Jean d'Anonyme suite : une statue sauvagement déposée dans le parc de Bruxelles

écrit par Anonyme (non vérifié)
le 05/05/2010

De retour dans les Ardennes, bredouille, je consulte à tout hasard l’écran de l’ordinateur. Un message explicatif de l’engagement et de l’action bruxelloise de Jean d’Anonyme puis de son enlèvement accompagné d’images me sont envoyés : « Jean d’Anonyme : une statue de l’Hystéro-Collectif sauvagement déposée dans le Parc Royal de Bruxelles. »
« AUJOURD’HUI
Jeudi 21 avril 2010, le premier ministre rend pour la 5ième fois sa démission. Surréaliste. Belge. Le pays plonge à nouveau dans une crise de régime, l'Etat vacille. Sa Majesté temporise, normal, le roi veut consulter et réfléchir avant d'accepter ou refuser l'acte d'Yves
Leterme. C'est un sacré dilemne pour lequel chacune des options aura
des conséquences néfastes. Il a une semaine.
Pendant cette semaine de latence, quand tout est possible entre le
mauvais et le pire, Jean d'Anonyme ne s'en interroge que davantage.
Qu'est-ce qui se passe en définitive avec ce pouvoir politique qui,
pense-t-il, l'a déjà désavoué? Serait-il donc possible – il l'a lu et
entendu – que ce pays pour lequel il travaille se déchire? Serait-ce là
un fruit de son labeur? Il ne peut pas le croire. Or il est prêt pour
sa nouvelle mission. Où? L'endroit s'impose: devant le 16 rue le la Loi
à Bruxelles, où se votent ces dossiers qui lui échappent.Quand? Tout de suite, au coeur du questionnement. C'est donc à partir des ateliers Mommen, pas loin, que la bande d'artistes va amener à pied, simplement, notre bon bureaucrate en plâtre pour le poser face au Parlement fédéral. Nous sommes le samedi 23 avril, il fait beau, et le bonhomme en plâtre
trouve sa place au soleil en fin de matinée parmi les statues en pierre
blanche qui pullulent dans le Parc Royal. De nombreux passants
s'arrêtent, prennent des photos, s'amusent, l'ambiance est gaie.
De l'autre côté de la rue, au-delà de la grille, c'est justement la
« journée des langues »: les portes du Parlement sont ouvertes au
public et les badauds affluent. Tout semble si serein, qui pourrait se
douter que le bâtiment en face de lui puisse être porteur, ces jours-ci,
des débats d'un Etat en crise, d'un malaise?
Trois heures s'écoulent, douces.
Une voiture de police vient s'arrêter aux pieds de la statue.
Deux uniformes sortent et expliquent: vous êtes ici en zone neutre.
Aucun message politique dans les alentours du Parlement! Pas de
démonstrations, pas de revendications, pas de manifestations… Mais
c'est une action artistique, leur répond-on. Un des deux agents entre en communication avec son service... Quelques
secondes s'écoulent... Non, reprend l'homme à l'oreillette, il y a un
message politique derrière cette statue (derrière la statue, seule une
fontaine giclait).
Mais, répète-t-on, il n'y a pas de message, il n'y a que des questions.
C'est une démarche ar-tis-tique. Rien à faire, Jean d'Anonyme est prié
d'aller s'interroger et interroger ailleurs. Les artistes le ramènent
aux ateliers Mommen. Jean d'Anonyme est quand même habité d'un
sentiment d'injustice car il pense bien avoir le droit de s'interroger
où il veut. Ne travaille-t-on pas pour un pays où l'on puisse
s'exprimer justement? »
Vous trouverez toute l'histoire du périple de Jean le démissionnaire sur :
http://artrueasbl.weebly.com/jean-danonyme.html
M.V
(remerciement à Luc Broché)

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