En tant qu’écologiste dans l’âme, je suis le premier à dire qu’on ne badine pas avec le réchauffement climatique

écrit par admin
le 27/09/2007

La plupart des partis politiques de notre pays présentent des programmes cohérents s’attaquant aux véritables problèmes : transport public et privé, industrie, isolation des bâtiments. Une action cohérente au niveau fédéral, voire européen, plutôt que les enfantillages régionaux.

Vu l’urgence, ce n’est qu’en deuxième priorité qu’on s’attaque à la production d’électricité, et on comprend pourquoi. Elle n’est responsable que pour 8% des gaz à effet de serre (GES). Comme l’éolien représentera, en 2012, à peine 2% des vecteurs de production, et dans l’hypothèse (fausse) que l’éolien ne pollue pas, cela signifie une réduction des GES de 8% de 2%, autrement dit moins de trois millièmes. Est ce que ça vaut la peine de s’obstiner à encourager la prolifération de l’éolien on-shore dans nos belles provinces pour si peu de chose ?

Alors que l’éolien off-shore, qui ne gêne personne, présente bien plus de potentialités en termes de rendement et d’intégration dans les réseaux européens.

Extrait du programme politique du parti de Mr Antoine, ministre wallon du transport et de l’énergie : « faire du développement du potentiel éolien off-shore un des premiers objectifs du nouveau gouvernement fédéral ». A ce sujet, il convient de rappeler que l’Union européenne a repris la réalisation d’un réseau off-shore connectant les parcs en Mer du Nord parmi ses objectifs prioritaires.

La rationalité nous commande de passer en revue quelques aspects souvent évoqués par les inconditionnels de l’éolien

1. La pollution.

Il est utile, une fois de plus, d’attirer l’attention sur l’aspect émission de gaz à effet de serre (GES) de l’éolien industriel. Il est clair qu’une éolienne qui pompe l’eau ou moud le grain est parfaitement neutre sur le plan des émissions de GES. Mais dès qu’on la connecte au réseau de distribution d’électricité, il n’en est plus de même. Par le phénomène de l’intermittence (les caprices du vent ont pour effet que la production éolienne n’est pas continue mais intermittente), une éolienne ne peut fonctionner toute seule pour produire de l’électricité : il lui faut un back-up de même puissance pour assurer la continuité de l’approvisionnement. C’est ainsi qu’une éolienne de 2MW, qui, compte tenu de son faible taux de charge, fournit sa puissance nominale pendant 2000heures sur une année (ce qui donne 4GWh/an) a besoin d’une turbine gaz-vapeur (TGV) de même puissance, pour fournir immédiatement, et d’une manière plutôt chaotique, l’électricité qui fait défaut pendant les 6760 heures restantes de l’année. Ensemble, elles produiront donc 17,52GWh/an.

Ceux qui prétendent qu’une éolienne que l’on intègre au réseau permet d’économiser 456g de CO2 par KWh produit (le taux de référence d’émission pour une TGV) oublient que nous sommes dans une situation évolutive en matière de consommation d’électricité.
L’adjonction d’une éolienne ne permet la substitution partielle d’une TGV que dans un contexte statique (non-évolutif). La Belgique importe, bon an mal an, 9% de ses besoins ; c’est dire que la capacité des vecteurs de production est saturée. Or le taux d’augmentation de la consommation observé les dernières années est de 2%.

Voyons maintenant ce qui en résulte sur le plan de la politique d’insertion d’usines éoliennes.

La consommation belge est d’environ 85TWh/an, l’augmentation est donc de 1700GWh/an, ce qui correspond à peu près à la production, intermittente, de 97 éoliennes de 2MW, soutenues par leurs 97TGV de back-up, qui elles, seront sous-utilisées car ne fonctionnant que pendant 6760 heures d’une année qui en compte 8760. Il convient de remarquer que 97TGV de 2MW auraient suffi à assurer l’augmentation de la consommation précitée. A remarquer également qu’une TGV de 2MW a le même prix (2millions d’euros) qu’une éolienne de 2MW. Mais la TGV a une production quatre fois aussi grande ! Voyons maintenant l’aspect pollution. Les 97 TGV toutes seules sont responsables d’un taux d’émission de 456g CO2/KWh. Alors que le couple éolienne-TGV fonctionne moyennant une émission de 6760/8760x456 = 352g CO2/KWh.

