"Giorgio de Chirico, aux Origines du Surréalisme", au "BAM", à Mons, jusqu'au 02 Juin

écrit par YvesCalbert
le 21/05/2019
"Giorgio de Chirico, aux Origines du Surréalisme", au "BAM", à Mons, jusqu'au 02 Juin

En prolongation de « Mons 2015, Capitale européenne de la Culture », dans le cadre de « Mons, Capitale culturelle », le « Musée des Beaux-Arts de
Mons » (« BAM ») nous propose, actuellement, sa très belle exposition temporaire « Giorgio de Chirico – Aux Origines du Surréalisme belge – Magritte, Delvaux, Graverol », une expo parrainée par l’Ambassade d’Italie, à Bruxelles, bénéficiant d’un prêt exceptionnel du « Musée d’Art moderne de la Ville de Paris », organisée en partenariat avec les archives audiovisuelles de la « Sonuma », qui assure la numérisation, la préservation et la valorisation de différents fonds audiovisuels de la « Fédération Wallonie-Bruxelles ».

Au sein de ce fort joli Musée – de 5.000 m2 de superficie, répartis sur 3 niveaux, dont 2.000 m2 accueillent les expositions temporaires, 72 caméras « intelligentes » étant connectées à une salle de contrôle, un auditorium de 60 places et un jardin de 600 m2 pouvant accueillir les visiteurs -, nous pouvons parcourir deux expositions temporaires, « Le Surréalisme dans les Collections montoises », ouverte jusqu’au dimanche 05 janvier 2020, et celle consacrée à Giorgio de Chirico (1888-1978), jusqu’au dimanche 02 juin 2019.

En Belgique, la découverte du travail de ce dernier par Paul Delvaux, Jane Graverol et René Magritte, est à l’origine de révélations qui déterminent l’évolution de leurs parcours. Résultat de recherche d'images pour "giorgio de chirico photographies avec son épouse"
« Autoportrait » (Giorgio de Chirico/1949/40 x 30 cm) (c) « Musée d’Art moderne de la Ville de Paris »

Dès l’entrée de l’exposition, nous trouvons un autoportrait (1949) de Giorgio de Chirico (1949), jouxtant le portrait (1915/41 x 33 cm) qu’il peint de Paul Guillaume (1891-1934), marchand d’art visionnaire que lui présenta Guillaume Apollinaire (1880-1918) et qui, durant la« Grande Guerre », exposa, à Paris, ses œuvres de sa période dite « métaphysique ».

Dans une virtine voisine, illustrée à l’encre sur papier, de la main de Paul Delvaux (1897-1994), nous trouvons une lettre (27,5 x 21,3 cm) de ce dernier, datée du 04 juin 1975, rédigée en ces mots : « Cher Giorgio de Chirico, C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai vu votre exposition à Paris, …, que j’ai pu enfin faire connaissance de l’artiste que j’admire tant, et qui eut sur moi une influence si décisive. Cette visite a été un grand étonnement pour moi et j’en garderai le souvenir ému… »Résultat de recherche d'images pour "giorgio de chirico en photos"

Dans les différentes salles, des panneaux nous révèlent quelques propos de différents artistes, concernant Giorgio de Chirico, né à Volos, en Grèce, de parents italiens, et qui, avant de s’installer à Paris, étudie l’art et la philisophie à Munich, s’offrant un bref mais inspirant séjour à Florence, s’installant quelques années à Ferrrare, deux villes où il découvre des … « Places d’Italie » désertes et mystérieuses, … à une époque où le tourisme de masse n’existait pas…

Critique d’Art, Jean-Louis Sosset écrivit, en 1969 : « L’étrange sensation d’immobilisme, de silence et de temps d’arrêts qui émanent de ses tableaux, aux lumières spectrales, devaient subjuger les protagonistes du surréalisme« .

