Le musée virtus(tuel) de la Ville d'eaux - n° 25 Panneau publicitaire

le 19/05/2020

A votre avis, qu’est-ce donc ? Une plaque émaillée ? Une affiche papier ? Attendons de voir…

Vous avez bien sûr reconnu « Le » pierrot, la Corporate Image de Spa-Monopole, son image de marque, devenue celle de la Ville de Spa.

Il s’agit de la première version du pierrot,celle sur fond noir. Dans les années 50, le fond deviendra bleu.

Créé en 1923 par le dessinateur français Jean d’Ylen (1886-1938), auteur également de la publicité pour le « Balsam de Beukelaer » et « le Cristal Chaudfontaine », le célèbre pierrot était destiné à promouvoir l’eau gazeuse embouteillée par la toute jeune société Spa Monopole, qui avait acquis le 1er mai 1921 le monopole effectif des sources de la ville et remplaçait la Compagnie fermière.

En 1926, le même auteur créera, pour l’eau Spa Reine, une très jolie « pierrette » mais sa notoriété n’atteindra jamais celle de son homologue masculin ( voir lien ).

La figure du pierrot vient de Pedrolino, personnage de la Commedia dell’arte qui va donner naissance au pierrot français à la fin du 17e siècle. Mais, contrairement au personnage classique, lunaire, rêveur et pathétique, le pierrot de d’Ylen est « spitant », dynamique, rouge et en action. Il tente sans succès d’arrêter le jaillissement de « l'eau qui pétille ».

Cette publicité est percutante. La simplicité d’exécution, l’économie des moyens et les couleurs tranchant sur le fond noir sont une vraie réussite qui contribuera au développement des bénéfices de la société minéralière, ainsi que l’atteste un courrier de félicitations envoyé par le chevalier de Thier, administrateur de Spa-Monopole, à la société parisienne Vercasson, détentrice de l’exclusivité des affiches de Jean d’Ylen.

Sorti depuis longtemps du domaine de l’affichage pour devenir la mascotte de la firme, le pierrot s’est retrouvé sur différents supports et objets. Un peu passé de mode à la fin des « Golden Sixties », on a quelque peu stylisé sa silhouette et il a retrouvé une nouvelle jeunesse, notamment en étant imprimé en relief sur les différentes bouteilles de la firme.

Petite anecdote, avant la guerre, les gamins du Vieux-Spa jouant à saute-mouton avaient rebaptisé le jeu en « djower à Monopole », jouer au ( pierrot de Spa) Monopole.

Ce n’est donc ni une plaque émaillée, ni une affiche papier mais bien un verre églomisé. Cette technique consiste à peindre au revers d’une vitre de façon à ce que le motif soit vu à travers l'épaisseur du verre. En l’occurrence, la peinture est une sérigraphie protégée à l’arrière par une tôle de zinc, le tout serti dans un encadrement en bois noir.

Le pierrot sera un des éléments incontournables de notre exposition 2021 consacrée, entre autres, au centenaire de la firme Spa-Monopole.

Rappelons encore qu’un « Club Pierrot » fut créé en 1957 pour les enfants de moins de 15 ans. Ces derniers recevaient une revue gratuite et de petits cadeaux. Cette aventure s’arrêta en 1966. En revanche, la Confrérie du Pierrot de Spa-Monopole est toujours active. Né en 1986, ce qui était au départ un groupe carnavalesque prit très rapidement la forme d’une confrérie, officiellement reconnue par Spadel, chargée « de promouvoir le pierrot et de représenter partout et toujours la marque et le renom de nos eaux ».

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Détails du panneau

Dimensions : hauteur : 93 cm / largeur : 53 cm

Epoque : 1924

Technique : verre églomisé

N° d’inventaire : R0850 ( don de M. et Mme Toussaint )

Photographies : Monique Noé (2011)

Bibliographie :

Delvaux, Béatrice, La vie est nulle sans eaux … et sans pub, in journal Le Soir, 22 août 1986

Les origines du Pierrot de Spa, in Réalités, n°121, mai 1993.

Notes de Constant Collard sur la Confrérie du Pierrot, manuscrit, s.d.

http://buttes-chaumont.blogspot.com/2011/01/jean-dylen-1886-1938.html