Visite royale à Malmédy le 11 septembre 1956

écrit par francois.detry
le 23/08/2015
Visite royale à Malmédy  le  11 septembre 1956

Chaleureusement accueilli par les populations de l’Est en ce 11 septembre 1956, le Roi assure celles-ci de son attentive sollicitude. Ces trois villes de l’Est qu’une situation géographique extrême a écartelées deux fois en quarante ans, ont accueilli le Roi avec une grande ferveur. Quittant Eupen en direction de Malmédy, le cortège royal traverse Waimes, un charmant village blotti au creux d’une cuvette de verdure. Pour y arriver, on traverse une fagne aride, dont la flore jaunie se recroqueville sous la pluie. Le cœur de Waimes, c’est la maison communale, une demeure patricienne construite en gros moellons et surmontée d’un clocheton d’ardoise. En ce jour, les habitants de Waimes ont le grand honneur de présenter à leur Souverain une famille comptant quinze enfants : sept filles et huit garçons bien dodus et, apparemment, en excellente santé. Bien entendu, le septième fils reçut le prénom de Baudouin, et son royal parrain a tenu, aujourd’hui, à rendre visite à son jeune filleul, un gros bambin frisé comme un mouton. Cela s’est fait à la bonne franquette. La voiture royale et celles de sa suite se sont arrêtées au beau milieu de la route, à deux pas d’une basse-cour. Le garde-champêtre, qui n’est plus jeune, a salué gauchement. Et le Roi s’est dirigé vers le perron de la maison communale où la famille Heinrichts au complet l’attendait, debout, un grand sourire aux lèvres. Le trombone de la fanfare, pendant ce temps, triomphait d’une Brabançonne, pas très orthodoxe. De petites filles en blanc, les bras chargés d’œillets, criaient : » Vive le Roi ! ». Le bourgmestre du lieu, M. Margrève, lut une allocution que peu de gens parvinrent à entendre. Puis le royal parrain s’étant vu remettre un souvenir - un petit tonnelet de bois - s’est dirigé vers la famille Heinrichts. La maman, assise, tenait dans les bras un nourrisson emmitouflé de laine blanche. Elle était heureuse, vraiment. C’était pour elle, le grand jour de sa vie. Le Roi tapota une joue de l’aîné, ébouriffa la chevelure dorée de son petit filleul, serra des mains et se laissa complaisamment photographier : à vrai dire, c’était là un véritable portrait de famille. Puis les fillettes en robe blanche s’approchèrent une à une du Roi et chacune d’elle lui remit son bouquet d’œillets blancs. Et le Roi avait tant de gerbes que les bras que le bourgmestre puis un des aides de camp durent lui venir en aide. Il était plus de 15 h lorsque le Souverain arrive aux portes aux portes de Malmédy où il est accueilli par le bourgmestre ff, M. van der Maesen. A sa descente de voiture place Albert 1er, il est acclamé par les enfants des écoles. Même décor qu’à Eupen : sociétés sportives, folkloriques et patriotiques, bannières enrubannées à sonnailles, harmonies et fanfares, officielles en haut de forme. Mais, ici, la placette est toute plantée d’arbres, comme si on l’avait taillée en pleine forêt. Tout souriant, le pas alerte, le Roi est toujours accompagné du gouverneur Clerdent et des dignitaires de la Cour. Suivent les ministres Troclet, Rey et Vermeylen, moins fringants, le visage las et la jaquette quelque peu défraîchie par les ondées successives. Nouveaux vivats, nouvelle « Brabançonne ». Un autre détachement de Chasseurs ardennais présente les armes. La « Brigade champêtre » des cantons de l’Est fait la haie. Le Souverain s’incline devant les monuments aux morts, dépose des couronnes, va serrer la main aux anciens combattants. Il s’entretient longuement avec le chanoine Scheffen, doyen retraité de la ville, âgé de 92 ans. La foule tente de rompre les barrages de police, tandis que le Souverain se dirige vers l’hôtel de ville. Doucement un gendarme repousse une fillette, armée d’un drapelet tricolore, qui s’est glissée au premier rang du cortège. Il pleut. Les personnalités sont heureuses ce pouvoir s’engouffrer sous le porche de l’hôtel de ville. D’une même voix, boy-scouts, girl-guides et membres de la brigade forestière scandent : « Baudouin, Baudouin, Baudouin ! ». Prenant la parole à l’hôtel communal de Malmédy, M. van der Maesen, bourgmestre ff, exprime au Souverain la joie qu’éprouve la population malmédienne de sa visite, et ses profonds sentiments de gratitude pour l’intérêt qu’il témoigne à la région et à Malmédy en particulier. L’orateur rappelle que c’est à l’intervention personnelle du roi Albert en 1919, à la conférence des quatre grandes puissances à Paris, que les cantons de l’Est doivent le bonheur d’être revenus dans le sein de la mère-patrie, obtenant ainsi réparation des injustices et des erreurs du traité de Vienne, en faveur d’une population restée foncièrement wallonne malgré un siècle de régime étranger. C’est au cours du règne d’Albert 1er et du roi Léopold que Malmédy a enfin connu les bienfaits de sa réunion à la Belgique. C’est le roi Léopold qui a voulu la défense du territoire national à partir de ses frontières, montrant ainsi sa volonté de ne pas abandonner notre région. Après avoir rappelé la visite du roi Léopold en 1938, l’orateur évoque l’annexion arbitraire, pendant la guerre, de Malmédy au Reich., l’appel sous les armes de tous les hommes valides, la disparition d’un grand nombre d’entre eux, drames qui soulèvent encore aujourd’hui des problèmes difficiles. La destruction partielle de la commune lors de l’offensive des Ardennes en décembre 1944 mit le comble aux souffrances morales et matérielles de la population. Onze ans après le cataclysme nous sommes fiers, souligne l’orateur, de pouvoir dire que la reconstruction de la localité est sur le point d’être achevée et que son développement s’est poursuivi harmonieusement. Il reste encore beaucoup à faire, mais grâce à la bonne volonté et à la collaboration de tous, nous espérons voir aboutir nos derniers efforts. Malmédy marque une nouvelle étape dans son existence treize fois centenaire, et elle a su trouver des destinées dignes de son glorieux passé et de la grandeur du pays auquel elle est fière d’appartenir. L’orateur offre alors au Souverain l’hommage de la respectueuse admiration de Malmédy et de son indéfectible attachement. Il prie le Roi d’accepter un présent et de signer le Livre d’or de la commune. ( Extrait de « La Libre Belgique » datée du samedi 11.09.1956 / Archives de feu Monsieur Maurice Bragard, Président Honoraire de « La Royale Malmédienne )

François DETRY

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