Libérez Paris de Michel Lefebvre & Claude Maire – Editions La Martinière.

écrit par patrickthibaut
le 03/09/2014
Liberez Paris de Michel Lefebvre et Claude Maire   Editions La Martiniere.

Plongez au cœur des événements de la folle semaine – 19-25 août 1944 – qui a vu l’insurrection des Parisiens contre l’occupant allemand.

Environ 400 clichés, ont été sélectionnés pour rendre compte du quotidien des habitants et des combats.

Une cinquantaine de documents d’époque viennent enrichir ce panorama historique.
Anne et Agnès Cattaneo, respectivement 15 et 12 ans en août 1944, habitaient au 56 boulevard Saint-Michel, au cinquième étage, avec leur grand-père Jules et leur mère Marthe. Elles entendaient les adultes écouter Radio Londres, sans vraiment comprendre. Une phrase les amuse encore :

"Le parapluie va s'ouvrir trois fois." Elles se remémorent ces jours étouffants et dangereux.

"Il y avait des tanks allemands dans le Jardin du Luxembourg, raconte Anne, ils sortaient par la place Edmond Rostand, s'engageaient, entourés de fantassins, sur le boulevard et de là tiraient sur la barricade située au croisement des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain. Un jour, on a voulu voir, alors on est sorties à quatre pattes sur le balcon, mais un soldat nous a fait signe de faire attention. On est rentrées précipitamment et là on a entendu un bruit terrible. Plus tard, quand on a repeint l'appartement, on a retrouvé une balle dans le plafond... On a aussi vu des FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) prisonniers, ils ont certainement été fusillés. On aurait bien voulu aller voir les barricades, mais mon grand-père nous l'a interdit." [...]

Anne et Agnès ont enfin pu sortir le 25 août et assister à la reddition des Allemands retranchés dans le Sénat : "Quand ils sont sortis, les gens leur jetaient des pierres. Le 26, on a été autorisées, ma soeur et moi, à aller au défilé avec notre copine Gilberte et sa mère, poursuit Agnès, on est remontées à pied jusqu'à la Place de l'Etoile. Le métro ne roulait pas, les tramways ne fonctionnaient pas non plus. Moi, je n'ai vu que de Gaulle, mais Anne a vu Georges Bidault, un petit homme qui remuait les mains pour éloigner la foule. Ensuite, on s'est installées à la Concorde. Les gens agitaient des petits drapeaux. Puis ça s'est mis à tirer et on a été séparées." [...]

Elles finiront par se retrouver à la maison. "On avait fabriqué des drapeaux, même celui des Russes, avec du carton et de la peinture, et on les avait accrochés au balcon, conclut Agnès. On a embrassé plein de soldats américains ; à moi ils donnaient des bonbons, à ma soeur des cigarettes.

Mon dernier souvenir, c'est la nuit du 26 au 27, le bombardement allemand, la halle aux vins brûlait, on sentait la chaleur de l'incendie jusque chez nous."

Michel LEFEBVRE est journaliste au Monde, responsable des hors-séries du quotidien. Son travail d'auteur gravite autour du photojournalisme de guerre entre 1936 et 1945. Il est ainsi l'auteur de Kessel, Moral : deux reporters dans la guerre d'Espagne (Taillandier, 2006), de Brigades internationales, images retrouvées avec Rémi Skoutelski (Seuil, 2003), de Robert Capa, traces d'une légende avec Bernard Lebrun (EDLM, 2011) et de Guerra Grafica (EDLM, 2013).

Expert en photographies anciennes et de collection à l'hôtel de vente de Drouot depuis 2002, Claude MAIRE collectionne les photographies de la Seconde Guerre mondiale et de la Libération.

www.editionsdelamartiniere.fr – 224 pages – 45,00 €.

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