Richard Desjardins : un chanteur peut cacher une forêt !

le 29/10/2011
En scene, Richard Desjardins

Page tournée, suite de l’article précédent concernant le même festival «1 chanson peut en cacher UNE autre ». Il suffisait donc de l’imaginer la veille : la salle est bondée de monde.
Samedi 22 octobre, la tête d’affiche : Richard Desjardins. Si je connais… ? Je connais quelques phrases oui, bribes qui restent comme gravées au couteau dans l’écorce, je connais sans connaître. Un conseil : s’accompagner alors d’une Connaisseuse, disons Isa-Belle, elle connait de l’arbre l’écorce et les branches et les feuilles, et les bourgeons et les racines ! Isa, une compatriote du Québec, sa voix chantonne en arrivant sur les pavés de la cour de l’abbaye, tourne-vole dans le tourniquet de la porte vitrée à l’entrée, elle est à la fête visiblement Isa, et c’est là pour moi être bien accompagnée pour découvrir mieux, rencontrer en vrai, yeux et oreilles un chanteur de très grande pointure ! A savoir qu’il figure déjà dans le Petit Larousse Illustré. Et que son nouvel album « L’Existoire » est consacré disque d’or. On est assise comme des collégiennes au dernier rang, c’est que la salle est comble, comblée déjà de la première partie, en-chantée et « Symphoniaque » de la chanteuse Zoé. On ne dérangera personne, et c’est bien : Isa pourra se lever aisément, allègrement, je l’ai dit Elle est à la fête Isa et la fête c’est fredonner du corps aussi. Alors il entre simplement en scène le compatriote- chanteur, Richard Desjardins, la guitare bras dessus bras dessous. « Sa chemise ! » elle dit, Isa la spectatrice. Et oui la chemise, de fête, rouge royale. Et d’emblée il emmène avec lui son public, chacun, chacune dans « sa caravane humaine ». « Si Léo Ferré devait avoir un héritier, ce serait lui » a-t-on écrit de lui dans le journal L’Humanité après un passage remarqué à l’Olympia de Paris, unique concert qui marquera un tournant dans la carrière de l’artiste en Europe. Les deux régisseurs, Elle et Lui, nos voisins donc puisque nous fréquentons le dernier rang, ils sont du voyage et avec leur Homme! Son, lumière et curseurs déplacés de leurs doigts agiles, ils soutiennent le chanteur. Elle sourit souvent de ses prises de paroles, drôles, cocasses, improvisées pour ce public particulier, public d’un soir, rassemblé à Stavelot, venu de loin parfois, de la Belgique dispersée ici en une salle et une écoute re-liée ! Il enchaîne les chansons, enfile les perles. « Une nouvelle chanson » brillent les yeux d’Isa…et la voilà qu’elle chante : « Tant que j’srai en vie y’aura des années folles. » De l’arbre je me dis qu’elle connaitrait même la sève Isa. Pour ma part, c’est le timbre de la voix que je me prends dedans, sa profondeur, ses vibrations. Les mots s’échappent, m’échappent et la compréhension souvent. « Une entrée dans une aventure linguistique » un concert de Richard Desjardins. Il a de l’humour : il établit un coefficient de difficulté de 1 à 5 ! Il nous le dit, Richard, qu’il n’est plus venu en Belgique depuis dix ans. Alors cela vaut vraiment d’y être, à ce retour. Evidemment il écoute les nouvelles- informations de l’Europe et du plat pays : «…pas de gouvernement pas de taxe…une monarchie- anarchie…et que nous avons l’air en santé ! » « J’m’en viens t’aimer » le rappelle au désordre de la rigolade et à l’ordre de la chanson, sa fidèle guitare. Et là voilà qui s’en vient La chanson, celle que tout le monde connait, reconnait « Tu m’aimes-Tu ? » Isa s’est immobilisée : « C’est beau quand même Je suis l’océan qui veut toucher ton pied. » Il explore un répertoire de chansons d’amour romantiques aux sonorités du rock francophone à l’état pur. Il s’engage ensuite dans des pièces engagées, une série de paroles en musique pour la terre des Indiens et ses habitants, aussi poignante, bouleversante les unes que les autres. « Car le mot Terre vient de terreur » est plus qu’un frisson, c’est un tremblement de haute magnitude sur l’échelle de nos vertèbres ! A savoir aussi que le chanteur s’est vu remettre en 2009 un doctorat Honoris Causa lors du cinquième congrès mondial d’éducation relative à l’environnement, qu’il signe des articles afin de souligner l’urgence d’agir pour sauver la forêt. Et que l’homme est aussi documentariste. Son dernier documentaire, qu’il co-réalise, « Trou Story », sur l’histoire minière au Canada, sort ce 30 octobre.
Une des voix de la chanson réclame « qui est le chef ici ? » Et La spectatrice se lève de son dernier rang. « Et le soleil se lève. » termine le chanteur.
Des visages connus, de plusieurs villes belges, à la sortie laissent résonner le concert, attendent l’Homme pour certains, plus proches et familiers. Ceux qui connaissent me disent, haut et avec certitude, qu’une telle programmation, cette audace- là, c’est devenu cas unique en Belgique francophone. J’écoute, je vois…et je vous transmets.
Marie- Laure V.

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