« Du hâr à hot » : suite du programme du 120ème anniversaire du Royal Club Wallon de Malmedy

écrit par francois.detry
le 23/08/2018
« Du hâr à hot »

L’année 2018 consacre le 120ème anniversaire du Royal Club Wallon de Malmedy. Alors que les activités « habituelles » de cette vénérable association occupent une large place dans le calendrier malmédien ( bal des enfants, « Size du Noé », les séances de « Cak'tèdjes »,… ), ses membres se sont chargés de commémorer cette étape mémorable par d’autres organisations de circonstance telles la rencontre au monument Pietkin à Sourbrodt, la vente d’un calendrier très coloré, l’organisation de trois conférences traitant l’une de la médecine populaire, l’autre du passé très disputé de notre région, et la troisième programmée pour le 26 octobre abordera “La mémoire de la Seconde Guerre mondiale de 1945 à nos jours” ( par Justine Remacle ),Dans un avenir très proche, des acteurs / trices régionaux monteront sur les planches pour présenter une pièce écrite et mise en scène par Manfred Siquet ( Fré Guyôme ) qui est un des piliers du Club Wallon, et qui a été assisté par Marie-Claire Buchholz et Jacky Lodomez, ainsi que d’autres acteurs qui ont accepté de relever ce pari. Des remerciements s’adressent à l’asbl Amapac et en particulier à son président Freddy Lodomez, qui a apporté son aidé dans cette aventure, à Manfred Dahmen ainsi qu’à Monique Marsden-Lebrun.
« Du hâr à hot » est le titre de l’œuvre tout à fait originale qui constitue un des éléments importants des activités menées tout au long de cette année qui marque le 120ème anniversaire de Royal Club Wallon.
Cette pièce de théâtre humoristique est écrite en trois tableaux, chacun représentant un moment différent de la vie à Malmedy entre 1897 et 1920.
Les acteurs changent de rôle à chaque tableau, sauf un seul, personnage central à l’origine du Club wallon.

Le public reconnaîtra (par ordre d’entrée en scène) des acteurs bien connus des différentes sociétés du grand Malmedy

Marie-Claire BUCHHOLZ (Royal Club Wallon ) Paulâ, Fînâ, l’ inspèctrice
Daniel ADAM (Royale Etoile Wallonne de Chôdes) Albêrt, Glloq, Franz
Michaël BRUYERE (Royale Union Wallonne) Houbêrt, Ofec, Pîtô
Jacky SOLHEID (troupe de Xhoffraix) : Hinri Bragard
Cédric WUIDAR ( Lès djoyeûs Lurons de Bellevaux): Clément, Grèfî, Curé Fèchène
Dimitri WATY (Royale Malmédienne) : Landrat, Dr Doût’luwâtche
Auguste SCHOMUS (Royale Etoile Wallonne de Chôdes) : Hauptmann, Jakob, Djôzèf
Claudy HUGO : ( Lès djoyeûs Lurons de Bellevaux): Wachtmeister, Louwis, Trote
Bernard SCHMITZ : ( Lès djoyeûs Lurons de Bellevaux): Abé Pietkin, Jupp, lu mêsse du scole
Roger WUIDAR : ( Lès djoyeûs Lurons de Bellevaux): souffleur

Ce que cela raconte :

Premier tableau
Nous sommes en 1898. Quatre jeunes hommes décident de fonder un club wallon pour contrer la germanisation que l’administration allemande impose.

Deuxième tableau :
En 1909, des habitants de Malmedy viennent déclarer des naissances au bureau d’Etat-civil. Les gens continuent à parler wallon, ce qui énerve l’officier.

Troisième tableau :
Nous sommes en 1920, au premier jour de la rentrée scolaire en sixième année dans un Malmedy devenu belge et où il est maintenu tenu de ne parler que français.

En résumé, de ce temps-là…

Tout le monde parlait le wallon, mais on ne pouvait pas
On devait parler allemand, mais on ne voulait pas
Puis, on a été contraint d’oublier l’allemand et parler le français mais les gens voulaient juste continuer à parler wallon, comme ils l’avaient toujours fait.
C’était à y perdre son latin (de curé) !

