Prolongation de l’exposition SOS Planète à Liège

le 28/11/2011
Notre Planete

Prologue : Retour à la case départ : exposition SOS Planète à Liège dans l’enceinte de la gare des Guillemins. Prolongée jusqu’au 8 janvier de l’année prochaine. Urgent donc-à plus d’un titre( !)- d’aller ressentir cet électrochoc : le réchauffement climatique actuel n’a rien de comparable avec les précédents, de par sa nature, sa vitesse et son ampleur. Réalisée par l’ASBL « Europa 50 » et mise en œuvre par « Collections et patrimoines » l’exposition a été élaborée sur base des rapports du GIEC, le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’évolution du Climat, créé en 1988 qui étudie la situation du réchauffement climatique et tente de cibler les efforts à fournir ; le GIEC a obtenu le prix Nobel de la Paix en 2007, conjointement avec Al Gore. Véritable parcours- grandeur nature- de sensibilisation et de compréhension auquel le visiteur est convié . Depuis le 4 septembre 2010, 220.000 visiteurs dont 100.000 jeunes ont répondu à cet appel- signal d’alarme. Depuis le début de cette année scolaire 25.000 jeunes ont fait école buissonnière dans l’antre de cette exposition. Il me semble que je pourrais écrire un roman fleuve( !) tant mes visites furent nombreuses…C’est que la déambulation à travers l’exposition est d’une densité incroyable. Elle m’a demandé de laisser infuser et digérer les éléments d’une information pesée, consciencieuse et grave. D’absorber aussi le projet sensoriel mis en place par une scénographie judicieuse, ludique et cristallisatrice. Il est vrai l’exposition ne s’adresse pas à l’intellect seulement, tout le corps et les sens sont mis en émoi. Ce lundi 21 novembre, fin de matinée, le territoire est désert. Il me semble cette fois entrer dans un souterrain, une grotte. Avec humilité, invitée par la phrase de Sitting Bull : « La Terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre. » Quelque chose se dépose de nos agitations dès cette entrée. Un audio guide nous est donné comme accompagnateur. Au deuxième pas dans le labyrinthe de l’exposition une règle du jeu-recommandation- est inscrite : « Toi qui entres dans cette exposition, pose tes pas dans ceux de l’humanité. Marche à la conquête du savoir comme l’Homme depuis la nuit des Temps. Comme lui, observe la planète. Comme lui, tremble devant les menaces. Comme lui, réfléchis à ton avenir. Comme lui, agis et trace un nouveau chemin. » L’écrit sur les panneaux explicatifs et l’oralité de l’audio guide renforcent par leur présence conjuguée l’impact sur le spectateur. L’extrême intelligence de cette exposition conçue comme une active promenade au cœur de notre planète, de son histoire- évolution met réellement en mouvement quelque chose à l’intérieur de soi. Le parcours est échelonné en quatre volets : Observer/S’alarmer/Réfléchir/Agir qui impulse rien moins qu’une secousse, un réveil et un élan vers le futur, porteur de solutions inventives et citoyennes. A suivre en épisodes : article fleuve pour changements climatiques : SOS Planète !

