Assainissement dans une île du Pacifique Sud

écrit par Gallix.Lardennois
le 30/05/2011
Vue du large et des iles en face du bureau d'urbanisme de Nuku'alofa

Reportage sur un pays lointain du Sud de l'Océan Pacifique où je conseille le bureau d'urbanisme de la capitale.

Description sommaire de l'endroit

Ce pays s’appelle Tonga, c’est un petit royaume, le plus ancien du Pacifique, étalé dans un archipel de 150 îles, sur plus de 1000 km entre le Tropique du Capricorne et l’Equateur. Il se trouve sur la Ceinture de Feu du Pacifique, un alignement de volcans qui part de la Nouvelle Zélande et remonte au nord-ouest vers l’Indonésie et le Japon, repart vers l’est sur les îles Aléoutiennes, et redescend vers le sud sur la côte américaine du Pacifique, du nord au sud. Donc ces îles sont donc aussi secouées périodiquement par des tsunamis, des cyclones, des éruptions volcaniques et des tremblements de terre. Seule une cinquantaine d’îles sont peuplées, en tout il y a environ 120.000 Tonguiens. Presque tous vivent sur la plus grande île, tout au sud, appelée Tongatapu, et le quart de la population est à Niku’alofa, la capitale. Le régime politique est une royauté constitutionnelle, mais en fait le roi a encore un pouvoir absolu, et il délègue des nobles pour tenir les ministères et peupler le parlement – qui contient aussi 50 % de roturiers.

Les habitants, leurs habitudes alimenatires, les plaisirs locaux et les vahinés

Les habitants de Tonga, que le capitaine Cook avait appelé « friendly islands » (les îles amicales) lors de son premier passage dans la zone, sont extrêmement aimables et gentils. Quand on passe dans la rue, il saluent de la main, même les gens qu’ils ne connaissent pas. La criminalité, à Tonga, doit faire un crime de sang tous les cinq ans, en général un crime passionnel perpétré par une épouse ou un mari jaloux. La passion des Tonguiens, c’est de s’empiffrer avec tout ce qu’ils trouvent. Leur principale source d’alimentations, sont les racines grossières du même genre qu’en Afrique Centrale (tarot, igname, manioc, patate douce) et des bananes-légumes (les bananes plantains). Comme ils mangent beaucoup, ils se sont alourdis, et ils ne pêchent presque plus, bien que l’Océan autour d’eux regorge de poissons et de crustacés, de très gros calibres : les huîtres pèsent deux ou trois kilos, les crabes une dizaine de kilos et les langoustes aussi. Comme ils ne pêchent presque plus, les prix du poisson sont devenus prohibitifs, et suite à cela, les principales protéines de l’alimentation quotidienne des Tonguiens ordinaires viennent de boîtes de conserves produites en Australie ou en Nouvelle Zélande, principalement du corned beef, de la dinde ou du jambon en boîte. Cette alimentation est extrêmement malsaine, car, en sus du bisphénol qui garnit la paroi intérieure des boîtes de conserves et dérègle donc l’équilibre des hormones de croissance de ceux qui se servent de cet emballage, divers additifs chimiques destinés à colorer, conserver le contenu et lui donner de la consistance et du goût, entraînent des problèmes cardio-vasculaires et du diabète et provoquent une surpondération générale de toute la population : 95 % de la population de Tonga est obèse, il n’y a que les petites filles qui n’ont pas encore gonflé qui soient présentables. Le résultat est que la majeure partie des décès est due à des accidents cardio-vasculaires.
Cette surpondération ne les empêche pas de se frotter beaucoup le lard, mais le déséquilibre hormonal empêche une surpopulation telle qu’on la connaît dans de nombreux pays du Tiers-Monde où l’on se frotte aussi gaiement le lard dès qu’une panne de courant empêche de se remplir la tête de propagande télévisée. Comme la croissance démographique est très modérée, les professionnels du terrorisme international de santé de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) ne leur ont pas encore trouvé de SIDA, car ici il ne servirait à rien.
La surpondération est aussi amplifiée par l’usage intensif de boissons sucrées en cannettes (toujours tapissées intérieurement de bisphénol) et tous ces emballages sont jetés au hasard des rues, des lagunes et des plages de l’île, avec les sacs et meubles cassés en plastique, les vieux pneus, les innombrables carcasses de voitures ou de bateaux en train de rouiller dans le même environnement. Et ce que l’on ne voit pas : les vieilles piles, par exemple, qui diffusent les métaux lourds dans toutes les lagunes.