On peut vraiment dire que sur une vingtaine d’années, nous avons été balancés « du hâr à hot´ ! » (De hue à dia)

Représentation en la salle « La Fraternité » à Malmedy le samedi 15 septembre 2018 à 20 h.
Prévente à la Maison du Tourisme à Malmedy : 12 Euros.
P.A.F. : 15 Euros

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Pour information
Bref historique du Royal Club Wallon de la Wallonie malmédienne

Malmedy, territoire roman fondé vers 650 par St Remacle, constitua avec Stavelot la Principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy jusqu’en 1795, à l’écart des territoires qui allaient constituer la future Belgique. En 1815, après 20 années de domination française, le Congrès de Vienne attribua le territoire de Malmedy — sans Stavelot — et de Waimes au roi Frédéric-Guillaume III de Prusse. Avec la nomination d’Otto von Bismarck au poste de Premier Ministre en 1862, la Prusse inaugura une politique de centralisation du pouvoir, fatale, notamment, à ses minorités romanes.
En septembre 1897, cinq jeunes Malmédiens, révoltés par la volonté de germanisation de la Wallonie prussienne, décidaient de fonder le Club Wallon. Le discours que l’abbé Nicolas Pietkin prononça le 28 novembre 1897 à la société ouvrière La Fraternité, conforta leurs desseins, de sorte que le Club Wallon vit officiellement le jour le 13 janvier 1898. Nicolas Pietkin en fut le père spirituel, Guillaume Bodet le premier président, Henri Bragard, neveu de Nicolas Pietkin, le secrétaire et rédacteur des statuts.
La société littéraire se donnait pour buts de maintenir le wallon et de défendre la culture romane dans la Wallonie prussienne. Dès le début, les membres actifs prirent l’habitude de s’appeler « fré » ; les femmes porteront le titre de « cuzène », parfois celui de « matante ». Le dragon malmédien fut choisi comme emblème. La devise, « Todi Walons » qui sera adoptée en 1912 par toute la Wallonie, avait déjà été choisie comme titre par Guillaume Bodet et l’abbé Nicolas Pietkin, quand ils composèrent l’hymne de la société en 1898.
En 1905, Henri Bragard, alors président, représenta la Wallonie prussienne au Congrès wallon de Liège, où il fut le seul à utiliser une langue régionale pour prononcer son discours, affirmant ainsi devant tous la romanité de Malmedy. Dès 1913, l’abbé Joseph Bastin, une des grandes figures du Club Wallon, auteur de plusieurs études sur les parlers de la Wallonie malmédienne, élu membre de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises en 1939, osait arborer le coq wallon au clocher de Faymonville.
Après la défaite allemande de 1918, des campagnes furent menées dans la Wallonie prussienne pour sa « désannexion » : la requête du 3 janvier 1919 au roi Albert Ier portait 200 signatures environ, en tête desquelles figuraient celles de « Henri Bragard, président du Club Wallon », de l’« Abbé Joseph Bastin, secrétaire du Club Wallon » et d’un grand nombre de membres, sollicités non sans risques.
La lutte était encore poursuivie dans l’entre-deux-guerres, dès 1926, après les rumeurs fondées de vente de la Wallonie malmédienne à l’Allemagne. En 1934, la Fête de la Wallonie fut organisée à Malmedy à l’occasion de l’inauguration du drapeau du Club Wallon.
Très vite après la guerre, la société renaquit malgré le décès tragique d’un certain nombre de ses membres, parmi lesquels figurait Henri Bragard, mort au camp de concentration de Sachsenhausen-Oranienburg le 5 mars 1944.
Si, à notre époque, la situation n’est plus dramatique, il faut encore et toujours faire connaître l’identité wallonne de Malmedy et de Waimes, que le reste de la Belgique a tendance à amalgamer avec la majorité germanophone de l’Est de la Belgique. En effet, si Malmedy et Waimes sont des agglomérations francophones avec une minorité germanophone à statut linguistique protégé, elles sont englobées dans ce qu’on a coutume d’appeler les « cantons de l’Est », qui n’ont aucune existence institutionnelle mais qui favorisent dans le public la confusion des cultures. C’est pour affirmer la romanité de Malmedy que le Club Wallon fit œuvre de pionnier en apposant des plaques de rue en wallon dans différents quartiers de la ville.
Le souci de l’image de la Wallonie malmédienne ne fit pas oublier au Club ses buts premiers : défendre la langue et la culture wallonnes sur place.
Aujourd’hui, les animateurs du Club s’attèlent toujours avec beaucoup d’efficience et de succès au maintien de la langue wallonne au travers d’activités ponctuelles liées au folklore, à l’organisation de spectacles et concerts, à la conception d’un dictionnaire français-wallon (malmédien et waimerais), à la publication d’ouvrages littéraires et documentaires et à la tenue d’une bibliothèque rassemblant plusieurs milliers d’ouvrages qui traitent de la Wallonie, de ses habitants, de son parler, de son patrimoine en général.
Le Royal Club Wallon fête ses 120 années d’existence, fier d’avoir défendu à travers les remous d’un siècle mouvementé bien plus qu’un parler local, mais nos libertés face aux totalitarismes.

François DETRY

© François DETRY
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