Interview de l’équipe du film « Le crabe », lauréat du Prix du meilleur court métrage du 22e FIFF

écrit par admin
le 02/01/2008
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Interview de l’équipe du film « Le crabe », lauréat du Prix du meilleur court métrage de la Communauté française de Belgique du 22e FIFF
Voici déjà trois mois – et oui, le temps passe vite – nous interviewons à Namur l’équipe du court métrage belge « Le crabe », composée de ses deux acteurs principaux (Vincent Lecuyer et Jean-Jacques Rausin) et de ses deux co-réalisateurs (Christophe Hermans et Xavier Seron). Bien nous en a pris puisque le film a remporté un très beau Prix dans la capitale wallonne. Nous n’avons malheureusement pas eu l’occasion de publier plus tôt cet entretien. L’occasion nous est à présent donnée de remédier à cela.
La carrière du film que nous évoquons ne fait que commencer puisqu’il vient d’être projeté à Bruxelles au Pathé Palace à l'occasion de la fête du cinéma belge et qu’il est d’ores et déjà sélectionné au festival Premiers Plans d'Angers ainsi qu'au Festival international du film d'amour de Mons.

photo 01=Animal relativement dangereux dixit Xavier Seron, l’Autruche l’est-elle davantage que Bertrand (Jean-Jacques Rausin) ? Pas sûr…

Vincent Lecuyer, on a pu vous voir dans plusieurs films déjà. Je pense notamment à « Alice et moi », « Ultranova » ou encore « Missing ». En outre, vous serez je crois à l’affiche du très attendu « JCVD », qui porte sur la vie du plus aware des acteurs belges. Quelle est votre actualité pour le moment et quels sont vos projets ?

J’ai des projets principalement au théâtre avec une pièce qui s’appelle « Genèse n°2 ». Puis je vais mettre en scène un texte que j’ai écrit, au théâtre également. Il s’agit principalement de cela. (NdA : des mois de janvier à mai prochains, le spectacle « Genèse n°2 » sera présenté successivement à Paris, Valenciennes, Orléans et même Ottawa)

Jean-Jacques Rausin, permettez-moi de vous demander à votre tour quelle est votre actualité ?

J’ai terminé mes études à l’IAD. Là, je viens de terminer le tournage du film de Jacques Molitor « En compagnie de la poussière ». Donc j’attends avec impatience le résultat. J’écris moi-même en fait un court métrage et j’espère pouvoir aussi passer du côté de la réalisation. Je fais aussi une apparition dans le prochain film de Bouli Lanners, « Eldorado ».

On retrouve dans « Le crabe » un plan avec de la lumière dans un tunnel, plan qui vient je crois de « Rien d’insoluble »… Pourquoi avoir choisi de réinsérer ce plan ?

Xavier Seron. Je ne sais pas, je pense que ça s’est fait un peu de manière inconsciente. On avait ces plans. On s’est dit « tiens, ça fait " Rien d’insoluble " ». On a réfléchi quant à savoir si on allait les garder ou pas et puis on les a gardés. Tout simplement.

En quelle mesure le travail avec les fluides vous intéresse-t-il ? Je pense au gros plan sur le distributeur de savon…

Christophe Hermans. C’est simplement pour avoir une attaque au début de la séquence, avoir un côté un peu visqueux qui peut prêter à rire. Mais derrière ça, il n’y a rien d’autre je pense. Pour ce plan-là en tout cas.

Peut-on y voir la jouissance pour Roberto de se débarrasser de son personnage ?

C.H. Il y a ça mais il y a aussi le fait que le personnage de Roberto enlève progressivement son maquillage de comédien pour redevenir l’homme voire l’enfant qu’il était autrefois.

photo 02=Roberto rend le sourire à Bertrand

En matière de direction d’acteurs, vous avez été dirigés j’imagine de façon très différente dans le sens où l’un de vous joue tout en retenue tandis que l’autre doit se lâcher un maximum…

V.L. En effet, c’est vrai que c’était très ciblé en fait… C’était vraiment très personnel. Ils me parlaient beaucoup justement de retenue comme vous dites, de donner le moins d’indices possible. Donc on était assez d’accord là-dessus.

J.-J.R. C’est un personnage avant toute chose qui est excentrique quelque part. Donc c’est quelqu’un qui est assez maniaco-dépressif, donc qui exprime une souffrance en se lâchant, en étant extravagant. Donc effectivement il lui arrive d’avoir des excès.
Xavier m’avait déjà dirigé dans « Rien d’insoluble » et dans d’autres courts métrages. Ici, Christophe était là aussi et ça s’est très bien passé. Comme eux ils se connaissent très bien tous les deux finalement, ils deviennent très complémentaires au niveau de la direction ou de leur travail en général. Je connaissais déjà leur travail avant donc.

V.L. La première chose qu’on voit de Jean-Jacques ou de moi est une chose assez différente. Il faut donc trouver le point de rencontre de ces deux univers-là, de ces deux univers physiques, des voix et des énergies. Le point de rencontre – ils ont un peu travaillé, on a un peu discuté de ça – c’était un peu comme une histoire d’amour, de couple : l’admiration de l’un pour l’autre et la tendresse qui se dégageait. Donc on a travaillé comme si c’était un peu un couple avec des énergies qui se séduisent.

