7èmes "Chambres avec Vues", les 19 et 20 mars, à Namur : plus de 500 artistes en près de 150 lieux

écrit par YvesCalbert
le 19/03/2022

Nous voici avec le second et dernier week-end de « Chambres avec Vues », ces samedi 19 et dimanche 20 mars, de 11h à 18h, avec quelques nocturnes prévues ce samedi, jusqu’à 20h.

Comme le disait Maxime Prévot, bourgmestre de Namur, « engagé » (du nouveau nom de son parti politique) dans la culture, lors du vernissage de l’événement, à « La Nef », le jeudi 10 mars : « Soyons curieux, nous qui avons tant besoin de nous revoir, de partager nos passions. Défendons la culture sous tous ses aspects. Franchissons les portes des différents lieux d’expositions, pour découvrir un authentique réseau de pépites namuroises. Oxygènons-nos avec l’art. »

Vu le nombre d’expositions, s’il nous est impossible de les évoquer toutes, un passage par Marche-les-Dames, s’impose, afin de (re)découvrir un lieu qui mérite le déplacement, l’ « Abbaye Note-Dame du Vivier », dont l’église fut consacrée en 1103, ses moniales se raliant à l’ordre cistercien, au XIIIè siècle.

Investi, au XXIè siècle, par « Chambres avec Vues », nous sommes accueillis, à l’extérieur, près d’une petite surface d’eau, par des sculptures, aux jeux de courbes et mouvemements souples, créées par Régine Dulière-Gérard, qui nous propose, à l’intérieur, sitôt la porte franchie, ses autres sculptures de différents formats et de différents styles.

Toujours au rez-de-Chaussée, n’oublions pas un arrêt dans une vaste salle, où nous trouvons, aux côtés d’une collection de crucifix de l’Abbaye, des photographies d’autres croix catholiques, prises – dans différents cimetières ou en pleine campagne – par Thierry Dupièreux … Un authentique hymne à la photo artistique en noir et blanc.

Dans cette même salle, Mydatah et Anton Levski nous présentent leur « Orgue de Pierre », un projet qui s’est nourri du lieu où il se livre. Depuis l’automne 2021, ces deux artistes se sont perdus entre les murs de l’ « Abbaye Notre-Dame du Vivier », un lieu chargé d’histoires, sis en bord de Meuse. Sur un feuillet, disponible pour tous, ils écrivent : « Cette installation à quatre mains et deux sensibilités (est) faite d’allers et retours, de remises en question et d’enthousiasme … Les mots sont venus se poser dans cet espace, qui sépare et relie invention et réalité, ressenti et vérité historique … Des liens se tissent entre l’univers sonore, les images et les éléments projetés au mur … Pris au jeu et au piège de cet endroit envoûtant, intrigant (nous accordons) plus d’attention aux murmures des fantômes, qui hantent ces lieux, qu’à la vérité des livres. »

… Et si ces quelques mots nos intriguent, n’hésitons pas à assister – les samedi 18 et dimanche 19 mars, à 16h – à une version vivante d’ « Orgue sur Pierre », … dont nous pourrons influencer le déroulé, en retournant un cube, cette performance, en images et en sons, se déroulant avec les voix de Catherine Delory et Louise Dupièreux-Fettwais.

… Si nous le souhaitons, libre à nous de poursuivre la lecture de cet article, en écoutant quelques-uns des 18 extraits musicaux d’Anton Levski, disponibles sur le site web : https://antonlevski1.bandcamp.com/.

Aux premier et second étages, que ce soit dans l’anciene grande chambre des « mères supérieures », dans les chambrettes des moinesses ou dans une grande salle, nous découvrons les oeuvres des 22 invités du collectif « Vis-à-Vis », fondé par Bernard Boigelot, André Lambert, Philippe Luyten et Jacques Patris.

