Recours du R.S.I. de Durbuy contre la construction d’une porcherie

écrit par admin
le 22/05/2010

Le Royal Syndicat d’Initiative de Durbuy-Vieille-Ville a déposé un recours contre le permis unique délivré le 22 avril 2010, autorisant la construction et l’exploitation d’une porcherie d’engraissement sur caillebotis pour 1950 porcs, ainsi que toutes les annexes nécessaires au bon fonctionnement de celle-ci.
En effet, l’acte attaqué ne prévoit pas les conditions particulières qui avaient été prescrites par le Collège communal dans la mesure où ce dernier a notifié sa décision en dehors du délai prescrit par l’article 93 du décret du 11 mars 1999 relatif au permis d’environnement.
Le permis est dès lors accordé sans la moindre condition…

Les principaux arguments développés dans ce recours sont les suivantes :
1.  Impact négatif sur le secteur du tourisme
Durbuy, emblème de l’entité, est sans conteste la première destination de Wallonie.  Ses commerçants représentent d’ailleurs le premier employeur de la commune, avec plus de la moitié des emplois.
Le R.S.I. estime en effet, qu’aucun risque ne peut être pris avec le projet d’établissement, vu la proximité de celui-ci avec Durbuy-Vieille-Ville (300 mètres à vol d’oiseau du point le plus proche, ce qui place le centre historique de Durbuy en ligne de mire directe avec les nuisances olfactives et sonores).
Le R.S.I. ne peut s’empêcher de redouter une baisse importante de la fréquentation touristique, compte-tenu de la présence de cette porcherie à proximité.
2.  Nuisances visuelles, auditives et olfactives, risques pour la santé à proximité d’un pôle touristique du premier ordre dans la région et d’un patrimoine naturel et culturel exceptionnel
Le site se trouve à quelques dizaines de mètres d’un site NATURA 2000. 
A supposer que toutes les prescriptions règlementaires soient suivies scrupuleusement et que toutes les précautions soient prises, les cadavres stockés dans la niche à cadavres dégageront inévitablement des odeurs, tout comme le lisier, principalement en été, lorsque le tourisme battra son plein.  Le système de ventilation fera inévitablement du bruit, les installations seront inévitablement visibles, les petites routes seront inévitablement dégradées et encombrées par un charroi important.  En outre, les risques d’accident de toute nature (panne des installations, non passage du clos d’équarrissage, erreur humaine, manque de moyens, voire faillite de l’exploitant, empêchant ce dernier de respecter la réglementation) sont loin d’être négligeables.
Par ailleurs, la FAO, dans un document intitulé « Production animale industrielle et risques sanitaires mondiaux », indique qu’une production animale importante à proximité d’une ville peut avoir des conséquences graves pour les risques de maladies, à l’échelle locale.
3.  Pollution des eaux et nappes phréatiques
Le R.S.I. estime également qu’il n’a pas été suffisamment tenu compte des avis défavorables de la DGOARNE-DEE-service de Marche ainsi que du servie des eaux souterraines.
L’incidence du projet sur la qualité des nappes phréatiques semble nettement sous-estimée.
4.  Modèle d’agriculture à éviter : élevage hors sol
Le Ministre HENRY a déclaré : « Ce n’est clairement pas le modèle agricole que nous prônons.  Notre volonté politique est d’offrir une véritable alternative agricole, basée sur la qualité du produit et sur la création d’une filière locale intégrée ».
La vision politique du Gouvernement Wallon, inscrite dans la déclaration de politique régionale, va d’ailleurs dans une direction diamétralement opposée à de tels projets : « Nous voulons favoriser des filières de qualité et de proximité, avec des petits éleveurs locaux qui travaillent avec des bouchers ou supérettes de leur région et des abattoirs proches.  tout en étant conscient des difficultés de reconversion du nom de agricole, d’autres pistes existent comme les gîtes de ferme ou l’agro-tourisme ».

Il faut ajouter à cela la multiplication actuelle des demandes de permis pour des porcheries ou poulaillers industriel dans la région, dont l’effet cumulatif sera à brève échéance, susceptible d’engendrer des incidences bien plus notables encore sur l’environnement.

5.  Problématique des épandages
L’utilisation de lisier de porc, pauvre en organique, présente encore plus de risque pour l’environnement que l’utilisation de fumier ou de compost car les nitrates risquent davantage d’être lessivés par les pluies.

Il existe également une difficulté, voire une impossibilité d’assurer une surveillance lors des épandages, compte tenu notamment de l’absence d’identification des parcelles cadastrales d’épandage, des difficultés de contrôle des quantités épandables par hectare.
6.  Absence de retombées économiques et sociales pour la région
· Impossibilité de développement de l’économie locale pour cause, l’importation des porcs tandis que les porcs engraissés seront exportés hors province ;
· Aucun nouvel emploi à la clé, l’exploitant continuant d’exercer seul son activité ;
· Aucune retombée économique pour la région puisque la transformation de viande sera traitée ailleurs ;
· Aucune plus value à la région mais, risque de nuisance grave pour le développement économique actuel.
· Le R.S.I. ne peut s’empêcher de craindre pour l’avenir des commerçants de la ville.
Le R.S.I. estime dès lors qu’il est indispensable qu’une étude globale reprenant les aspects économiques, sociaux et environnementaux pour envisager le développement d’une filière porcs à Durbuy soit réalisée en tenant compte notamment des exploitations déjà présentes, sachant que l’offre dans cette filière porcine est déjà trop importante par rapport à la demande existante, sachant qu’un élevage bio pourrait nettement mieux correspondre au site d’exploitation et que le projet actuel ne s’inscrit aucunement dans le cadre du développement durable de notre région.

COMMUNIQUE DE PRESSE - PORCHERIE

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