Percevant la poésie et le mystère des « Places d’Italie » peintes par Giorgio de Chirico, Paul Delvaux déclara :« Ce qui m’a marqué, c’est essentiellement le mystère des rues désertes, les ombres, le soleil, ce chaud soleil d’Italie, qui baigne les rues au couchant, et la statue représentant une femme couchée, immobile, toute seule au milieu de la place. Les ombres qui s’allongent sur le sol. Il y a là une poésie du silence extraordinaire; Il n’y a personne. Les objets parlent, ils sot là… » (catalogue, p.22 & 23)

Paul Delvaux, encore lui, écrivit, en 1973 : « J’ai été influencé par tous ces peintres que j’admirais, mais ils ne me satisfaisaient pas complètement. Il y avait autre chose que je voulais trouver. Je ne savais pas encore exactement ce que cela pouvait être. C’est alors que j’ai découvert Giorgio de Chirico, qui, lui, tout à coup, m’a mis sur la voie… J’ai découvert, … grâce à lui, que la peinture n’était pas, uniquement, de la peinture. C’est aussi de la poésie… »

… Et le peintre belge de s’imprégner dans ses propres peintures de ce climat poétique et merveilleux, déclarant, en 1935 : « Je me suis inspiré de cette atmospère peinte par Chirico ; il employait des couleurs chaudes, moi j’ai fait la même chose avec du gris… Je suis un homme du Nord… » (catalogue, p. 23)

Au delà d’une vision poétique de la peinture, Paul Delvaux partage, avec Giorgio de Chirico, un intérêt pour l’univers de Jules Vernes (1828-1905), pour le monde ferroviaire, ainsi que pour la mythologie et l’Antiquité.

René Magritte (1898-1967), de son côté, écrivit, en 1959 : « Il est le premier qui ait pensé à faire parler la peinture d’autre chose que de peinture… »

En 1966, il confie, au sein d’un magazine féminin :« Mon inspirateur fut Chirico, que je n’ai jamais connu personnellement, mais pour qui j’éprouve un grand respect. C’était en 1926… » (catalogue, p. 30)

Il ajouta, en 1967 : « Lorsque j’ai vu, pour la première fois, la reproduction du tableau de Chirico, ‘Le Chant d’Amour’, ce fut un des moments les plus émouvants de ma vie : mes yeux ont vu la pensée pour la première fois… »

Troisième artiste dont les oeuvres dialoguent avec celles de Giorgio de Chirico, Jane Graverol (1905-1984) déclara, en 1974 : « Toute mon admiration pur Magritte naquit seulement par la suite. Pour Chirico, la compréhension fut directe… Pour moi, le surréalisme est mon évasion du monde – c’est la recherche d’un passé indéfinissable vers l’infini que nous cherchons follement sans l’atteindre – et la vision des choses étables et qui pourraient ne pas être – et que le commun des mortels ne peut imaginer », une déclaration qui n’est pas sans rappeler les théories de Chirico, qui pense avoir eu dans le sillage de Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844-1900), l’intuition d’une vision affranchie de la réalité tangible, dont il peut désormais évoquer la part de mystère et l’inattendu. (catalogue, p. 29)

Par le biais d’un parcours thématique révélant la personnalité atypique de Giorgio de Chirico, l’exposition invite le visiteur à se plonger dans l’univers mystérieux, onirique et poétique de l’artiste italien. Dès 1910, de Chirico s’inscrit comme l’un des pionniers de l’art moderne, dont l’oeuvre inspire la naissance du surréalisme.

Cinq thématiques nous sont proposées : « L’Espace infini du Rêve », « Un Monde de Mystère et de Poésie », « Pictor Classicus », « Du Mythe à l’Archéologie » et « Monuments humains », avec dans chaque salle , mises en relations, des peintures des trois peintres.

Par ces thématiques communes, rapprochements inédits, cette exposition tente de révéler les fils conducteurs, le caractère pionnier et la profonde originalité de l’oeuvre de cet artiste majeur du XXe siècle.