Outre Thierry Dupièreux, déjà évoqué, nous trouvons, entre autres, un éminent représentant malonnois de l’art philatélique, Bernard Boigelot, dont une oeuvre trouve toute sa place à Marche-les-Dames, où le Roi Albert 1er (1875-1934) trouva la mort, puisqu’elle nous dévoile un nombre impressionnant de timbre-poste enroulés, recouverts de deux timbres illustrés du portrait casqué du Roi Chevalier.

Le thème de cette 7è édition de « Chambres avec Vues » étant le jeu, il nous propose, également, des dès à jouer, recouverts de timbres, pour que nous puissions jouer au poker.

A notre question quant à sa passion artistique particulière, il nous répondit : « Depuis de nombreuses années, toute mon activité artistique se réalise en étroite relation avec des correspondances postales, qui, une fois récupérées, sont utilisées dans mes recherches plastiques, afin de sacraliser cette trace humaine en une œuvre d’art… »

Dans la même grande salle, Cécile Ahn expose des oeuvres étonnantes, en papier, nous déclarant : « Prolongeant les couleurs de l’été, j’utilise des papiers de récupération : des journaux, des magazines, … Ce matériau de base que tout le monde a chez soi, je le transforme patiemment en fil, pour obtenir des pelotes que je tricote par la suite avec des points de base. »

Un autre jeu nous est proposé par Nathalie Dury, qui nous incite à saisir une de ses pastilles colorées, pour la suspendre à un fil, … en illuqstration de ses oeuvres, réalisées avec ce même type de pastilles, découpées dans des magazines et rassemblées pour former des « tableaux », suspendus à quelques centimètres des murs, qui, grâce à la lumière du jour, prennent la couleur uniforme du verso des pastilles.

Cette artiste exploite, également, trois autres chambrettes, pour nous présenter son installation, nécessitant du recul, avec une huile sur toile, au loin, et, entre nous et cette oeuvre, une création suspendue, constituée de nombreuses languettes en papier, peintes en bleu.

Stéphane Renard nous propose « La Vie est inconnue et lointaine », son intéressante installation son et lumière, un fond musical égayant ses oeuvres sur papier, suspendues à un fil. Sur la porte de « sa » chambrette, nous lisons : « Les couleurs souvent complémentaires deviennent tantôt matières denses, tantôt voiles translucides. Le geste nerveux imprime une énergie vivante, pour atteindre des profondeurs insoupçonnées. »

Exposant ensemble dans une autre chambrette, nous retrouvons les oeuvres de deux des fondateurs de « Vis-à-vis », André Lambert et Jacques Patris, prêts à voyager vers d’autres aventures artistiques, tous deux exposant, notamment, leurs valises, celle d’André étant peinte sur une toile, avec une poignée en cuir, alors que celle de Jacques, « L’Absente » (2012), est une création en 3D, garnie de photographies.

Outre deux autres artistes nous venant des Flandres, nous trouvons même, invité par Bernard Boigelot, un Autrichien, diplômé de l’ « Académie des Beaux-Arts de Vienne », vivant dans le Condroz, à Saint Severin, depuis 1994, Michael Kravagna (°Klagenfurt/1968), qui nous propose sa « Polyphonie », constituée de tableaux de différents formats, carrés, sa forme préférée, voire rectangulaires, gorgés de matières très diverses, incendiés de couleurs – très variées, d’une image à l’autre -, qui tranchent et s’éclatent.

A notre collègue de « La Libre », Roger-Pierre Turine, Michael Kravagna confia : « Face à la toile, il m’arrive d’en changer et de délaisser la première venue, quitte à la réutiliser dans un autre tableau … C’est un langage non verbal … différent de la musique, qui, certes, m’influence, mais pas de manière directe. La musique me confie des rythmes … »

… Et si nous en avons le temps, offrons-nous une petite pause gustative, au sein d’une ancienne chapelle, bien réaménagée, décorée de nombreuses anciennes sculptures en bois. Cet accueillant petit resto (75 à 80 couverts) de l’ « Abbaye », « La Chapelle Bethléem », nous propose, entre autres, quelques spécialités régionales, comme deux bières brassées à 10 km de là, à Jandrenouille, la « Clem de Castro » (8,5°) et la « Cister » (4,5°), qui peuvent s’accompagner d’une dégustation de fromages de « Maître Corbeau », installé à Bouge. Pour réserver : 081/24.00.27 ou chapelle@abbayenotredameduvivier.be.

