Sous les sapins de Malmédy, Stavelot et Trois- Ponts…

écrit par Anonyme (non vérifié)
le 03/01/2010

Les 28, 29 et 30 décembre, quelques jours après Noël, de beaux cadeaux restaient encore à recevoir sous les sapins ! En effet le Centre culturel de Stavelot, l’Espace culturel de Trois- Ponts, l’asbl Options de Malmédy et la bibliothèque du Centre culturel de Waimes s’associaient ensemble au Père Noël pour l’opération « Noël au théâtre » qui a proposé des spectacles pour petits et grands dans une ambiance familiale, pour la démocratique somme de 5 euros.

Ovifat, Salle des Barassociés, lundi 28 décembre 2009, Jour J +3 :
Le théâtre Oz lançait les festivités théâtrales avec « Fenêtres », que je n’ai pu voir. Voici ce que le communiqué de presse en annonçait :
« La fenêtre de Gérard, celle de Fred, celle d’Inès, celle de Zazou, de Mme Tran, de Grand-Mère, de Raoul et de Naima,… Celle d’en haut, celle d’en bas… Camille veut voir, regarder à l’intérieur, se glisser, entrevoir des bouts d’histoire… Le spectacle Fenêtres est une invitation par-delà les châssis dans les deux sens du battant : regardez ce grand monde qui palpite, qui discute, qui tonitrue, qui aime ! Ecoutez ce petit monde qui chuchote, qui chante, qui se tait ! Dès 3 ans. »
Abbaye de Stavelot, mardi 29 décembre 2009, Jour J + 4 :
Assis sur les bancs, assis sur les coussins, on est bien.
La lumière s’éteint, fait tout noir, même pas peur : l’accordéon joue, on est bien, ça commence ! Les Histoires d’Anna du théâtre d’Oz dans une mise en scène de Denise Yerlès.
C’est tout simple la scène : un couple, un homme et une femme, ils sont gais !elle a un léger accent d’un ailleurs, on est obligé de tendre l’oreille, la bonne comme on dit, celle de la compréhension et alors c’est parti…et eux aussi : le couple il sort, il va dehors le soir alors évidemment comm’y’a des enfants y’a Anna : elle les garde les enfants, on dirait qu’elle garde aussi les portes de la nuit parce qu’elle raconte des histoires, accompagnées par les sons de l’accordéon. Lucille, la petite fille, au début elle boude : y’a son frère, y’a une araignée au sol, y’a se brosser les dents…pfffff !
Zut et aie, moi spectatrice adulte je n’avais pas prévu…ma voisine non plus, la Cathy, elle me chuchote que « va falloir se concentrer ». C’est des histoires avec plein de mots ! Je me retourne et je rigole vraiment dedans : y’a au moins autant de grands que de petits sur les bancs ! ça me soulage presque parce que je me disais ( tout comme Georges, un voisin, à l’entrée qui chuchote à nos oreilles… -heureusement que les autres entendent pas ce serait la gêne quoi !- : « savez que c’est pour les enfants ?! ») :
Heureusement que je suis journaliste (hum hum) parce que être assise sur des coussins d’enfants à regarder un spectacle pour enfants…c’est quoi le sens ?!
?!
( et vraiment la question, je me la pose, sur les genoux et dans la tête : c’est là le siège de la pensée dit- on !)
Et bien le sens il est là sur scène dans la présence de ce duo : Elle- Zosia Ladomirska- tellement de grâce dans la gestuelle et les mouvements, Elle joue (1°) cette mère si pétillante d’envie de vivre, d’être femme, d’être mère et puis de combiner les deux, et (2°)l’autre personnage : la nounou, cette Anna qui profite de chaque résistance de l’enfant Lucille qu’elle garde en l’absence de ses parents pour inventer une histoire, pour raconter une mémoire. Et Lui- Didier Laloy-tellement l’envie de prendre soin des humains- que tout finisse bien !- et d’apporter l’énergie diatonique de son instrument pour nous dépoussiérer les frilosités hivernales, lui Il joue (1°)ce père si ludique à partager les envies de vivre de son épouse et (2°) le complice de la nounou qui voudrait que les nuits soient douces, alors il berce avec les notes d’accordéon. « Contes musicaux pour petites et grandes oreilles » prévient la carte postale de présentation. Et je me surprends à programmer un spectacle pour enfants chaque année pour me rappeler que le monde commence avec des histoires pour adoucir les nuits et les noirceurs et les peurs, et qu’une histoire on peut la changer, tourner les aiguilles de la lune et revenir en arrière pour que tout s’achève bien, et qu’alors on a la droit de se tromper tout comme la petite fille qui veut se débarrasser de son petit frère, qu’on peut s’en rendre compte et réessayer et recommencer. Et qu’après plus tard quand on devient grand, les histoires du monde on les bâtit, on participe à cette aventure de construction- là, qui sera peut- être l’écho des histoires de la scène de quand on était petit… Adil, 6 ans accompagné de Louise, à qui je pose la question de ce qu’ils ont aimé me parlent de l’araignée, celle qui va tisser les petites chaussures pour protéger les pieds trop fragiles, celle qui raconte autre chose que la peur et le cri quand on l’aperçoit avant de l’écraser. Adil et Louise, ils ont adoré, et leur petit voisin vraisemblablement aussi, puisque il est tombé à la renverse de son coussin tellement il participe de sa voix et de ses réflexions! Et les grands enfants aux grandes oreilles, comme Erika, leur grand- mère, ils en pensent quoi eux ? Erika souligne le sens profond des histoires qui l’a touchée , elle admire les comédiens qui se glissent dans la peaux des autres et qui ont cette capacité à se transformer.
