Le directeur tunisien des Arts a failli être nommé conseiller culturel de Houffalize
Rencontré récemment par hasard, à Tunis, ce gentleman plein d'entregent, ayant appris que je suis belge, lia la conversation d’une manière très chaleureuse.
Et pour cause, il fit des études d'art à Louvain, tout au début des années 70, avant le départ de sa faculté vers Ottignies. Tunisien, il a fait carrière dans son pays, où il est « haut placé » dans l’administration, responsable des arts du spectacle, de la danse et du théâtre.
- Où habitez-vous en Belgique?
Quand on sort d'un « trou » de 1400 habitants et que l'on se trouve sur un autre continent, on ne prend pas le risque de faire l'affront à son interlocuteur qu'il se sente obligé de vous interroger ensuite: "c'est où, Houffalize?".
Je répondis dis donc: "pas loin de Bastogne, à Houffalize".
- Je ne connais Bastogne que de nom, par Liège-Bastogne-Liège, mais je connais très bien Houffalize. J'ai failli y être nommé conseiller culturel, en 1977.
Et, se tournant vers sa femme, il lui dit: "tu vois, tu habiterais dans la même ville que ce monsieur si j'y avais été nommé conseillé culturel". Sa femme est en effet une wallonne rencontrée lors de ses études en Belgique.
Devant mon étonnement, où il dut même sans doute percevoir quelque incrédulité, il poursuivit : « je me suis rendu deux fois en 1977 à Houffalize, une fois pour l’épreuve écrite, et, l’ayant paraît-il brillamment réussie, une fois pour l’orale. J’ai un très bon souvenir de Houffalize, c’est une très belle petite ville, entourée de verdure, avec la rivière qui fait un si beau méandre. Nous étions une bonne vingtaine de candidats au poste à pourvoir, et le président du centre culturel m’a dit que je m’étais classé le premier, mais qu’il ne pouvait pas m’engager, temporairement, faute de moyens ».
1977, c’était la première année de la nouvelle commune fusionnée, avec Charles Mathurin comme bourgmestre. Je n’avais pas en mémoire la présence, en ces temps-là, d’un centre culturel qui envisageât le recrutement à temps plein d’un conseiller culturel, convoité par une vingtaine de candidats universitaires. A cette époque, dans une petite ville comme la nôtre ? Mon interlocuteur perçut mes doutes quant à la véracité de ses propos; aussi se dirigea-t-il aussitôt vers son bureau, dont il revint quelques instants plus tard, brandissant une lettre qui me confirma ses dires.
Une lettre datée de 1977, à en-tête du Foyer culturel de Houffalize, signée par son président, qui effectivement félicitait le candidat pour la très brillante manière dont il avait réussi les épreuves. Malheureusement, ajoutait le président, des problèmes budgétaires empêchent de procéder actuellement à l’engagement au poste à pourvoir. Mais, concluait-il, ayant pu constater vos considérables qualités pour une telle fonction, je ne doute pas que vous trouviez rapidement ailleurs un brillant emploi où vous épanouir dans le domaine culturel.
Une lettre que notre affable interlocuteur a toujours gardée précieusement. Car elle vaut plus que son pesant d’or, dans un curriculum vitae. Et c’est moi qui, trente ans plus tard, reçus tout un discours de reconnaissance de ce directeur tunisien, pour son expérience houffaloise si positive.
René Dislaire © Houffalize, le 16 septembre 2007