Dans le Centre-Ville, notons de nombreuses expositions dans différents commerces des rues des Carmes, de Bruxelles et des Brasseurs, là où, l’acteur namurois Vincent Pagé dédicaça, le week-end dernier – dans le café-brasserie « Derrière le Prince » – des copies de son portrait crayonné, réalisé par Murielle Lecocq.

Au sein de « La Nef » (ancienne église Notre-Dame d’Harschamp), nous trouvons des oeuvres de plusieurs artistes de l’asbl « Arts Emulsions », un collectif artistique ayant pour but  de promouvoir l’art contemporain et de favoriser les échanges sociaux et culturels, en Belgique et à l’étranger.

Parmi ces artistes, notons Alain Bombaert, qui donne vie aux anciens confessionnaux de cette église désacralisée, ses cerfs volants attirant notre attention, alors que, sur un autel latéral, Françoise Bastin nous propose son « Baiser de la Vierge », au sujet duquel, elle nous confia :« Interpellée par la photo d’une ancienne couronne en argent, j’ai appris qu’elle avait appartenu à la Vierge de la chapelle d’Anhaive, Notre-Dame d’Anhaive faisant, à Jambes, l’objet d’un culte populaire toujours bien vivant . »

Martine Laloux, présidente de cette asbl, nous propose ce texte, posé devant l’une de ses oeuvres : « Si les petites joies recherchées alimentaient notre fraternité / Si l’essentiel supplantait nos petites futilités / Si la synergie nous donnait une vie de qualité / Sans doute aurions-nous une terre enrichie de plus de bonté / Sans doute serions-nous capables de valoriser nos différences. » A méditer, assurément !

Nous retrouvons Françoise Bastin, au N° 10 de la rue Saint-Loup, une habitation privée, habituellement fermée au public, au sein d’une exposition titrée « Rien ne va plus ». Ayant poursuivi, aux « Académies des Beaux-Arts », à Namur et à Tamines, après avoir été diplômée en Histoire de l’Art et Archéologie, à l’ « UCL », elle nous présente son cabinet de curiosités et un jeu nous pemettant de manipuler des formes en bois, créées par Michel Herszaft.

Dans le patio intérieur, nous sommes surpris par les oeuvres en 3D d’Aurélie Bay, de son inquiétante maison de poupée à ses personnages déformés, créés par Walt Disney, où comment des rêves d’enfants peuvent devenir inquiétants.

De l’autre côté du patio, nous trouvons les travaux de deux artistes, Lisa Matthys, d’abord, qui – diplômée de l’ « Université des Arts », à Berlin, et de la « Sint Lucas Hogeschool » d’Antwerpen –, grâce à un court-métrage documentaire sous-titré, « The Survivor » (« La Survivante »), nous permet d’écouter une fillette yasidiste, filmée dans la campagne irakienne du Kurdistan. Ensuite nous la voyons, lors d’une intervention thérapeutique, durant laquelle elle retrace, dans un calme surprenant, son histoire de petite fille, reconstituant ce qu’elle a vécu, avec des figurines en plastique, qu’elle déplace dans un bac à sable, elle qui, autrefois, fut détenue, plusieurs années, dans un camp de Daech, où elle était souvent privée de nourriture. « Parfois, pour tout repas, nous recevions un oeuf pour deux personnes », nous confie-t-elle, des extraits de son témoignage étant accessibles sur le site web :
https://www.lisamatthys.com/the-survivor

