"Namur sous l'Objectif de l'Occupant - Les Clichés allemands", jusqu'au 26 Août

écrit par YvesCalbert
le 24/08/2018
Cliche allemand (c) "IRPA"

Une fort intéressante exposition nous est gracieusement offerte en plein coeur de l'accueillante Ville de Namur, sur la Place d'Armes, ... où se trouvait l'Hôtel de Ville,... jusqu'en 1914.

S'il fut, malheureusement, réduit en cendres par les Allemands, au début de la "Grande Guerre", de l'été 1917 jusqu'à l'automne 1918, plus de 10.000 photos furent réalisées en Belgique par l'occupant allemand, une petite sélection de celles-ci, concernant Namur, étant exposées jusqu'à ce dimanche 26 août, à quelques mètres du site de l'ancien Hôtel de Ville.

Ces "Clichés allemands - Namur sous l'Ojectif de l'Occupant" mettent en valeur le patrimoine artistique namurois, notamment grâce à ceux qui furent réalisés par Paula Deetjen (1879-1949/veuve d’un médecin allemand, mort à Verdun, en 1915 et photographe officielle du "Musée Folkwang"), à l'intérieur de l'église St.-Loup, dont les superbes confessionaux ont été remis à neuf, il y a quelques années.

L'un des intérêts de cette exposition à ciel ouvert est de confronter le passé, il y a tout juste cent ans, au présent, des photographies en couleurs, réalisées, en 2017, par Stéphane Barzot  et Hervé Pigeolet, pour l’ « IRPA » (« Institut Royal du Patrimoine Artistique »), étant placées en regard des clichés noir-et-blanc allemands.

Les jeunes peuvent donc découvrir ce qu'ils n'ont pas connu, tels, entre autres, le Vieux Pont de Jambes tel qu'il était sans sa grande arche centrale et avec une arche bombardée, du côté de Jambes, ou encore, à l'arrière du Musée Archéologique, les bâtiments de l'ancien quartier du Grognon, aujourd'hui disparu... et en grands travaux, pour la création d'un parking souterain...

Que de changements en un siècle, comme le prouvent les illustrations de cet article, notamment au bord de la  Sambre, où l'on rénove, actuellement, la "Maison de la Culture de"la Province", alors qu'elle n'existait pas en 1918, étant l'œuvre, en 1964, des architectes V. Bourgeois, J. Collin, G. Lambeau et J. Ledoux. A noter que d’intéressantes explications contextualisées, ainsi qu’une notice historique concernant les sites concernés, notifient différents changements survenus cent ans plus tard (le tout rédigé par Marie-Christine Claes et Thérèze Cortembos)...

Pour en revenir aux clichés allemands, soulignons que leurs négatifs, tous présents sur plaques de verre, furent emportés en Allemagne, l'Etat belge parvenant, quelques années plus tard, à acheter la collection complète. Elle fut confiée aux "Musées royaux d’Art et d’Histoire", dont émane, en 1948 une nouvelle institution indépendante, qui devient détentrice de la collection : l' "IRPA", qui numérisa, ainsi, plus de 10.000 négatifs.

Sur le site web de l' "IRPA", nous trouvons quelques précisions : "L’inventaire allemand du patrimoine artistique belge est avant tout un projet scientifique. L’occupant allemand a profité de sa présence en Belgique pour collecter le plus de documents photographiques possible afin de pouvoir ensuite étudier le patrimoine artistique belge depuis l'Allemagne, sans que les chercheurs allemands ne doivent se déplacer. Sous la pression du Gouvernement général impérial allemand en Belgique ('Das Kaiserliche Deutsche Generalgouvernement Belgien'), le travail des historiens de l’art, architectes et photographes allemands doit soutenir la propagande allemande : le but est de s’attirer la sympathie de la population belge. Certains monuments belges servent à illustrer les liens culturels et historiques communs de la Belgique et de l’Allemagne. Les Allemands essaient en même temps de se profiler comme un 'bon' occupant, qui apprécie le patrimoine artistique belge et veut le conserver pour le futur."

"Les Allemands veillent également à la qualité de leurs prises de vues. Ce sont les plus grands experts allemands de la photographie d’œuvres d’art qui réalisent cet inventaire. Certaines photographies sont exceptionnelles, aussi bien du point de vue technique qu’esthétique : les photographes vont plus loin que la prise de vue 'objective', documentaire et essaient de saisir à travers leurs photographies une ambiance ; le bâtiment ou l’œuvre d’art n’est pas toujours central, mais bien le décor dans lequel il se trouve et la vie qui se déroule autour. La photo de l’œuvre devient elle-même une oeuvre..."

Par ailleurs, lors du vernissage de cette exposition, Geneviève Lazaron, Députée provinciale à la Culture, tint à préciser que nous pouvons retrouver, à l’avant de nombre de bâtiments photographiés par ces Allemands, en 1917-1918, une copie de leur photo exposée sur la Place d’Armes, à l’image de celle de la Tourd’Anhaive, à Jambes…, dont la ferme a disparu, à l’occasion de la création d’un  parking destiné aux clients d’une grande surface…

Ne manquons donc pas de nous rendre, en famille, sur la Place d'Armes, voire de nous rendre sur place, là où ces clichés allemands furent réalisés...

Yve Calbert (avec des extraits de textes de l' "IRPA").

  • Cliche allemand (c) "IRPA"
  • (c) Herve Pigeolet/"IRPA"
  • Cliche allemand (c) "IRPA"
  • (c) Herve Pigeolet/"IRPA"
  • Photo non exposee : en 2019 (c) Province de Namur
  • Cliche allemand (c) "IRPA"
  • Photo actuelle de la Tour d Anhaive
  • "Namur sous l'Objectif de l'Occupant - Les Clichés allemands", jusqu'au 26 Août
  • "Namur sous l'Objectif de l'Occupant - Les Clichés allemands", jusqu'au 26 Août
  • Toutes Arches identiques/Cliche allemand (c)"IRPA"
  • Une longue Arche (c) Herve Pigeolet/"IRPA"
  • Le Batiment au Grognon/Cliche allemand (c) "IRPA"
  • L Arbre au Grognon (c) Herve Pigeolet/"IRPA"
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