Dans tous ses éclats- à voir au CACLB de Montauban

le 11/07/2016
Tinka Pittoors et Bernard Gilbert

Dans tous ses éclats : Tinka Pittoors, Kris Fierens et Bernard Gilbert sont présentés dans des réalisations monumentales sur le site d’art contemporain de la province du Luxembourg.
Pour cette exposition-une initiative de la galerie Triangle Bleu, accueillie dans le magnifique petit écrin de verdure du Centre d’art contemporain à Montauban- Buzenol, cet été 2016, je laisse ici la parole… et fais place au discours d’ouverture et de bienvenue que le président, Benoît Piedboeuf, a adressé aux premiers visiteurs de cette très belle exposition :
« Quand le jour se fait fête, on s’habille de beaux habits, il en est ainsi partout dans le monde…la fête de l’Aïd la semaine dernière a vu s’éveiller toutes les gammes de blancs amples, soyeux et chatoyants, les enterrements africains explosent de couleurs et de coiffes, signes d’une exubérance vitale, d’une célébration festive et bruyante pour un départ en fanfare, chez nous le mariage où la réception s’habillent de classe, de noir et blanc, puis d’accessoires, foulards ou cravates, pinces ou broches, nœuds papillons quelquefois.
Et à propos de papillons, un sanctuaire, éphémère, comme tout le reste ou presque, est installé aujourd’hui pour célébrer ce volatile de nos nuits et de nos jours, constatant la brièveté de leur vie et, qui sait, de la nôtre, attirés que nous sommes aussi par des lumières d’illusions et de chandelles à brûler par les deux bouts.
Notre centre, notre composition métallique, froide et mate, mais lumineuse lorsque l’on est dedans, s’est mise aujourd’hui dans ses plus beaux habits de fêtes, des accessoires de toutes sortes, des parements colorés et festifs pour célébrer la luxuriance de la nature et son impressionnante vigueur, pour célébrer dix ans de mariage aussi avec ces lieux magiques, imprégnés d’un passé mais riches d’un présent et convaincu d’un futur. C’est le centre dans tous ses éclats.
La nature aussi s’est mise sur son trente et un, se poussant de partout pour former un écrin et accompagner les élancements des uns, les interprétations des autres, les célébrations de tous.
Kris Fierens a ouvert la cérémonie avec son arche élancée signifiant une signature dans le ciel, illustrant cette envie que l’on aurait de s’envoler, de monter haut, jouer avec les nuages, rivaliser d’aisance avec les oiseaux fins qui ponctuent le ciel. Son invitation à mettre le nez en l’air est un rappel que la vie, si elle vient de la terre et de l’eau, vient aussi de la lumière.
On ne sait pas si son signe est un oiseau, un poisson, un sourire, une moustache ou, une manivelle pour déclencher un voyage dans le temps, en ces lieux d’histoires. Une remontée qui conduirait aux pages blanches de ses impressions dans le haut du bureau des forges, qui passent du blanc aux couleurs douces, comme étant, en deux dimensions, le début d’une vie qui se concrétise, prend forme, s’arrondit et s’émancipe progressivement, menant qui sait, sur ce chemin bétonné qui ramène les pieds sur le sol mais ouvre l’esprit à se libérer, par la certitude de l’assise solide.
De la vie à la mort célébrée, des papillons, Tinka Pittoors nous prend ensuite par la main pour nous emmener d’abord sur le chemin mouvant d’une œuvre en devenir, dont nous faisons partie sans le vouloir quand notre corps s’abandonne au mouvement que le film, rythmé par des chocs sonores, nous entraine au tournis. Sans doute pour nous aider à monter le colimaçon sonore qui conduit à l’étage. Parce que si vous êtes attentifs vous entendrez les marches vous accompagner vers son univers singulier et coloré, d’enchevêtrements qui sont signes de vie mais aussi de mystère. Ses excroissances sur pieds, sont-elles le produit d’une dégénérescence atomique, ou le jeu laissé libre de transformations morphologiques.
Sont-ce des sucreries pour attirer les Hansel et Gretel d’un futur chaotique, ou est-ce simplement l’expression d’une joie ludique et d’une expression en trois dimensions des exubérances du cœur et de l’esprit ; est-ce prison ou liberté ?
