Le Retour d' "Hiroshima mon Amour" restauré, à Namur, le 23 Mai

écrit par YvesCalbert
le 23/05/2017
Le Retour d' "Hiroshima mon Amour" restauré, à Namur, le 23 Mai

En version fraîchement restaurée, les cinéphiles auront la chance, ce 23 Mai, à 12h et 20h, d'assister au retour sur l'écran du "Caméo", à Namur, d' "Hiroshima mon Amour" (Alain Resnais/Fra.-Japon/1959/92'/sur un scénario de Marguerite Duras/avec Emmanuelle Riva & Eiji Okada), dans le cadre des "Classiques du Cinéma", du Secteur Cinéma de la Province de Namur.

Ce long-métrage reçu, en 1959, à Paris, le "Prix Méliès"; en 1960, en France, le "Prix du meilleur Film" du "Syndicat français de la Critique du Cinéma"; en Italie, le "Prix du meilleur film étranger" du "Sindacato Nazionale Giornalisti Cinematografici Italiani"; au Royaume-Uni, le "Prix spécial" de la "British Academy of Film and Television Art"; et, enfin, aux Etats-Unis, le "Prix du meilleur film étranger" du "New York Film Critics Circle Awards".

Synopsis: "Une actrice française se rend à Hiroshima pour tourner un film sur la paix. Elle y rencontre un Japonais qui devient son amant, mais aussi son confident. Il lui parle de sa vie et lui répète: 'Tu n’as rien vu à Hiroshima'. Elle lui parle de son adolescence, à Nevers, pendant la seconde guerre mondiale, de son amour pour un soldat allemand et de l’humiliation qu’elle a subie à la Libération."

58 ans après le tournage du premier long-métrage d'Alain Resnais (1922-2014), nos mentalités ont considérablement évolué. Ainsi, à l’époque, on l’a bien oublié, aujourd'hui, ce film heurta. N'y voyait-on pas, oh scandale, un couple ... en sueur, après l’amour.

Confrontée à la sortie de ce film à des critiques sur son contenu, sa scénariste, Marguerite Duras (1914-1996) - quoique nommée pour l'obtention de l' "Oscar du meilleur Scénario origninal", à l'occasion de la 33ème "Cérémonbie des Oscars", en 1961 - n'hésita pas à rédiger une lettre ouverte,écrivant: : « Nous n'avons eu, en faisant ce film, aucun objectif patriotique ou antipatriotique. Nous avons voulu faire un film sur l'amour. Nous avons voulu peindre les pires conditions de l'amour, les conditions les plus communément blâmées, les plus répréhensibles, les plus inadmissibles. Un même aveuglement règne du fait de la guerre sur Nevers et sur Hiroshima. »

Evoquant Marguerite Duras, née à Saïgon, n'oublions pas qu'elle obtint le "Prix Goncourt", en 1984 pour son roman "L'Amant", dans lequel elle évoquait son adolescence en Indochine et ses « périodes cachées », évoquant ses relations difficiles avec sa mère, l'amour qu’elle portait à son petit frère, son attirance physique pour une camarade au pensionnat, sans oublier sa relation avec un Chinois de dix-sept ans son aîné. Ce roman connut, sous le même titre, une adaptation au Cinéma (Jean-Jacques Annaud/Fra.-UK/Vietnam/ 1992/ 115').

Mais revenons à "Hiroshima mon Amour", un nom de ville évoquant toute l'horreur d'un cruel bombardement atomique, ce film nous rappelant, aussi, que des femmes françaises, coupables d’avoir aimé des soldats allemands, furent tondues, en France, à la Libération.

Ainsi, cette fiction nous offre un parallèle historique, favorisé par Emmanuelle Riva (1927-1917), interprétant, à 32 ans, une actrice française venue dans la ville japonaise y tourner un film sur la paix. Elle y rencontre un architecte nippon (joué par Eiji Okada), leur liaison ardente réveillant le souvenir traumatisant de sa jeunesse, à Nevers, où elle aima un soldat allemand.

Il y a quelques semaines, nous avions encore pu la voir, à l'écran, aux côtés de Pierre Richard (°1934), à l'occasion de la sortie en salles de "Paris Pieds nus" (Dominique Abel & Fiona Gordon/Bel.-Fra./83'/tourné en 2015, alors qu'Emmanuelle Riva était âgée de 88 ans).

