"Il était une treizième fois" à Stavelot

écrit par Anonyme (non vérifié)
le 27/08/2009

Pour sa treizième édition du Festival du Conte et de la Légende, Stavelot s’était vêtue ce week- end des 21- 22 et 23 août de son costume ensoleillé. Un programme au rayonnement riche et varié pour illustrer la thématique de cette année : « De tout et de rien ». Pour commencer les festivités, Marc Delacroix - directeur artistique et fondateur de ce festival avec Albert Moxhet et Christiane Lemaire - mettait en scène les perturbables voix des Evangiles. De la période pré- natale du fils de Dieu - euh mea culpa : il s’agira cette fois…d’une fille ! - l’auteur, Richard Villers, journaliste correspondant au journal La Meuse, écaille le vernis des Saintes écritures, du récit de l’Annonciation et de la Nativité. Une direction d’acteur pour un jeu généreux des comédiens, la scénographie inventive de Valérie Robin et les dessins iconographiques de Jean Lequeu, « Est-ce bien raisonnable ? » est un travail collectif qui se joue des paroles éternelles et immuables ! L’auteur nous annonce un prochain texte théâtral pour le prochain festival.
Le samedi soir, étonnante combinaison de deux artistes : Thomas Delvaux et, en seconde partie, Michèle Nguyen. Pour le jeune humoriste liégeois, la scène est un véritable trampoline à rebondissements. « Il était une fois » réinvente le conteur, et le public d’entonner « papam », annonçant le défilé des personnages déjantés de « Bonhécourt » : le héros , maniaco-dépressif à tendance suicidaire, la princesse rayon de soleil et grandiveuse en attente du premier baiser, l’ogre redoutable, le chêne bruissant venu de la forêt du public. « Où est le bonheur? », nous demande le conteur dans les premières minutes…dans cette rencontre-là entre la scène et les premiers rangs qui s’étendent jusqu’aux derniers ! Pour nous emmener doucement et sereinement aux portes de la nuit étoilée, Michèle Nguyen a choisi de nous bercer des histoires de ses douze ans de carrière. Parce que la gravité est aussi légère que le souffle du frisson, « c’était au tout tout tout début » danse la conteuse en mots, en silence, en subtilité d’émotion et d’humour. Présence tout à la fois tissée de force et de grâce, Michèle Nguyen partage avec une telle humanité son univers où se relient le quotidien et la banalité avec les mythes et la poésie. Et chez elle, tout participe du même monde, celui de l’enlacement de notre petit ici-bas avec le septième ciel des étoiles, « celles qui reçoivent un nom scientifique et un nom secret ».
Dimanche, tout commence par la classique institution de la balade contée. Aux détours des chemins de promenade, le public découvre la nature environnante de Stavelot, agrémentée des paroles de trois conteurs. Au retour, une étrange caravane nous attend. Pour son vingtième anniversaire, la compagnie des Chemins de Terre a décidé d’ouvrir sa caravane d’Ali Baba et de nous présenter son musée de la vie itinérante, musée de la vie des forains et des saltimbanques. Un réel morceau de vie par la magie loufoque de ses décors, accessoires et costumes, commentés par un guide particulier : une comédienne de la capitale ! Il suffit de traverser la rue pour se rendre sur les bancs du professeur Richard. A vos livres : Shakespeare est revisité… Hamlet sous la forme de marionnettes- objets : des croquettes de poisson, Roméo et Juliette par celle de gants et Richard III par un rôti de porc haché en pièces se disputant la couronne d’Angleterre ! Petits et grands savourent cette comédie charcutière où se déploie l’incroyable talent de Stéphane Georis. Le grand Shakespeare sous sa terre doit en frémir de plaisir…
Et Stéphane Georis lui-même de préciser ce qui selon lui fait la particularité de ce festival du conte et de la légende de Stavelot : « il s’adresse à un tout public, on peut y venir en famille pour un prix démocratique, et pour les comédiens, leur ton confidentiel se glisse dans l’oreille des spectateurs. »
Sans oublier : un spectacle pour les tout petits et les autres, la classique institution des apéros – contes, propre à Stavelot, ainsi qu’un stage résidentiel de « lectures à haute voix » pour adultes, animé par une comédienne française, Caroline Girard : deux moments destinés à ce que tout un chacun exprime son âme de conteur.
Le Festival de Stavelot a, grâce à son équipe et au soutien du Centre Culturel de Stavelot à « il était une fois de plus », donné lettres et voix de noblesse au conte !

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