Je rencontre après la représentation les deux comédiens complices. Zosia pétille du sourire en me présentant la compagnie « Le théâtre d’Oz » : « comme le magicien » dit-elle. Ce spectacle est d’autre part une histoire et une alliance de famille puisque l’auteure et compositrice des musiques est la tante de Didier Laloy, ici non seulement musicien mais également comédien. Le voici aussi sautillant au jeu qu’à l’accordéon. Je lui pose la question de savoir la différence qu’il y a pour lui à jouer de son instrument diatonique en concert ou en spectacle de théâtre. Sa réponse me surprend : « Aucune différence, il n’y a aucune différence parce que en concert, je me mets dans un personnage. Par exemple avec Marka je m’inspire de lui et je suis ce personnage- là. »
Trois- Ponts, mercredi 30 décembre, Jour J + 5 :
Deux petites maisons, côte à côte, des voisins, « bonjour voisin, bonjour voisine ! » La femme, le mari et le poisson par la compagnie Arts et couleurs dans une mise en scène de Martine Godard. Y’a de l’amour dans l’air : Lily et Jacky. Tout sourire l’un pour l’autre sauf que Jacky par maladresse il fait mal à Lily, il la cabosse et par gentillesse il redresse Lily, une brosse sous le bras, un bandage autour du crâne, que la voilà plus sourire du tout Lily la voilà fâchée comme tout ! Et vas-y que j’te sépare les deux maisons d’une vilaine haie, que j’te découpe les pointes des chaussettes qui sèchent sur le fil entre les toits des maisons, que j’te bousille ton calme par le vrombissement à la télé d’un grand prix de formule 1, que j’t’envole mes vieilles brosses par-dessus la vilaine haie, que j’te vole ton poisson rouge, et j’en passe et des pires plus méchantes encore!
Au départ d’une maladresse une guerre de voisinage éclate qui gronde, enfle et gonfle. On en rit de ces inventions folles pour blesser l’autre et se venger de ses bêtises. On rit beaucoup et puis on se dit z’aussi que ça ressemble drôlement à du déjà vu, déjà entendu, déjà vécu dans nos petits villages de grande campagne ardennaise! Alors on rit moins, on réfléchit et on soupire de découragement quand Jacky il met la clé sous le paillasson et l’affichette « A vendre » sur la porte et quand Lily pleure de chaudes larmes qui ébouillanteraient le pauvre poisson dérobé. Heureusement comme le dit Louise « il y a la fin », qu’elle aime bien, parce que ça finit bien, et qu’ils dansent Lily et Jacky…et plus que ça, y’a de l’amour dans l’air de nouveau. Quant à Julien, lui, c’est le début qu’il trouve tellement rigolo, les bobos que Jacky fait à Lily et comment il la fait tenir debout après, toute rafistolée-olé ! Le fou rire qui secoue la salle, c’est Charly ! Le lancer, vol plané des objets chez le voisin, au-dessus de la vilaine haie, lui ça le fait déverser des fous rires de joie. Et Christiane sa grand- mère ajoute qu’elle apprécie la qualité visuelle du spectacle animé de gags. C’est une bulle de couleurs et de mouvements. Elle a aimé réentendre la voix et la chanson de Luis Mariano. La maman, Régine, souligne l’inventivité des décors.
Les petits spectateurs dégustent des gaufres et boivent un chocolat offerts après le spectacle. Puis ils quittent les lieux avec de la joie et des yeux pétillants. Je pense que le soir venu on en parlait encore des différents spectacles, avant d’aller dormir et de rêver peut- être à tous ces personnages. Comme Zoé que j’ai vue à Stavelot et revue à Trois- Ponts ; « elle avait tellement aimé qu’elle revenait croyant revoir le même spectacle ! » me dit sa maman. Elle a adoré celui-ci aussi. Déjà l’équipe des comédiens : Pierre Lafleur et Yannick Duret ainsi que leur régisseur, aidés par les régisseurs du Centre culturel de Trois- Ponts démontent les éléments du décor, rangent les accessoires et costumes. Ils me disent l’encouragement de recevoir le plaisir et le bonheur riant du public très participatif ce jour- là. Contrairement à la dernière représentation, pour des programmateurs et acheteurs venus de France. Comme le dit si bien Pierre Lafleur il y a un petit quelque chose de typiquement belge dans cet univers- là, dans cet absurde et ce visuel- là, qui ne correspond peut- être pas à l’intérêt du texte et de la langue pour un public français. Décidément deux cultures proches mais différentes…comme les deux petites maisons du spectacle. Vraiment les deux comédiens y croient à leur « bijou », le spectacle a été présenté cet été à la sélection du Festival de Huy et l’accueil était au rendez- vous. Alors…
Bonne route à tous les artistes et aux histoires qu’ils racontent et jouent, et que ce soit Noël le plus souvent possible pour le bonheur des spectateurs !
M.V

1838 lectures