Episode 1 : OBSERVER- J’arrive dans une clairière : au centre d’un kaléidoscope d’images d’une beauté absolue- faune, flore, sites naturels. Ecarquiller ses regards sur les multiples facettes du joyau qu’est notre planète. M’est apparu tout à coup que l’homme est absent de ces multiples images et couleurs. Retourner dans le passé… monde intouché, non encore atteint par l’empreinte de l’homme. Me voici devenue premier homme mettant pied à/sur terre !
« Les variations du climat au fil du temps sont liées à l’activité solaire, à la position de la terre par rapport au soleil, à l’atmosphère et à la dérives des continents » me rappelle mon guide invisible.
Un calendrier compact, densité comme celle d’un œuf en devenir : une année représente les 4,6 milliards d’année de l’histoire de la terre, des stromatolites aux premiers hommes. Face à cette ligne accélérée du Temps, une longue vitrine regorge de fossiles, de roches, supports de dessins- empreintes de végétaux, témoins de la formation de la terre, de l’apparition des espèces. J’admire les formes : monticules, spirales, corolles, pointes…
J’ai accompagné lors d’une visite une école, un groupe de jeunes enfants. L’un d’eux du doigt pointe une masse « C’est quoi ? « me demande-t-il. Je lis la plaquette : « Une vertèbre de baleine. » Nos yeux à tous eux s’arrondissent d’étonnement.
Notre histoire, celle de l’humanité est une alternance de périodes glaciaires et interglaciaires causées par les variations de l’ensoleillement. Les différentes orientations du soleil et de la terre ont donné naissance à ces différents cycles. Les changements climatiques ont donc toujours eu lieu. Ce qui caractérise notre époque- et rend périlleux notre avenir- c’est la rapidité de ces changements. La température moyenne à la surface de la terre a augmenté de 0, 8 degrés depuis la deuxième moitié du dix- neuvième siècle. Le niveau moyen de la mer s’est élevé de 10 à 20 cm au vingtième siècle. Vertige et précision des chiffres.
Je poursuis le chemin et suis la flèche du sens de la visite : « Un petit homme au bout d’un long chemin. » Et le voici l’Homme- sur notre calendrier spectaculaire, nous sommes le 31 décembre à 23h59 et 3 secondes. C’est une véritable révolution que la période néolithique, caractérisée par l’agriculture et l’élevage, elle mènera à la formation de sociétés complexes. Il s’agit là du début d’un long processus qui a débouché sur la situation actuelle.
Réapparaissent alors derrière des vitres hautes de grandes civilisations éphémères : l’Empire Khmer, la civilisation Maya et d’autres, au travers de leurs vestiges : statues en bois sculptées, poteries, effigies et œuvres d’art. Dans la solitude de cette salle je frissonne soudain, comme entourée de présences invisibles. Je me retourne : je suis face à une statue de l’Ile de Pâques- les Moäis. Je me rassure : je suis bien la seule visiteuse humaine de ce lundi de fin de matinée… entourée de grandes civilisations disparues. Je suis être posé là, être d’une civilisation vulnérable au même titre que les autres. Suis- je membre d’une espèce en voie d’extinction, de disparition ? Je pose les yeux sur le tableau de Bruegel « Paysage hivernal », je reviens de manière tangible à ce qui nous concerne dans cette visite : le climat.
Je traverse une galerie apocalyptique, un chantier barricadé d’écrans de télévision diffusant une profusion d’images de catastrophes liées au réchauffement climatique actuel. Au bout du couloir, alors que j’accompagnais les enfants- visiteurs, un petit garçon a exprimé par ses pleurs l’état de désarroi total dans lequel je me sentais moi- même plongée et matraquée. Que j’aurais aimé qu’une voix adulte et amie- guide le rassure et lui dise que cette traversée n’est pas sans fin, qu’au-delà il y aura une accalmie, un champs de possibles et de propositions à explorer et mettre en action pour que se taisent les rumeurs de la montée des eaux, de la fonte des glaciers, des incendies…
Episode 2 : S’ALARMER- « C’est quand le puits se tarit que nous nous rendons compte de la valeur de l’eau » (Benjamin Franklin)- Décors de glace et de froideur qui s’amenuisent, pour symboliser les catastrophes imaginables à long terme . Je parcours un tunnel de glace réfrigéré qui ruisselle, j’avance à pas lents sur la banquise. Partie de l’exposition où le son tout particulièrement participe de l’ambiance. Je vous promets que mon corps grelotte en entendant le souffle cinglant du vent, que je sursaute à la chute de pans de glace, que j’avance à pas serrés craignant la dislocation du sol blanc. Pour les plus jeunes visiteurs, des animations interactives sous forme de jeux- questions ainsi que des explications adaptées sous forme de vignette de BD, échelonnent leur parcours. C’est haut juchés qu’ils assistent au travers de jumelles à l’effondrement de glaciers, qu’ils scrutent quelque ours blanc. Je change de salle, la température remonte ; me voici sur une terre aride et craquelée, peuplée de brindilles séchées, bruissante d’insectes. Je me réfugie dans l’ambiance intime et quotidienne d’une maison, le thé attend sur la table, l’inondation quant à elle est sur le pas de la porte, imminente. Je croise plus loin un trio de rhinocéros blanc menacés d’extinction. La suite du volet « L’homme s’alarme » étudie les impacts des hausses de température et du niveau des océans dans quatre domaines essentiels : l’eau, l’alimentation, les écosystèmes et la santé.