... Mais c'est le film "Amour" (Michael Haneke/Fra.-All.-Aut./1992/127'/avec, à ses côtés, Isabelle Huppert et Jean-Louis Trintignant/"Palme d'Or" au "Festival de Cannes" 2012/"Oscar du meilleur Film étranger" 2013/ lauréat de 5 "César" 2013), qui lui permit de décrocher le plus de prix personnels, dont, comme "meilleure Actrice", le "César" 2013, le "Prix du Cinéma européen" 2012 et le "Prix Lumières" 2013, en France; le "BAFTA" et le "London Film Critics Circle Awards", au Royaume-Uni, en 2013; ainsi que 4 Prix aux Etats-Unis, en 2012: aux "Los Angeles Film Critics Association Awards", "Boston Society of Film Critics", "New York Films Critics Online Awards" et "National Society of Film Critics Awards"; étant récomprensée du "Prix Marguerite Duras" 2012, pour l'ensemble de sa carrière.

Quant à Alain Resnais, il reçut 3 "César du meilleur Film" ("Providence", 1978, "Smoking/No smoking", 1994, et "On connait la Chanson", 1998), les 2 premiers films cités lui offrant, également le "César du meilleur Réalisateur". Entre autres, il reçu également un "Oscar du meilleur Court-Métrage en deux Bobines" ("Van Gogh", 1950); étant primé 3 années, au "Festival de Cannes" (en 1980, pour "Mon Oncle d'Amérique", les "Grand Prix du Jury" et "Prix FIPRESCI de la Critique internationale"; en 2009, pour "Les Herbes Folles" et l'ensemble de sa carrière, le "Prix exceptionnel du Jury"; et, en 2014, à titre posthume, à la "Quinzaine des Réalisateurs", pour l'ensemble de son oeuvre, le "Carosse d'Or"); étant primé 3 années à la "Berlinale" (en 1994, pour "Smoking/No smoking", l' "Ours d'Argent"; en 1998, pour "On connait la Chanson" et l'ensemble de sa carrière, l' "Ours d'Argent"; et en 2014, pour son ultime réalisation: "Aimer, boire et chanter", le "Prix Alfred Bauer"); et étant primé 3 années à la "Mostra de Venise" (en 1961, pour "L'Année dernière à Marienbad", le "Lion d'Or"; en 1963, pour "Muriel ou le Temps d'un Retour", le "Prix de la Critique internationale"; et en 2006, pour "Coeurs", le "Lion d'Argent de la meilleure Mise-en-Scène").

Avec "Hiroshima mon Amour", le Service Cinéma de la Province de Namur et "Les Grignoux" nous offrent donc une bien belle opportunité de retourner à la rencontre de deux grandes personnalités du Cinéma français, grâce à ce film qui fit scandale, à l'époque de sa sortie. Ainsi, à Paris, le "Ministère des Affaires étrangères" tenta, en vain, en 1959, de s'opposer à sa sélection officielle pour le "Festival de Cannes".

... Mais bien à l'opposé de cet avis négatif du Gouvernenement français, les critiques furent élogieuses. Ainsi, dans les "Cahiers du Cinéma", l'on évoqua une "modernité du film, bouleversant l'histoire du cinéma", le "Figaroscope" y voyant un "chef d'oeuvre envoûtant du 7ème art", Claude Chabrol disant que c'était "le plus beau film que j'aie vu en ... 500 ans" (sic), Jean-Luc Godard écrivant "je me souviens avoir été très jaloux d' 'Hiroshima mon Amour', ça c'est bien et ça nous a échappé, on n'a pas de contrôle là dessus." Pour Jacques Morice, "Télérama", enfin: "Voilà un classique qui a prêté le flanc à la ­caricature: quel étudiant potache ne s'est pas gargarisé un jour de la formule: 'Tu n'as rien vu à Hiroshima, rien'. A le revoir, on est frappé par la vaillance du geste d'alors, qui brisait des tabous encore imposés dans le camp des vainqueurs, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. La sueur et le sable, les cendres et le salpêtre sont évoqués dans cette suite de fragments poétiques et musicaux, qui disent l’union et la désagrégation, la joie et le chagrin. L’émotion des personnages est si forte qu’elle devient vertige, balancement continu des contraires. L'émotion des personnages est si forte qu'elle devient vertige, balancement continu des contraires. Riva est inoubliable en femme moderne, adultérine et hagarde, terrassée par la maladie de l'amour."

Yves Calbert.

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