Quelle que soit la vision de chacun, c’est une vie qui éclate, qui renaît qui triomphe d’un chaos possible, qui gagne toujours comme la nature ou la forêt auxquelles le temps donne toujours raison. Les couleurs de l’arc-en-ciel sont toutes là mais on ne sait, si on se trouve après l’orage ou s’il va seulement venir. Une œuvre qui marque une époque, notre époque.
Et, donnant un écho à ce chaos probable ou possible, Bernard Gilbert présente lui en deux dimensions le contexte d’ombres et de lumières, de tonalités qui s’estompent ou s’illuminent, sortes d’interrogations d’un début ou d’une fin.
En parfait dialogue avec l’œuvre de Tinka, il y a une résonnance qui rassure en quelque sorte, parce que signifiant qu’il y a des causes et des conséquences.
Et quand on veut s’abstraire et intégrer dans la vision globale des lieux intérieurs, l’interaction des images de la nature extérieure, on sent un souffle, un courant, on sent surtout que l’abstraction de Bernard, comme toutes les vraies abstractions est une émotion, l’expression d’un ressenti profond.
Puis quand on a ressenti ce mariage entre tous les éléments de ce lieux et de ces installations, il faut gravir les quelques marches qu’il reste pour s’en aller plonger dans sa création inédite, explosion de vie, respiration naturelle, véritable festival et grande fête de cette luxuriance environnante.
C’est un chant de vie et d’amour, c’est une joie qui s’exprime, c’est une lumière qui virevolte, un bonheur perceptible d’être là et, une vraie compréhension du lieu. C’est pour moi, c’est pour nous, un aboutissement de voir et ressentir cet habillage fantastique.
Puis comme pour nous donner sa parfaite compréhension de l’histoire de ces lieux, enrichis par notre espace, Il s’en va redonner une déclinaison nouvelle aux pierres du passé, offrant à la lumière du jour ou de la nuit, l’occasion de jouer des tonalités nouvelles. Et ces coloris de jaunes, de verts, de rouges sont une invitation à poursuivre le chemin vers le site archéologique où nous attend un nouveau choc, une merveilleuse vibration des arbres entre eux, ou vibration des fils tendus avec le vent. On ressent une connexion, une connivence entre les habitants de ces lieux, l’un semblant être le primus inter pares auquel tous les autres se rattachent ou se réfèrent à travers ces lignes de couleur rouge sang.
Il faut venir tôt enveloppé du chant des oiseaux, puis approcher de l’arbre central et écouter ces vibrations filiales ou fraternelles, successives ou concomitantes. C’est une transformation douce de l’espace et cela rénove notre perception et illumine le site d’une appréciation nouvelle.
Toute cette magie installée pour nous se marie parfaitement avec les habitants restés sur place, Bertrand Flachot dont le conteneur nous ouvre les bras pour une renaissance annuelle, Chris Rabaud dont les bois accueillent repos et objets ,et, même,cette année de jolies fesses présidentielles ; Aurélie Slonina qui tapisse le sol de ses herbes folles recoiffées chaque année et Puis Xavier Dumont et Monique Calande dont les gestes métalliques font résonner le lieux chaque année et donne un écho particulier aujourd’hui à l’œuvre de Kris Fierens, l’invitant à plonger sa canne dans l’eau des étangs ou lieu d’aller à la pêche céleste des illusions perdues.
Une belle saison grâce à Alain et au Conseil culturel, grâce à Stéphanie et Audrey, grâce aussi, et c’est une mention particulière, au Triangle bleu de Stavelot, commissaire de l’exposition de Tinka, Kris et Bernard. Merci à Marie-Claire Goose et Francine Jacques .
Un coup chapeau à Laurent Trezegnies, lauréat de la jeune sculpture en 2014
Une belle saison aussi grâce à vous tous venus nous apporter vos émotions.
BP 09.07.2016
L’exposition est accessible jusqu’au 4 septembre 2016- Du mardi au dimanche de 14h30 à 18h et sur rdv.
Voir : www.caclb.be

  • Tinka Pittoors et Bernard Gilbert
  • Fresque de Bernard Gilbert
  • Sculpture de Kris Fierens
681 lectures
User default img
Marie-Laure.Vrancken