionnaient la présence de charbon au Katanga. Il fut décidé de relier ce site aux usines, par le rail. Dès la première année, de son existence, il est extrait de cette mine 30.000 tonnes de charbon et il est produit le double l’année suivante. Ainsi, partout et dans tous les domaines, la vitalité du Katanga s’était affirmée malgré le marasme mondiale Photo n° 12 Extraction du charbon
La période 1923-1929 est caractérisée par le développement des différents complexes industriels, mais aussi on intensifie la prospection de zones étain. Mais le fait le plus saillant de l’époque, est l’ouverture de la mine Kipushi. Pour augmenter ses performances d’extraction, on lui fournit les premières pelles électriques. Et en 1928, 4.500.000 tonnes de minerais sont extraites des mines à ciel ouvert.
Photo n° 13 Mine de cuivre à ciel ouvert et pelle électriques
Ensuite différents essais de mines souterraines sont expérimentés.
Les différents sites se développent, mais pour répondre à leurs consommations électriques, plusieurs barrages hydroélectriques sont mis en construction. Ils sont dénommés Francqui, Le Marinelle. Le transport du courant nécessite l’implantation de lignes à hautes tensions aériennes.
Au cours des années suivantes l’Union Minière s’engage dans une course à la modernisation. Tous les engins nécessaires sont commandés. Sans parler du cuivre, sachez que l’extraction du charbon passe de 57.000 tonnes 1923 à plus de 120.000 en 1930.
Cette réussite nécessite, d’autres investissements, tels que le bien être des ouvriers. La construction de maisons et hôpitaux est programmée. Des programmes de nouvelles aides aux autochtones sont établies.
La grande dépression et le redressement de 1930 à 1939. Le krach boursier de New York fit subir une perte importante aux matières premières. Tous les cours s’effondrent ! Mises en route, juste avant la crise, les nouvelles ressources de l’Union Minière en énergie électrique à bon marché lui permirent de comprimer les prix de revient de ses productions. Les stocks mondiaux de cuivre, étaient de 400.000 tonnes en 1930, de 600.000 en 1931 et de 700.000 tonnes à la fin de 1932. Malgré ses prix performants, l’U.M. subit la crise, il n’y a pour ainsi dire pas d’acheteurs. L’ UM ralenti son exploitation et ferme certaines mines. Sa production est en 1930 de 120.000 tonnes de cuivre et ne sera plus que de 54.000 tonnes en 1932. Les répercussions de cette situation dramatique frappèrent le Katanga tout entier. Mais malgré tout, il ne désespérait pas, il songeait à l’avenir et le préparait ! Bien au contraire, il redouble d’énergie au travail, il ne cesse, ni d’espérer, ni d’entreprendre. C’est ainsi que la mine de Kolwezi est mise en chantier et ouverte à l’exploitation. Dès lors, ayant reçu du matériel performant,Kolwezi, réalise des extractions et fusions importantes.
Photo n° 14 Fondeur, Photo n° 15 Parc à cuivre – Lingots de cuivre
MGM

Extrait du livre « Union Minière du Haut Katanga de 1906 à 1956 » (édition L. Cuypers /Bruxelles

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