Episode 3 : REFLECHIR- « Les civilisations disparaissent par suicide et non par meurtre » (Arnold Toynbee)- Les dérèglements climatiques n’étant pas seuls responsables des catastrophes naturelles, il s’agira dans ce volet de réfléchir les comportements de l’homme depuis la révolution industrielle. C’est la quantité des émissions nocives accumulées par l’activité des usines et entreprises, par les moyens de transport, qui est déterminante des changements climatiques depuis deux siècles, notamment en ce qui concerne l’effet de serre. Alors que défile sur un écran le chiffre croissant en permanence de la population mondiale actuelle, sur les murs tout autour des visiteurs l’espace est délimité- horizon bouché- en images par un paradis d’accumulation de déchets, une multitude d’automobiles, figurant notre mode de vie et de surconsommation. Des objets de notre quotidien dénote notre abusive consommation. L’extincteur de la pièce assumant son rôle de sécurité me fait un clin d’œil ! Des experts estiment que les pays industrialisés sont responsables à plus de 70% du réchauffement actuel. Ce sont les pays du sud et leurs populations les plus vulnérables qui subissent les dégâts les plus importants,…nouvelle source d’injustice globale ! « Règne des Détritus, de la Pollution, de la Société de consommation et de la Mondialisation, c’est ici que l’artiste pose ses regards et pousse son cri : « Et maintenant ? » Et l’homme tourné vers le futur pense Sobriété, Proximité et Partage. Il découvrit dans son jardin le Soleil, le Vent, l’Eau et la Terre. »
Episode 4 : AGIR- « Dans nos mains de primates se trouve le thermostat du climat »(Mark Lynas)- Je marche sur les traces du regard de l’artiste en abordant ce bout de course-parcours de l’exposition : les célèbres boîtes Campbell’s soup de Andy Warhol occupent de toute leur aise l’espace tandis que le son de la radio informe des nouvelles : l’assassinat du président Kennedy. Dénonciation de la consommation de masse agressive et de l’influence des médias, de la publicité, des écrans, de la bande dessinée sur nos choix de consommateurs. L’objectif des concepteurs de l’exposition n’est pas d’activer un état d’âme ou d’esprit catastrophiste mais bien d’éveiller les consciences, et d’inciter à agir ! Agir c’est s’adapter, revoir ses habitudes, modifier son comportement de consommateur et vivre en citoyen responsable. L’enjeu actuel est de ralentir l’impact des changements climatiques sur nos vies. Des gestes simples posés au quotidien sont une première action à mettre en œuvre. Il est intéressant d’apprendre que si une fois par semaine tous les belges remplaçaient la viande et les produits laitiers par des produits végétaux, les émissions totales de CO2 diminueraient dans notre pays de la quantité de CO2 émises par 300.000 voitures… ! Que les appareils qui nous entourent laissés en veille surconsomment, que baisser de 1 degré le thermostat permet d’économiser 7 % d’énergie… ! Presque un jeu d’enfant d’agir à l’échelle personnelle. Collectivement il faut développer les énergies renouvelables (le vent, les courants marins, l’énergie des cours d’eau)-sortir de l’impasse des énergies fossiles- et les innovations technologiques. Au niveau politique, les pays doivent impérativement prendre des mesures structurelles pour préserver l’air, les sols et l’eau, essentiels à la vie humaine, car avant 2050 les émissions de gaz doivent diminuer massivement ! La liste des organismes engagés pour la protection de l’environnement et la sensibilisation aux questions climatiques rend force vive au visiteur : le WWF, Greenpeace, la Fondation Nicolas Hulot, Friends on the Earth, l’Organisation météorologique mondiale, et j’en passe, ainsi que le Giec créé par les Nations Unies en 1988. Pour terminer la visite, l’espace décrit un arc de cercle, une agora. Les colonnes du temple délimitent une scène de prises de paroles en images : énergie nucléaire- croissance- crédits de carbone- agrocarburants- analyse du Giec, avec invitation : « A vous de juger ! », ouvrant un débat de société fondamental. On se re-posera du long chemin-ement en se plongeant dans les eaux cinématographiques en 3D d’une tortue de mer, Samy, du réalisateur Ben Stassen.
En guise de salutation, les concepteurs de l’exposition adressent aux visiteurs un souhait : que les changements climatiques soient une opportunité pour un monde plus juste et plus solidaire !
Je sors du parcours, de la longue galerie d’exposition, de l’état de choc et de réveil, je retourne au dehors, à quelques pas : la gare, puis les rues et le monde. Le ciel est serein ce jour.

Marie- Laure V.
(l’exposition donc reste ouverte jusqu’au 8 janvier 2012, tous les jours de 10h à 18h- billeterie jusqu’à 16h30, fermé le mercredi, les 24-25/12/2011 ainsi que les 31/12 et 1/01/2012, une très belle idée de cadeau pour les fêtes, sûr qu’elle fera des étincelles plus qu’un jour !!)

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