"BD Comic Strip Festival", à "Tour & Taxis", jusqu'au 11 Septembre

écrit par YvesCalbert
le 10/09/2022

Après deux ans d’interruption, due à la pandémie« La Fête de la BD » nous revient, en 2022, sous un nouveau nom et en un nouveau lieu.

Jusqu’au dimanche 11 septembre, le « BD Comic Strip Festival » attend tous les amateurs de bandes dessinées, sur le site de « Tour & Taxis », dans les batiments du « Sheld 1 » et de la « Gare Maritime ».

Si dans ce second batiment, nous trouvons les grandes maisons d’éditions, c’est dans le « Sheld 1 », que nous découvrons, outre de nombreux éditeurs, deux intéressantes expositions :

*** « Chez Marylène, la frite est belle », une expo consacrée à cinq volumes déjà édités des  “Contes du Marylène”, dont le est sorti de presse, en mai 2022, sous le titre « L’Institut des Benjamines » (« Misma Editions »/broché/128 p./ 17 x 22 cm/18€).

Synopsis : « Boris est au pouvoir et Simone, qui le déteste, fulmine. Toujours aussi habitée, l’ancien bras droit et ex-secrétaire d’Aglaé est bien décidée à contrer ce fils despotique et misogyne qui s’est imposé à la tête du pays en le faisant sombrer dans l’alcool et la misère. Pour cela, elle va créer le grand projet de sa vie : ‘‘L’Institut des Benjamines’. Avec Rita, sa fidèle assistante, elles kidnappent les petites filles croisées sur leur chemin et les séquestrent dans un pensionnat caché au fin fond d’une forêt … »

Ce tome V, suite de « Boris, l’Enant Patate », est inspiré de « L’Institut Benjamenta », un roman de l’écrivain suissede langue allemandeRobert Walser (1878-1956), dans lequel le héros, Jacob von Gunter, a quitté sa famille aisée pour entrer dans un pensionnat, au sein duquel l’on apprend qu’une seule chose : obéir sans discuter.

Dans son nouveau livre, de l’autrice française Anne Simon (°La Crêche/1980) met le personnage misandre,  Simone Michel, au premier plan et raconte comment l’exercice du pouvoir peut pousser une femme révoltée à l’excès et à la déraison.

Les « Benjamines » formeront une armée rebelle et redoutable, qui réalisera le fantasme de leur maîtresse à penser : renverser le dictateur. Mais, une fois encore, l’avenir du pays est incertain. Qui, désormais, s’emparera de la couronne ? … A suivre, bien sûr, dans le tome VI des « Contes de Marylène », une série prévue en dix volumes 

… Une couronne – le fil rouge de cette série, depuis son premier tome « La Geste d’Aglaé » (2012) – qui nous est proposée, en trois dimensionsau début de la présente exposition, la fort belle scénographie nous proposant, outre un vieux bureau en bois, lieu d’écriture, des créations en tissus, dont l’une a été réalisée par l’un des éditeurs.

Sur le dernier mur, des images nous montrent ce qui a influencé Anne Simon dans son travail d’écritures, d’une pochette de disque de David Bowie (né David Robert Jones/1947-2016) à un dessin du « Chat Botté », de Gustave Doré (1832-1883), en passant par une publicité de la matière grasse de cuisson « Végétaline » ou encore par une grande photo des « Beatles », dont l’autrice est une fan, elle qui nous transmet son rejet du capitalisme, de l’adultère, des meurtres, des guerres, … au travers de ses BD.