Ensuite, Bilal Bahir (°Bagdad/1988) – diplômé en sculpture de l’ « Institut des Beaux-Arts de Bagdad » – nous attend, lui qui, réfugié irakien, travaille à Namur, depuis 2010, où il poursuivit ses études à l’ « Académie des Beaux-Arts ». Ses oeuvres explorent la question des origines, des racines, un thème lié à son histoire personnelle, évoquant son exil de l’Iraq et le déracinement de ses valeurs culturelles et familiales. En découvrant son travail nous retrouvons des traces des contes de l’Orient, avec une dimension politique et surréaliste.

Cette dimension politique, nous la retrouvons à Jambes, au N° 13 de la rue Van Opré, où un architecte d’intérieur, enseignant, aussi, à des réfugié.e.s, syrien.ne.s et autres, Pierre Lambert, nous accueille chez lui, avec son projet « Polygonum » : une trentaine de collages, qu’il a réalisés en cinq mois, avec des découpages du journal « Le Soir » et ses propres dessins, notamment de chefs d’Etats, Poutine et Zelensky inclus, ou de personnages nous incitant à la réflection, comme des femmes voilées, un baiser au travers de deux masques, des seringues (clin d’oeil à nos vaccins) voisinant différents sujets, comme, entre autres, les courses cyclistes, …

Revenons à Bilal Bahir, qui expose, également, à la « Gery Art Gallery », en compagnie de 7 autres artistes, dont Joaquim Hernandez-Dispaux, qui a alimenté son imaginaire par un séjour de cinq mois en Inde, afin de créer ses peintures, ainsi que Chantal Godard, qui nous présente une sélection de ses photographies des années ’80, ayant écrit : « A travers la matière argentique, les sentiments et la profondeur des âmes des personnages s’expriment encore plus intensément. »

A proximité de cette Galerie, derrière le « Casino », prenons de la hauteur, en nous rendant sur la Citadelle. Empruntant la Route Merveilleuse, 4 visites nous sont proposées par le « CAC » (« Comité Animation Citadelle »), aux « Tours César » et « Joyeuse », à l’ancienne « Boulangerie » et au « Centre du Visiteur » de « Terra Nova », sans oublier des arrêts recommandés à la « Vieille Forge », à la « Parfumerie Guy Delforge » et à l’ « Espace Lioba », 18 artistes exposant en ces 7 lieux.

Une occasion d’apprécier la beauté de nombre d’oeuvres en arts numériques, bandes dessinées, bijoux, céramiques, dessins, fils, gravures, photographies, peintures, porcelaines, tournages sur bois, sculptures, « upcycling art » (à partir de déchets) et verreries.

Redescendons de la Citadelle, par son autre versant, pour nous retrouver, à proximité de la Cathédrale Saint Aubain, au « Quai 22 », où nous découvrons les dessins et photographies d’un collectif de 8 membres de l’ « Université de Namur », des animations y étant prévues ce dimanche 19 mars, avec, en collaboration avec la librairie « Point Virgule », à 12h, une lecture de l’illustrateur Emile Jadoul, disponibe pour une séance de dédicaces, ainsi qu’à 19h, un concert, pour clore en beauté cette 7è édition de « Chambres avec Vues », d’autres concerts étant programmés en différents lieux.

En signalant que l’organisation de cet événement était coordonnée, pour la Ville de Namur, par Valérie Sacchi, soulignons que toutes ces expositions – heureusement accesibles sans masques, ni « CST » – sont accesibles gratuitement.

Contacts : 081/22.84.76 (« Galerie du Beffroi »), 081/24.87.20 (« Pôle des Bateliers ») & 081/24.64.49 (« Maison du Tourisme »).Pour la programmation complète, consultez le site web : https://www.namur.be/fr/actualite/images-et-documents/catalogue-11-03.pdf.

Yves Calbert.

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