En regard des oeuvres de Giorgo de Chirico – parmi lesquelles sept d’une rareté exceptionnellles, car réalisées pendant sa période métaphysique (1910-1919), ainsi qu’un très bel ensemble des années ‘20 -, cette exposition nous présente une dizaine de toiles de chacun des trois peintres belges, afin de mieux comprendre l’impact majeur que ce peintre italien a pu exercé sur leur travail.

Davantage qu’une influence, on peut parler de filiation, tant ils lui ont emprunté, chacun avec leur propre personnalié, une approche poétique de la création, une atmosphère mystérieuse, une liberté de représentation.

N’hésitons donc pas à découvrir cette première exposition d’envergure consacrée, en Belgique, à Giorgio de Chirico, qui nous permettra de nous plonger dans l’univers métaphysique de l’artiste italien, découvrant 44 de ses œuvres, dont 27 accordées en prêts par le « Musée d’Art moderne de la Ville de Paris » et d’autres provenant de collections privées et de musées européens, dont le« Tate Modern Museum », à Londres., des études au crayon et au fusain, ainsi que des sculptures en terre cuite et en bronze pattiné, comme ses « Mannequins coloniaux » (1969/49 x 26 x 38 cm).

Au sujet de ses autoportraits, Anne Verger écrivit : « L’étude du fonctionnement de l’ironie et de l’humour dans les autoportraits de Chirico montre qu’il conçoit le visible comme une énigme car il refuse d’adhérer à l’évidence. L’artiste, en disant le contraire de ce qu’il pense et en se ridiculisant, propose une autre image de sa personne et réussit à devenir spectateur de son ego pour apparaître un autre et peut-être se démasquer lui-même. »

En visionant le film « Métamorphoses », une émission de Jacques Antoine, proposé tout au début de l’exposition, Giorgio de Chirico nous confie : « Je suis de nature très complexe, pleine de contraste… Les vêtements modernes sont inesthétiques… Je suis moi en costume ancien, plus esthétique… » Ainsi , nous le découvrons, dans un des ses autoportraits,« dans un Parc en Costume du 16ème Siècle » (1925/101 x 82 cm)…

Dans ce même documentaire, il nous dit : « Durant la guerre entre les Turcs et les Grecs, je voyais les blessés… Connaissant les horreurs de la guerre, dès 13 ans, j’ai toujours eu envie de dessiner, de peindre des aquarelles, puis à l’huile, utilisant, dans un premier temps, l’huile … d’olive, qui ne séchait pas, même après trois mois, … c’est ainsi que j’appris que devais utiliser l’huile de lin… »

N’hésitons donc pas à découvrir cette première exposition d’envergure consacrée, en Belgique, à Giorgio de Chirico, permettra de nous plonger dans l’univers métaphysiquede l’artiste italien, à l’origine du surréalisme, découvrant 44de ses œuvres, dont 27 accordées en prêts par le« Muséed’Art moderne de la Ville de Paris » et d’autres provenant de collections privées et de musées européens, dont le« Tate Modern Museum », à Londres.

Fondatrice de la peinture métaphysique, l’oeuvre de Giorgio de Chirico – gourou de célèbres surréalistes – est immense, non seulement par la multitude de tableaux qu’il a réalisés, mais également par le rayonnement que ces derniers ont eu sur ses contemporains…

« L’esprit de Chirico était si imprégné de mythes grecs, que le réel et l’irréel n’avaient poas, pour lui,de limites précises » (Isabella de Chirico, son épouse).Résultat de recherche d'images pour "Le surréalisme dans les collections montoises photos"

… Et n’oublions pas de visiter l’autre exposition temporaire du « BAM », « Le Surréalisme fdans les Collections montoises », au sein de laquelle des oeuvres d’ artistes montois, hennuyers, français ou encore américains, conservés dans leurs collections, nous plongent dans les multiples facettes de ce courant artistique international, ces oeuvres provenant des collections permanentes du Musée.Résultat de recherche d'images pour ""Mons, Capitale culturelle" photos"

Ouverture: du mardi au dimanche, de 10 à 18h. Prix d’Entrée, incluant la seconde exposition temporaire et les collections permanentes : 9€ (6€ de 6 à 25 ans / 3€, par membre d’une famille / 2€, de 06 à 17 ans inclus / 0€, pour les moins de 6 ans). Livret, reprenant le descriptif de caque thématique et le plan de l’expo : offert à l’entrée /Catalogue (Ed. « Mardaga »/2019/cartonné/144 p.) : 29€90. Site web : http://www.bam.mons.be.