Elle nous confia, lors d’un point presse, ce vendredi 09 septembre : « Avant de dessiner 'Cixtite Impératrice', visitant la ‘Cité interdite’à Beijing, apprenant le sort qui était réservé aux hommes qui servaient l’Impératrice chinoise, les ‘eunuques’, j’avoue avoir eu de la peine pour ces hommes, … un comble pour une féministe engagée … »

Au fil des cinq premiers tomes des « Contes de Marylène », nous suivons l’évolution d’une nation, à travers les rapports humains et politiques de ses citoyens. Ces derniers sont d’ailleurs pour la plupart récurrents dans le travail global de l’autrice, qui a ainsi peu à peu renforcé leurs personnalités et affiné leurs intrigues. Sous un aspect, au premier abord, plutôt bon enfant et léger, en partie dû à l’allure décalée des personnages, leurs noms farfelus ou encore les jeux de mots, qui parsèment le récit, et les clins d’œils à la pop culture, cette série est, tout au contraire, une satyre délicieuse et souvent cruelle de l’humanité, dévoilant les jeux de pouvoir, de ce pouvoir qui rend fou, où même les principes les plus ancrés sont reniés tour à tour …

… « Ce pouvoir qui rend fou », … n’en vivons-nous pas, fort malheureusement, depuis février 2022, une cruelle illustration ? …

Découvrons le travail d’Anne Simon, via ce site web : https://www.youtube.com/watch?v=5YL66WQP95I et n’hésitons pas à parcourir ces « Contes de Marylène », dans lesquels « la frite est belle », … mais les jeux de pouvoir sont cruels !

*** « Goldorak », une expo consacrée à ce héros, créé par le dessinateur Go Nagai (Kiyoshi NagaiWajima/ 1945), proposé ici, par les « Editions Kana », nous présentant le « one shot », réalisé par quatre auteurs françaisDenis Bajram Paris/ 1970), Xavier Dorison (°Paris/1972), Yohann Guillo (°Département du Morbihan/1980) & Alexis Sentenac Le Mans/1975), ainsi qu’un auteur belged’origine sardeAntonio Cossu Domusnovas/  Italie/1952).

Synopsis : « La guerre entre les forces de Véga et Goldorak est un lointain souvenir. Actarus et sa sœur sont repartis sur Euphor, tandis qu’Alcor et Vénusia tentent de mener une vie normale. Jusqu’au jour où, issu des confins de l’espace, surgit le plus puissant des golgoths de la division Ruine : Hydragon. Face à lui, les armées terriennes sont balayées et les exigences de la dernière division de Véga sidèrent la planète ; sous peine d’annihilation totale, tous les habitants du Japon ont sept jours pour quitter leur pays et laisser les forces de Véga coloniser l’archipel. Face à cet ultimatum impossible, il ne reste qu’un dernier espoir, le plus grand des géants … Goldorak … »

A l’occasion de ce même point presse, nous avons rencontré Christel Hoolansdirectrice générale des « Editions Lombard-Kana »ayant reçu, en 2017, le « Fauve du Patrimoine »du « Festival international de la Bande dessinée d’Angoulème », comme éditrice de l’auteur japonais de mangasKazuo Kamimura (1940-1986), & l’illustrateur français Gilles Francescano (°Nice/1966), commissaire de l’exposition.

Ce dernier, illustrateur depuis 1988, ayant exposé, plusieurs années, au « Festival international des Utopiades »,  à  Nantes, fut contacté par les « Editions Lombard-Kana », afin d’être le commissaire de l’exposition  « Goldorak », présentée, une première fois, à l’occasion de l’édition 2021 de ce Festival nantois, avant de nous être proposée à Bruxelles.

« J’ai découvert ‘Tour & Taxis’ il y a trois jours, ne m’attendant nullement à disposer d’un tel espace, aussi bien éclairé, ma scénographie classique ne pouvant être pensée avant d’être sur place, celle-ci étant donc différente que celle proposée l’an dernier à Nantes », nous dit-il.

