Annee de la biodiversite

écrit par admin
le 23/12/2010
 Annee de la biodiversite

Progrès au niveau international, mais manque de concrétisation au niveau européen. Le mouvement environnemental évalue la présidence belge de l’Union européenne
Le dernier Conseil européen de l’environnement sous la présidence belge de l’Union européenne s’est déroulé ce lundi 20 décembre. La ministre flamande de l’environnement, Joke Schauvliege, qui a présidé ce Conseil durant 6 mois, y a donc clôturé un programme chargé de rencontres européennes et internationales de haut niveau. Le bilan final est positif au niveau international, où les équipes de négociation ont montré leur force, et des progrès ont été réalisés sur des dossiers importants tels que la biodiversité. Cependant Bond Beter Leefmilieu, BRAL, IEB, IEW, Greenpeace, Natagora, Natuurpunt et le WWF attendaient plus de résultats concrets au niveau européen.

Biodiversité : la percée internationale
En cette année internationale de la biodiversité, celle-ci était un des quatre thèmes prioritaires de la présidence belge. Le mouvement environnemental considérait donc qu’il était important que la présidence joue un rôle de leader sur ce dossier, tant au niveau international, en tant que représentant de l’UE lors de la conférence des Nations-Unies sur la biodiversité à Nagoya (Japon) en octobre, mais aussi au niveau européen, avec la mise au point d’une nouvelle stratégie européenne pour la biodiversité.
La conférence de Nagoya a permis de conclure trois accords importants : un nouveau plan stratégique pour arrêter la perte de biodiversité, un protocole ABS (Access and Benefit Sharing) qui garantit l’accès aux ressources génétiques et le partage des bénéfices qui en découlent, et un accord sur le processus destiné à aboutir à une stratégie financière.
Sabien Leemans, coordinatrice politique du WWF-Belgique, explique que « la présidence belge a collaboré à cette percée en faisant preuve de leadership au niveau du plan stratégique, mais elle n’a pas réussi à mettre les Etats membres d’accord sur des objectifs ambitieux sur le financement. »
Par ailleurs, les succès de Nagoya n’ont pas été transposés de façon suffisante au niveau européen. Même si le retard de la stratégie européenne pour la biodiversité peut être attribué à la Commission européenne, les conclusions du Conseil restent aussi vagues sur l’application des résultats de Nagoya au niveau européen. Sabien Leemans rajoute : « C’est crucial d’intégrer la biodiversité dans les autres domaines politiques comme la pêche et l’agriculture. Ce manque a été une des raisons de l’échec des objectifs pour la biodiversité en 2010. Cette intégration a été mentionnée dans les conclusions du Conseil environnement. Mais pour qu’une réelle intégration se fasse, il faut que les dispositions de Nagoya soient confirmées par les autres Conseils. Et ce n’est pas le cas. »

Climat : la présidence se pose en médiatrice
Après la déception du Sommet de Copenhague, le débat sur le climat se devait de trouver un second souffle. La présidence belge avait pour mission délicate de remettre l’EU dans le clan des partenaires sur lesquels il faut compter, et de récupérer un rôle de leader au sommet de Cancun.
La position de base pour les négociations de Cancun a été définie au Conseil environnement du 14 octobre. La question sur les lèvres de tous était de savoir si la présidence belge arriverait à faire passer un objectif unilatéral de réduction de 30% des émissions de gaz à effet de serre. Mais ce ne fut pas le cas. “La présidence belge avait une possibilité réelle de faire des progrès sur ce dossier et de renforcer de façon significative la position européenne pour Cancun,” explique Michel Genet, directeur exécutif de Greenpeace Belgique. “Mais elle en a fait trop peu, par crainte des réactions des Etats membres comme la Pologne et l’Italie. C’est une opportunité ratée.”
A Cancun, des pas importants ont été réalisés vers un accord global et contraignant sur le climat. L’accord de Cancun reconnaît la nécessité de limiter le réchauffement climatique à 2°C, et rappelle que les pays industrialisés doivent faire des efforts supplémentaires dans ce but. Un fonds pour le climat a aussi été créé.
La présidence belge vante le résultat de Cancun comme une de ses plus grandes réalisations. C’est vrai que l’Europe, sous la direction belge, a repris un rôle de médiateur. En se montrant notamment ouverte à une deuxième période d’engagement sous le protocole de Kyoto, elle a restauré la confiance des pays en développement. Par contre, sur d’autres sujets (comme l’air chaud et les changements d’utilisation des sols), l’Europe s’est montrée moins constructive.
Michel Genet conclut : “La présidence belge de l’UE a contribué à sauver le processus des Nations-unies. Mais pas le climat : il y a encore beaucoup de travail pour l’année prochaine, en Afrique du Sud, pour conclure un accord climatique contraignant.”
Energie: manque de concrétisation
Les discussions au sein du Conseil énergie, qui était présidé par le ministre fédéral démissionnaire du climat, Paul Magnette, illustrent le manque de concrétisation qui a parfois caractérisé la présidence.
“Bien que le Ministre Magnette se soit montré ambitieux au début de la présidence, le bilan final est maigre”, explique Sara Van Dyck, collaboratrice climat et énergie chez Bond Beter Leefmilieu. “En ce qui concerne l’efficacité énergétique par exemple, il n’y a toujours pas de plan d’action sur l’efficacité énergétique alors qu’il a été annoncé il y a longtemps. De plus, les conclusions du Conseil ne disent pas un mot sur l’aspect contraignant de l’objectif de 20% d’économie d’énergie. Les économies d’énergie restent pourtant la clé dans la lutte contre le changement climatique. Même le Parlement européen l’a récemment rappelé.”
Dans le domaine des énergies renouvelables, la présidence belge n’a pas non plus réussi à dépasser les intérerêts nationaux. La seule avancée est la signature d’un Memorandum of Understanding sur la North Seas Countries Offshore Grid Initiative.
“Le 4 février 2011 se déroule un Conseil européen extraordinaire sur l’énergie, à l’initiative du Président Van Rompuy”, conclut Sara Van Dyck. “La présidence belge avait une chance, dans le cadre de la préparation de ce sommet, d’imprimer son cachet sur la politique énergétique. Mais ils n’ont pas réussi à obtenir des résultats concrets.”
Il y a plus …
La biodiversité, le climat et l’énergie ne sont évidemment pas les seuls thèmes environnementaux à l’agenda de la présidence européenne. Sur www.10revendicationsvertes.be , les évaluations du mouvement environnemental concernent aussi les objectifs du millénaire, cradle-to-cradle, la santé environnementale et les OGM. Dans ces domaines, la présidence belge s’est également montrée capable de mener les discussions et de lancer des propositions, mais les résultats concrets manquent.

Namur, le 22 décembre 2010

  •  Annee de la biodiversite
1352 lectures
Portrait de admin
admin

Administrateur d'Ardenneweb, nous proposons du contenu journalier gratuitement.