Le livre noir des tyrans

A supposer que l’on puisse comparer Patrick Weber (diplômé en histoire de l'art) à Stéphane Bern (diplômé en commerce) de par l’intérêt des deux hommes à la monarchie, même si leur style est bien différent, pour une fois il s’agit ici d’un livre non dédié aux têtes couronnées, quoique…

Si le côté obscur de la Force vous attire, ce livre est fait pour vous.

Patrick Weber montre au lecteur une thématique particulière vue à travers l’histoire et la géographie : la tyrannie (exercée par près de quatre-vingt tyrans).

On est souvent loin des régimes démocratiques (même si la démocratie est née à Athènes) comme vous allez vous en rendre compte. Par contre la manière dont les démocraties du 20ème siècle se sont alliées aux régimes dictatoriaux pose aussi question (la crainte du communisme a souvent été invoquée).

J’ai particulièrement aimé deux aspects : d’une part, le choix des tyrans (certains bien connus tels que Napoléon ou César et d’autres étant pour moi une parfaite découverte tels que Heliogabale ou Houari Boumediene) et d’autre part, la couverture par zone géographique (Asie, Amérique latine, Europe, Afrique). Le livre m’a aussi rappelé mes cours d’histoire portant sur l’empire romain. Il envisage des cas particuliers comme « le tyran bienveillant » (Pisistrate d’Athènes) ou les femmes en position de pouvoir (Cléopâtre) dont certaines furent mêmes couronnées (Tseu-Hi, Catherine la Grande). Il rappelle si besoin en était encore, le danger qu’ont représenté pour leur peuple, les tyrans communistes (plus de 100 millions de victimes à travers le monde sous la « tyrannie rouge ») et fascistes (« la tyrannie noire ») sans parler des autres formes de totalitarisme. J’ai été notamment fasciné par les techniques de manipulation des foules, les critères déterminant le choix du recours à la force pour arriver au pouvoir par le « candidat tyran », les jeux de pouvoir, l’abus de pouvoir voire une méthode de maintien au pouvoir via des systèmes mafieux de détournement d’argent (Ben Ali), le rôle de la folie dans l’exercice du pouvoir (Néron), le cas de la tyrannie en famille (les « Kim » en Corée du Nord) et l’impact des religions sur la prise de pouvoir (Alexandre VI, le pape tyran ou le cas de l’exilé Khomeiny).

Bref, un livre intéressant tant pour les historiens que pour les politologues, mais surtout accessible à tout un chacun. Il souligne à quel point la démocratie demeure fragile même et surtout de nos jours...