De son côté, Christel Hoolans nous confia : « Avant d’être présentée à Nantes, cette expo demanda cinq ans de préparation, de février 2016 jusqu’à juillet 2021, deux années étant consacrées à récupérer les droits au Japon. J’ai été étonnée par l’enthousiasme de Go Nagai découvrant les dessins coloriés de nos 5 auteurs, se réjouissant de voir son oeuvre connaître une nouvelle vie en Europe. »

« Par ailleurs la collaboration entre les 4 dessinateurs fut étonnante, fort bien complétée par le coloristeYohann Guillo. Jamais la moindre remise en question du travail d’un collègue. Etonnant, pour les demandeurs de dédicaces , de voir qu’un dessin commencé par l’un des dessinateurs est poursuivi par les trois autres, en parfaite harmonie. »

« Quelle audace pour eux d’oser dessiner, sur l’un des pages de ce ‘one shot’ , le bombardement d’une montagne sacrée, le Mont Fuji (3.376 m d’atitude). » 

« Créée en 1978, la série télévisée ‘Goldorak’ a connu 75 épisodes de 20 minutes. En France, quelques épisodes avaient été diffusés en ‘bouche-trou’, mais, à une époque où les courriels n’existaient pas, ce sont des milliers de cartes postales qui furent envoyées à l’ « ORTF », afin que cette série télévisée puisse être entierrement programmée. »

Voici donc l’occasion pour ceux qui étaient enfants en 1978, tout comme ceux d’aujourd’hui, de (re)découvrir  « Goldorak », grâce à cette série de panneaux de planches fort bien photographiées et accrochées, au sein d’un espace bien aéré, dans lequel nous pouvons agréablement nous promenés, sans être serrés les uns contre les autres, comme, trop souvent, dans un transport en commun.

« L’occasion pour certains de venir avec des feuilles de dessins, de crayons, voire d’aquarelles, pour copier les oeuvres exposées », ajoute Gilles Francescano.

Quatre visites guidées, d’environ 1h30, sont prévuesle samedi 10 et le dimanche 11, à 10h et à 16h.  Inscriptions via le site web https://www.kana.fr/une-exposition-goldorak-a-la-fete-de-la-bd/.

* Bien sûr, pour l’ensemble des exposants de ce 1er « BD Comic Strip Festival », de très nombreuses séances de dédicaces sont prévues, aussi bien par les dessinateurs de bandes dessinées classiques que de mangas, d’intéressantes conférences nous étant également proposées.

* Créé par l’auteur etterbeekois André Franquin (1924-1997) – au sein du 4è album des aventures de Spirou« Spirou et les Héritiers », édité par « Dupuis », en 1952, apparaissant dans les titres : « Les Voleurs du Marsupilami », le 5è album, édité en 1954, et « Le Nid des Marsupilamis », le 12è album, édité en 1960 -, le  « Marsupilami » est mis à l’honneur sur l’affiche du « BD Comic Strip Festival », à l’occasion de son 70è anniversaire, 33 albums de sa série, ayant été créés, entre 1987 et 2021, par le dessinateur belge « Batem » (Luc CollinKamina/1960).

Nous retrouvons ce vaillant septentenaire au « Musée de la Bande dessinée » (« CBBD »), jusqu’au dimanche 15 janvier, grâce à son exposition temporaire « The Houba Show ».

Ramené, par Fantasio, en Europe de l’imaginaire Palombie (cfr. « Spirou et les Héritiers »), nous retrouvons le  « Marsupilami », dans « The Gallery »au « CBBD », évoluant au sein de l’environnement tropical de la jungle palombienne, découvrant nombre de planches originales, non seulement de Franquin et de « Batem », mais également de Frank Pé Ixelles/1956), « Goum » (Benjamin Mutombo), …, sans oublier divers objets de collection, nos enfants pouvant reconstituer, en puzzle, la queue du « Marsupilami ».

* En attendant, n’oublions pas de découvrir, jusqu’à ce dimanche 11 septembreson nouveau géant baudruche, ainsi que ses albums, sur le stand des « Editions Dupuis », du « BD Strip Festival », organisé dans le batiment de la « Gare Maritime », sur le site de « Tour & Taxis », l’entrée étant gratuite.

Yves Calbert.

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