"Tumulus, Montagnes d'Eternité", au "Musée L", à Louvain-la-Neuve

écrit par YvesCalbert
le 06/01/2020
"Tumulus, Montagnes d'Eternité", au "Musée L", à Louvain-la-Neuve

Découvrons les secrets cachés sous ces rudimentaires collines de terre enherbées ou ces savantes constructions en pierre. De la préhistoire à nos jours, l’homme a édifié des tumuli, ces monuments au-dessus de sépultures individuelles ou collectives. Le tumulus révèle tantôt le statut social individuel, tantôt l’appartenance des défunts à une communauté. Il célèbre autant le prestige personnel qu’il borne les territoires. Il est un signal paysager, qui, à peine érigé, suscite la convoitise et, désormais, l’intérêt scientifique.

« En favorisant des lectures transversales pour percevoir les socles communs entres les cultures et les civilisations, ‘Tumulus, Montagnes d’Eternité’ s’inscrit parfaitement dans l’esprit du ‘Musée L’. Tous les tumulus et leurs matériels archéologiques nous disent la même chose: ‘l’au-delà est pensé’. Il est une préoccupation dépassant le cadre utilitaire de la vie quotidienne qui remonte déjà au paléolithique moyen. La mort fait l’objet d’un traitement particulier où vont intervenir les premiers gestes que l’on peut qualifier avec nos mots, d’ ‘artistiques’. Ces faits, qu’il faut se garder d’interpréter avec trop d’imagination, sont pourtant suffisants pour nous révéler un univers sacré souvent relié au cycle cosmique et une organisation sociale marquée par la solidarité humaine, qui nous sont encore proches », explique Anne Querinjean, directrice du « Musée L ».

« Le tumulus est emblématique de l’archéologie devenue science », indique Laurent Verslype, professeur à l’ « UCL » et commissaire de l’exposition.

En Afrique, aux Amériques, en Asie, en Océanie, en Europe, notamment… en Brabant wallon, à Court-Saint-Etienne, Glimes et Hotomont, le tumulus a traversé les continents et les siècles. On retrouve ce type d’impressionants monuments funéraires, qui revêt aussi une fonction de prestige et de délimitation du territoire, un peu partout dans le monde et dans les cultures, y compris dans nos régions.

Fustigé par Charlemagne (742-814), au nom du christianisme, quelles significations et superstitions véhicule-t-il ? Cette exposition se compose de cinq sections nous permettantn de saisir l’universalité de l’ensevelissement sous tumulus, à travers les âges, les continents et les cultures, appréhendant comment et pourquoi ils ont été conçus, comment ils étaient et restent perçus, comment ils ont été utilisés et réutilisés.

Dans la première section, grâce aux folklores et aux traditions populaires, ainsi qu’aux textes des auteurs antiques, aux récits de voyageurs ou encore à l’évocation de fouilles modernes, nous nous familiariserons avec la notion de tumulus.

La seconde section s’intéresse principalement à leur dimension universelle et intemporelle, mais aussi à la diversité de leur architecture : d’une construction élémentaire à une architecture sophistiquée. Les particularités des rites et des pratiques d’enfouissement, propres à chaque civilisation, sont également mises à jour, en passant des particularismes communautaires aux connaissances astronomiques ou encore aux démonstrations de prestige.

Nous découvrons une sélection de sites archéologiques régionaux en troisième section. Ces ensembles d’offrandes funéraires sont emblématiques de chaque grande période culturelle, de l’Ardenne au Limbourg, en passant par les régions scaldiennes. Elles témoignent de la personnalité des défunts, dont les sépultures ont été fouillées. Chaque vitrine nous présente un ensemble de mobilier témoignant du fonctionnement social et des usages funéraires des communautés de l’âge du bronze, des premier et second âges du fer, jusqu’aux périodes gallo-romaine et mérovingienne.

L’évolution de leur usage et leur réemploi à travers l’histoire, jusqu’à aujourd’hui, sont le sujet de la quatrième section. Si la taille imposante de la plupart des tumulus et leur position dans le paysage ont favorisé leur conservation, leur exceptionnelle longévité s’explique surtout par la pérennité de leur fonction funéraire, certains tumulus accueillant, en effet, une ou plusieurs tombes, de loin postérieures à leur érection. En Belgique, le tumulus de Momalle abrite même en son sommet la sépulture d’un citoyen… américain décédé au… 19e siècle. A cette notable exception, nous noterons qu’après le déclin de l’enfouissement sous tumulus, ces monuments ont été réemployés pour répondre à des usages parfois très différents de leur vocation première, pouvant revêtir un simple rôle urbanistique, voire militaire.

La fin du parcours s’intéressera, en cnquième section, à l’identité et à la perception du tumulus comme élément du paysage moderne et contemporain. Se pose, néanmoins, la question de la protection de ce patrimoine. Faut-il protéger ces monuments et comment assurer leur préservation ? Sous la pression croissante de l’automobile ou au cœur d’aires industrielles, comment en gérer l’environnement et le champ de vision s’ils sont protégés? En attendant, ils font partie du paysage, s’intègrant, aussi, dans les contes et légendes locales, tout en sachant qu’une entreprise belge de pompes funèbres en construit encore…

Pour réaliser cette exposition, le « Musée L » a bénéficié de prêts des « Musées Art & Histoire » (au « Cinquantenaire ») « Musées archéologiques d’Arlon » et « de Namur », « Musée des Celtes » (à Libramont), de l’ « AWap » (« Agence wallonne du Patrimoine », à Beez-Namur) et d’ « Archéolo J » (à Namur).