J.-J.R. Au début, pendant les répétitions, on s’est vraiment rendu compte de ce jeu de séduction, que le personnage de Bertrand et le personnage de Roberto étaient finalement très liés, avaient besoin l’un de l’autre. Bizarrement Roberto avait aussi besoin de Bertrand. Donc moi je pense qu’il y a vraiment une histoire d’amour-séduction derrière.

photo 03=Roberto et Bertrand, unis par un certain rapport de séduction ?

Jean-Jacques Rausin, j’ai beaucoup aimé la scène de la voiture où Bertrand mange des chips, boit de la bière et entonne avec beaucoup d’enthousiasme la chanson de Pim le lutin. On a le sentiment que vous avez pris un vrai plaisir à jouer cette scène. Est-ce que vous pouvez nous en parler ?

J.-J.R. Je me trompe peut-être mais je crois qu’on était parti sur des dialogues, sur quelque chose d’écrit, et puis on est parti sur des improvisations en fait par après avec Xavier et Christophe. Ce qui était assez agréable, c’est qu’on avait une certaine liberté pour jouer et donc à partir de ce moment-là, ça donne évidemment aux comédiens des moments de bonne improvisation et donc l’occasion de se lâcher d’autant plus et c’est là que j’ai trouvé mon bonheur comme vous dites.

Qu’est-ce qui vous a poussé vous, Christophe Hermans et Xavier Seron, à travailler ensemble ?

C.H. On a commencé l’IAD en même temps, en 2001, et ça fait maintenant sept ans qu’on se connaît. On a toujours été assistant-réalisateur l’un chez l’autre, que ce soit moi dans ses fictions et Xavier dans mes documentaires. Et ici, outre l’amitié qui nous unit, on avait envie d’essayer une co-écriture et une co-réalisation. Il s’agit de notre premier bébé.
Pour moi, c’est un beau cadeau que Xavier m’a fait de pouvoir partager avec lui une co réalisation parce que je suis vraiment un amoureux de ses films et de son univers. Pouvoir m’unir dans la co-écriture et la réalisation avec lui, c’était un réel bonheur. Pouvoir partager mon univers du documentaire et pouvoir l’unir à celui de Xavier, c’était vraiment très chouette. Avant toute chose, c’est le prolongement d’une amitié.

Combien de films aviez-vous réalisés jusqu’ici ?

C.H. C’est ma première fiction, après deux documentaires. « Poids plume », qui était mon fin d’études de l’IAD, et un autre documentaire de court métrage, qui s’appelle « Jeu de dames ».

X.S. Quant à moi, il ne s’agissait pas de ma première fiction. Il y avait « Rien d’insoluble » avant, qui est mon fin d’études. Maintenant, quand on parle de films, avec Jean-Jacques, j’avais déjà eu une expérience avant mais c’est un film qui reste dans les murs de l’IAD – « Je me tue à le dire » - qui était le film de troisième année et c’est depuis lors qu’on bosse tous les deux.

Pourquoi avoir choisi de tourner en noir et blanc ?

C.H. En réalité, c’est parce qu’on avait vu le court métrage de Micha Wald - « Alice et moi » - en noir et blanc avec Vincent Lecuyer. Le fait est que Vincent ne voulait pas tourner dans un film en couleurs donc du coup on a voulu négocier avec lui. Ca a pris pas mal de temps mais en fin de compte, comme Xavier avait déjà fait « Rien d’insoluble » et que Jean Jacques était habitué au noir et blanc… Vincent ne supporte pas la pellicule couleur, c’est épidermique. (ils rigolent)
Plus sérieusement, c’est le prolongement d’une esthétique qu’il y avait déjà sur le film « Rien d’insoluble » et puis c’est un désir commun qu’on avait, avec des films tels que « Pi » d’Aronofsky, « La liste de Schindler » ou encore « C’est arrivé près de chez vous ». Il s’agit d’une esthétique qui nourrit un peu notre film.

Un petit mot sur cette image qu’on peut qualifier de granuleuse ?

X.S. Là de nouveau, c’est une question de goût. Il y a vraiment ce goût du noir et blanc et du grain, d’une image qui n’est pas spécialement propre et qui se prête bien à cet univers, qui donne ce décalage. Comme disait Christophe, c’était déjà une image qui était là sur « Rien d’insoluble » et je crois qu’on a voulu encore aller plus loin et l’image est encore plus contrastée.

photo 04=Une image pas vraiment propre mais tellement belle, c’est aussi ça « Le crabe »

Et le travail sur le son, qui est vraiment superbe ?

X.S. On avait d’excellents ingénieur du son et preneur de son. C’était des types fabuleux. Ils ont fait un gros travail et un beau travail de montage et puis de mixage, la filière classique du son. On a essayé d’avoir des ambiances et pas simplement quelque chose de purement naturaliste, qui serait de l’illustration de séquences. On voulait avoir un univers et appuyer ce décalage aussi.

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