Toute éolienne est donc co-émettrice de 352gCO2/KWh, alors que la moyenne belge, tous vecteurs confondus, est de 303gCO2/KWh ! Si nous reprenons les chiffres de notre éminent climatologue belge, André Berger, le taux de pollution éolien (régulation thermique par centrale au charbon) est de 582 gCO2/kWh ! Pour ceux qui douteraient encore, voici quelques extraits de l'«Avis de la Commission française de Régulation de l'Energie (C.R.E) en date du 5 juin 2001 sur l’arrêté fixant les conditions d’achat de l’électricité produite par les installations utilisant l’énergie mécanique du vent»:« [...] les fluctuations imprévisibles de la production, [...] obligent les autres moyens de production à s’adapter sans cesse - ce qui réduit leur rendement et leur fiabilité- et nécessitent d’augmenter les marges de sécurité du système, ... »« Les filières à production non garantie ne permettent pas d’éviter la construction de centrales supplémentaires qui produisent de l’énergie garantie, indispensable pour les gestionnaires du système électrique.[...] »(Centrales émettrices de CO2)…, et d'en déduire donc:
«[...]une éventuelle décision politique d’écarter le nucléaire à l’avenir peut l’emporter sur les considérations d’économie et de lutte contre les émissions polluantes dans l’atmosphère. »
En France, 75pct de l’électricité provient du nucléaire; compte tenu de l'intermittence de la fourniture éolienne, il faut pour 2,5 à 6% prévus de la production totale d'électricité d'ici 2010, quelques milliers à env.12 000 machines, sur quelques centaines à env. 1500Km².Pour 20 % maximum possibles de la production il faudrait env. 30 à 40 000 machines sur quelques milliers à env.5000 Km².

2. les nuisances sonores

Comment peut-on prétendre que les grandes éoliennes ne font pas de bruit alors que dans une étude récente (23 mars 2006) de l'Académie française de Médecine on peut lire cette recommandation " par précaution, que soit suspendue la construction des éoliennes d'une puissance supérieure à 2,5MW situées à moins de 1500m des habitations. "Quant aux nuisances infrasonores il convient de signaler la déclaration faite par le Dr. Pierpont (2006), mondialement connue pour ses compétences en matière de l’ensemble des maladies environnementales dues à l’éolien et que l’on appelle WTS (wind turbine syndrome), devant le New York State Legislature Energy Committee :
« To recapitulate, there is in fact a consistent cluster of symptoms, the Wind Turbine Syndrome, which occurs in a significant number of people in the vicinity of industrial wind turbines. There are specific risks factors for this syndrome, and people with these risk factors include a substantial portion of the population. A setback of 1.5 miles (2413,5m) from homes, schools, hospitals, and similar institutions will probably be adequate, in most NY State terrain, to protect people from the adverse health effects of industrial wind turbines.”

3. le paysage

Si l’effet d’une usine éolienne en matière de déstructuration du paysage n’était pas tellement évident, le CWATUP n’aurait pas exigé que le demandeur du permis fasse la preuve que le projet respecte, structure ou recompose les lignes de force du paysage (art 127). Est-ce le cas pour Stavelot ? Qu’on le prouve !

4. le prix

Ceux qui douteraient encore du prix de revient, pour la collectivité, de l’éolien industriel, voici une petite illustration. Il a été rappelé ci-avant qu’une TGV de 2MW a le même prix (2millions d’euros) qu’une éolienne de 2MW. Mais de par le taux de charge médiocre (22%) de l’éolienne, la TGV a une production plus de quatre fois aussi grande puisqu’elle peut fonctionner tout le temps ! A investissement égal, le prix de production du KWh éolien est donc plus de quatre fois celui de la TGV. Comment voulez-vous que le distributeur, qui est tenu à un quota d’électricité dite verte, fasse autre chose que de répercuter ces surcoûts sur les pauvres consommateurs que nous sommes ?

Reste à expliquer une énigme. Pourquoi certains s’acharnent-ils à vouloir développer mordicus l’éolien on-shore à Stavelot alors que l’off-shore est plus rentable, ne gêne personne, et présente, d’après le Bureau Fédéral du Plan, un potentiel de plus de 22000MW(11000 éoliennes de 2MW) ?

Un fondamentalisme aveugle ?
mer, 26/09/2007 - 17:03 — guido van velthoven

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