La situation de santé des îles n’est pas des meilleures

Mais cela ne dérange point les mêmes experts médicaux internationaux, puisque la principale préoccupation des organisations onusiennes chargées de la santé, soit l’OMS, l’UNICEF, le FNUAP (Fonds des Nations-Unies pour la Population), le PNUD (Programme de Nations-Unies pour le Développement), l’ONUSIDA, l’UNIFEM (organisation des Nations-Unies pour entraver la fertilité des femmes), etc., c’est d’endiguer la natalité du Tiers-monde. Donc ils ne se préoccupent pas des maladies cardio-vasculaires qui ravagent les îles, ni des autres endémies : ils sont simplement absents du Pacifique, sauf lorsqu’il s’agit de faire des recensements de population qui les rassurent.

Que faire de positif dans cette galère qui a l’air si peu ragoûtante ?

Moi-même, bien sûr je n’aime pas trop me trouver dans ce genre d’environnement, je préfère les femmes minces aux gros tas graisseux trop difficiles à manipuler, et les curry de crustacés aux corned-beef, mais j’ai les moyens de m’acheter des kilos de poisson frais tous les jours, et je me suis arrangé pour vivre à quinze km de la ville avec le vent du large balayant la façade de la maison où j’habite.
Mon expérience professionnelle depuis environ trente ans concerne ce que l’on appelle aujourd’hui « la santé environnementale », soit la fourniture d’eau potable, l’évacuation des eaux usées, et l’installation de pratiques hygiéniques dans les campagnes et les agglomérations du Tiers-Monde. Ainsi je suis allé pendant toutes ces années planifier l’installation de puits et pompes d’eau potable, de réseaux d’eau potables, de réseaux d’assainissement, de systèmes de collecte, de recyclage et d’entreposage de déchets solides, dans de nombreuses campagnes et villes de divers pays d’Afrique (Congo, Malawi, Soudan, Angola, Bénin, Côte d’Ivoire, Algérie), d’Amérique Latine (Brésil du Nordeste, Mexique, Salvador, Haïti) et d’Asie (Inde, Sri-Lanka, Thaïlande, Cambodge, Laos). Je me suis aussi occupé de questions plus générales, du genre juridique, politique et de gouvernance, et des problèmes plus généraux des réfugiés (les vrais réfugiés victimes de la guerre et déplacés en masse par les guerres menées par les puissances occidentales sur les champs de matières premières, pas les pseudo-réfugiés économiques du genre qui émargent systématiquement aux CPAS belges.)
C’est à ce titre que j’ai été recruté par un bureau d’études belge, financé par la Commission Européenne, pour m’occuper des problèmes environnementaux de l’île de Tongatapu.
Le gros problème de cette île est que la ville de Nuku’alofa est presque totalement plate, il y a un sommet à 25 m au-dessus du niveau de la mer, qui a été réduit pratiquement à 5 m par l’enlèvement du sol qui sert à remblayer d’autres parties loties de la ville. Une bonne partie de la ville a en plus été bâtie sur des lagunes, où les voiries d’accès ont bloqué l’évacuation naturelle des excédents d’eau pluviale vers la mer. Ces voiries ne sont pas drainées, et la stagnation des eaux provoque évidemment de nombreux problèmes de santé (les maladies dites hydriques.) Tout cela est aggravé par un système absurde d’évacuation des excreta. Depuis toujours, le plan d’assainissement de la ville consiste à obliger les constructeurs de maison à installer une fosse septique dans leur parcelle, dont le trop-plein est envoyé dans une fosse d’infiltration sur la même parcelle. Comme la nappe phréatique d’eau douce est très proche de la superficie, on a donc une contamination de celle-ci par les excreta. Le plan initial du projet de la CE était de construire encore plus de fosses septiques, mais dès que j’ai eu ce dossier en main, j’ai décidé d’en finir avec cette absurdité, et de créer un réseau d’égouts, qui serait traité par lagunage naturel (je vais utiliser une technique mise au point en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest par la FUL d’Arlon.)
Je travaille au bureau central d’urbanisme de la ville de Nuku’alofa, qui a pour ambition de prendre en main toute la planification de la construction des structures publiques et privées de la ville, un vaste programme, qui va devoir lutter politiquement avec des habitudes de laisser-faire chaotique. On a, par exemple, actuellement, trois projets de voiries en construction, l’un financé par la Banque Mondiale sous le Ministère de l’Environnement, l’autre financé par la Chine sous le Ministère des Travaux Publics, le troisièmes financé par l’ADB (Asian Development Bank) sous la Primature : les trois projets sans coordination, certains éléments construits sans étude topographique préalable, et toutes ces voiries sans drainage, donc provoquant partout de plus fortes stagnations d’eau dans les quartiers desservis…