Yves Calbert.

  • "Giorgio de Chirico, aux Origines du Surréalisme", au "BAM", à Mons, jusqu'au 02 Juin
  • "Place d Italie, avec Statue" (Giorgio de Chirico/1965-1970/40x 41,50 cm) (c) "SABAM Belgium 2019"
  • "L Hermitage" (Paul Delvaux/1963) (c) "Foundation Paul Delvaux" / "SABAM Belgium 2019"
  • "L Aube sur la Ville" (Paul Delvaux/1940/175 x 202) (c) "Foundation Paul Delvaux" / "SABAM Belgium 2019"
  • "Le Discours de la Methode" (Rene Magritte/1965-66/81 x 65 cm) (c) "Succession René Magritte" / "SABAM Belgique 2019"
  •  "Dialogue denue par le Vent" (Rene Magritte/1928/81 x 116 cm) (c) "Succession René Magritte" / "SABAM Belgique 2019"
  •  "Le cortege d Orphee" (Jane Graverol/1948/70 x 50 cm) (c) "SABAM Belgium 2019"
  • "Les Archeologues" (Giorgio de Chirico/1927/132,6 x 105,3 cm) (c) "SABAM Belgium 2019"
  • "Cri d Amour" (Giorgio de Chirico/1974/102 x 82 cm) (c) "SABAM Belgium 2019"
  • "Le Confiseur de Pericles" (Giorgio de Chirico/1925/101 x 82 cm) (c) "SABAM Belgium 2019"
  • "Mannequins coloniaux" (Giorgio de Chirico/1969/49 x 26 x 38 cm) (c) "SABAM Belgium 2019"
  • "Autoportrait dans un Parc en Costume du 16e Siecle" (de Chirico/1925/101 x 82 cm) (c) "SABAM Belgium 2019"
  • "Tete d Animal mysterieux" (Giorgio de Chirico/1975) (c) "SABAM Belgium 2019"
  • Avec son epouse, Giorgio de Chirico face a l un de ses autoportraits (photo non exposee) (c) "RAI"
  • "Melancolie hermetique" (Giorgio de Chirico/1919/62 x 49,5 cm) (c) "SABAM Belgium 2019"
  • "Portrait de Georgette au Bilboquet" (René Magritte/1926/55 x 45) (c) "Succession Rene Magritte" / "SABAM Belgium 2019"
  • "Giorgio de Chirico, aux Origines du Surréalisme", au "BAM", à Mons, jusqu'au 02 Juin
  • "Giorgio de Chirico, aux Origines du Surréalisme", au "BAM", à Mons, jusqu'au 02 Juin
  • "Giorgio de Chirico, aux Origines du Surréalisme", au "BAM", à Mons, jusqu'au 02 Juin
  • "Giorgio de Chirico, aux Origines du Surréalisme", au "BAM", à Mons, jusqu'au 02 Juin
  • "Giorgio de Chirico, aux Origines du Surréalisme", au "BAM", à Mons, jusqu'au 02 Juin
  • "Autoportrait" (Giorgio de Chirico/1949/40 x 30 cm) (c) "Musee d Art moderne de la Ville de Paris"
  •  "L Incertitude du Poete" (Giorgio de Chirico/1913/106 x 94 cm) (c) "Tate Images" / "SABAM Belgium 2019"
  • "La Melancolie d une belle Journee" (Giorgio de Chirico/1915/69,5 x 86,5 cm) (c) "SABAM Belgium 2019"
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