Sise au 3è étage du « Musée L », elle nous permet de (re)découvrir cet intéressant musée universitaire, aux collections des plus variées, de l’antiquité aux peintures de Paul Delvaux (1897-1994), René Magritte (1898-1967), Paul Delvaux (1897-1994), Pierre Alechinsky (°1927), …, en passant par des spécimens d’histoire naturelle, et des inventions scientifiques, aussi bien que par l’ethnologie, de l’ex-Congo belge au Tibet, en passant par les Touareg et bien d’autres ethnies…

Sur demande, une nouveauté au « Musée L » : nous avons, aussi, la possibilité de visiter la « galerie des moulages », qui nous permet de voyager dans les époques et les cultures, des centaines de moulages en plâtre se présentant à nos regards, l’ « UCL » étant la seule Université belge à nous présenter la sienne

La plupart de ces moulages proviennent de trois ateliers principaux : ceux d’Athènes, de Berlin et de Bruxelles. Ces copies d’oeuvres antiques, destinées aux chercheurs et aux étudiants, commençèrent à être réalisées lors de la création de la collection, à la fin du 19e siècle, l’idée de créer un musée, à Louvain-la-Neuve, datant des années 1910.

Au 21è siècle, le « Musée L » veut faire revivre cette vocation, permettant aux membres de l’ « UCL »de venir travailler dans la galerie, tout en nous permettant d’y accéder, car même s’il s’agit de copies, ces sculptures possèdent une valeur artistique, culturelle et patrimoniale.

Quelques mots sur le « Musée L » :

Après un changement de site et deux ans et demi de travaux de rénovation, par les architectes de l’ « UCL », qui veillèrent à la lisibilité des espaces intérieurs et à l’apport de lumière naturelle, le « Musée L » a été inauguré le 18 novembre 2017, étant, désormais, implanté dans l’ancienne bibliothèque des sciences, un remarquable bâtiment, imaginé par l’architecte belge André Jacqmain, nous offant, aujourd’hui, le musée universitaire belge bénéficiant de la plus importante envergure, à savoir une superficie accessible au public de 3.830 m2, pour une surface totale de 6.000 m2.

Grâce à la générosité de ses mécènes et d’importantes donations privées, comme celles de professeurs et chercheurs de l’ « UCL », qui rassemblèrent nombre d’œuvres et d’objets, dans un but d’enseignement et de recherche, à l’heure où internet n’existait pas, le « Musée L » est passé, en 40 ans, d’environ 4.000 à plus de 32.000 pièces muséales, dont 1.500 exposées, réunissant des oeuvres qui, autrefois, étaient disséminées en différents lieux du Campus.

A noter que la directice du « Musée L », Anne Querinjean, vient de recevoir, le 17 décembre 2019, le Prix « Leader Béwé de l’Année », un représentant du Jury, Paul Grosjean ayant déclaré : « Le rayonnement culturel du ‘Musée L’, créé à partir du pôle universitaire joue un rôle essentiel dans le développement de la communauté métropolitaine, s’étendant de Bruxelles à Louvain-la-Neuve et à Leuven ».

Ouverture de l’exposition : jusqu’au dimanche 19 janvier, du mardi au vendredi, de 09h30 à 17h, le samedi et le dimanche, de 11h à 17h. Prix d’entrée, incluant l’accès aux collections permanentes : 6€ (5€, à partir de 60 ans, habitants d’Ottignies-L.L.N. et amis du « Musée Hergé » / 3€, par personne {groupe de minimum 10 personnes}, pour les membres d’ « AUL » et d’ « UDA » / 2€, pour les 13-25 ans, les PMR et demandeurs d’emploi / 1€25, pour les « Art. 27 ». Guide du Visiteur (36 pages) : offert à l’accueil. A souligner : accessibilité des PMR dans l’ensemble du musée, ainsi que dispositifs de médiation adaptée, pour personnes porteuses de déficience auditive, mentale et visuelle. Site web : http://www.museel.be.

… Et, si nous le souhaitons, dans la même journée, nous pouvons (re)visiter, à proximité, le « Musée Hergé », l’occasion de vivre d’agréables moments au sein de la Ville piétonne de Louvain-la-Neuve. Site web : http://www.museeherge.com.

Yves Calbert.

  • "Tumulus, Montagnes d'Eternité", au "Musée L", à Louvain-la-Neuve
  • A Cerveteri (Italie), la necropole antique etrusque de Banditaccia (IXe-IIIe siecle avant notre ere)
  • Tumulus d Hottomont (50 metres de diamètre & plus de 10 metres de hauteur) (c) "SPW-AWaP"
  • Les tumuli royaux de Dilmoun, à A ali, au Bahrain (c) "Bahrain  Authority for Culture and Antiquities")
  • (c) Dominique Tournay/"TV Com"-"Vivre ici"
  • L une des vitrines mettant en valeur des ojets trouves lors de fouilles de tumuli (c) "EdA"
  • Selection d objets funeraires trouves par des archeologues (c) "EdA"
  • Une interessante collection permanente d antiquites (c) "Musee L"
  • Ethnologie africaine (c) "Kirkam"-"Musée L"
  • L impressionnante "galerie des moulages", visitable sur demane (c) "Musee L"
  • Inauguration du nouveau "Musee L" par la Princesse Astrid, le 18 novembre 2017 (c) "News"
  • Architecture de l ancienne bibliotheque des sciences, concue par Andre Jacqmain (c) "Musee L"
  • Anne Querinjean recevant son Prix de "Leader Béwé de l’Année"
  • "Tumulus, Montagnes d'Eternité", au "Musée L", à Louvain-la-Neuve
  • "Musee Herge", a Louvain-la-Neuve (C) Christian de Portzamparc/Photo : Jean-Pierre Remy
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