Culture traditionnelle et habitudes des Tonguiens

Les Tonguiens, c’est remarquable, s’habillent tous de façon traditionnelle : adultes comme enfants, hommes comme femmes sont vêtus de pagnes de coton, noirs pour les adultes, colorés pour les enfants et adolescents, recouverts de tissus en paille et en raffia autour de la ceinture. Leurs croyances : je n’en ai pas vu d’originale, il y a partout des églises chrétiennes, baptistes, adventistes, congrégationalistes, catholiques, mormones, wesleyennes, anglicanes, et une seule originale, un groupement baha’i. Ces églises ont marqué profondément la vie de l’île, car les Tonguiens croient dur comme fer qu’ils descendent d’une des douze tribus d’Israël, et qu’à ce titre ils doivent obéir à la lettre aux dix commandements mosaïques, et principalement au quatrième. Ainsi, le dimanche, l’île est morte, ils n’ont même pas le droit d’aller se baigner à la plage, car ce serait violer le quatrième commandement. Ils ne se gênent pas cependant pour violer le premier commandement (ils adorent en fait la bouffe), le troisième (parjures), le septième (adultères), le huitième (vols) et le dixième (convoitises) toute la semaine et peut-être aussi plus le dimanche. Ils ne se gênent pas non plus, malgré l’interdiction faite par Yahwe, pour picoler et manger du porc, que ce soit le dimanche ou la semaine. Le dimanche, par imitation du judaïsme, s’appelle en tonguien sabate (bien que le sabbat juif tombe un samedi). Et, s’il est interdit de lever le petit doigt le dimanche, il est permis cependant de brûler toutes les ordures et tous les détritus possibles ce jour-là : donc, le jour du Seigneur, la ville empeste la dioxine et les autres fumées délétères…

  • Vue du large et des iles en face du bureau d'urbanisme de Nuku'alofa
  • Lotissement insalubre sur la lagune de Nuku'alofa
  • Les vahines vous accueillent dans leur costume de paille
  • Les vahines se tremoussent le popotin
  • Les vahines chantent sur le mode gregorien
  • Les vahines vous invitent dans leur hutte
  • Eruption de volcan sous-marin
  • Eruption volcanique sous-marine
  • Eruption volcanique sous-marine
  • Eruption volcanique sur un atoll de Vava'u
  • Eruption volcanique sur un atoll de Vava'u
  • Atoll de Vava'u
  • Atoll et volcan de Niu'a
  • Ile pres de Tongapatu
  • Les plages paradisiaques de Tonga
  • Ls plages de Tonga
  • Plage sans vahines
  • Coquillages geants du Pacifique
  • Couronnement du roi de Tonga
  • Les baleines de Tonga
  • Les baleines de Tonga
  • Les baleines de Tonga
  • Les baleines de Tonga
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Gallix.Lardennois