Réouverture "Moyen-Âge & Renaissance", au "Palais des Beaux-Arts", à Lille

écrit par YvesCalbert
le 08/01/2023

Le « Palais des Beaux-Arts », à Lille, a plus de 200 ans d’histoire. Après les rénovations de l’ « atrium », en 2017, et de la salle des « plans-reliefs », en 2019, ce superbe musée a rouvert, en juin 2022, sa section réaménagée « Moyen Âge et Renaissance », fermée au public depuis décembre 2020.

Celle-ci nous propose, désormais, un parcours revu et enrichi dans une scénographie épurée, des œuvres restaurées, une remise en lumière des espaces, des outils numériques, de l’art contemporain, une médiation plus développée et plus accessible, un confort de visite amélioré, des rendez-vous réguliers autour des collections.

Soulignons l’intérêt du lieu qui nous accueille, avec ses caves voûtées de briques et de pierres et l’esthétique contemporaine de la rénovation, réalisée sous la conduite des architectes français Jean-Marc Ibos (°1957) et Myrto Vitart (°1955), qui nous offre une ambiance intimiste, favorisant la déambulation et la contemplation des œuvres.

L’art du Moyen Âge et de la Renaissance inspirant les cinéastes, musiciens et plasticiens contemporains, la nouvelle présentation des collections fait état de ce dialogue entre les arts ancien et actuel, dans différents genres artistiques :

– le cinéma international du XXè siècle (Carl Theodor Dreyer, Pier Paolo Pasolini, William Wyler, …) est convoqué, pour nous raconter la vie de Jésus et la Passion du Christ, dans des installations d’écrans reprenant la forme du
triptyque et du polyptyque des périodes médiévale et renaissante.

– le réalisateur français Andy Guérif (°Angers/1977) transforme en tableau vivant la « Maestà » (1308-1311),
du maître siennois de la Pré-Renaissance italienne Duccio di Buoninsegna (vers 1255-1260-vers 1318-1319). Ainsi, les 26 scènes du polyptyque, racontant la Passion du Christ, se métamorphosent en autant de petits films, les
personnages prenant la pose pour incarner l’instant peint par l’artiste italien.

– la vidéo « Civilization » du réalisateur italien Marco Brambilla (°Milan/1960) nous propose de vivre l’ascension de l’enfer au paradis comme un cycle sans fin, à travers plus de 300 courtes séquences de films, d’émissions TV et de
publicités.

– la musique « Angel Palace », du groupe français « Air », spécialement composée pour ce musée, donnant vie à la spiritualité, qui s’épanouit dans les chefs-d’œuvre exposés dans la galerie des anciens Pays-Bas.

– le « Flux Reliquary » de l’artiste américain Geoffrey Hendricks, (1931-2018), du mouvement d’art international « Fluxus« , réinvente le reliquaire, en sacralisant des objets contemporains et dérisoires (un fragment de la vraie corde qu’aurait utilisée Judas pour se pendre et des gouttes de sueur de Lucifer), par association avec une légende pseudo-religieuse, humoristiquement iconoclaste.

– la sculpture « The Architecture of Empathy », de l’artiste britannique John Isaacs (°Liverpool/1963) représente la « Pietà » (1499) du sculpteur Michel-Ange (Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni/1475-1564), recouverte d’un voile sculpté à même le marbre blanc de Carrare, rendant invisibles Marie et Jésus, ce qui renforce l’aura de leur présence mystique.

– les sculptures préparatoires, de l’artiste parisien Georges Jeanclos (1933-1977) – pour le portail principal de la cathédrale Notre Dame de la Treille, à Lille, achevé lors de la réalisation de sa façade, dans les années ’90 -rappellent que l’histoire des cathédrales, où sculpture et architecture s’entremêlent, ne s’arrête pas au Moyen Âge. Modelées en terre, matériau humble et fragile, ces œuvres expriment parfaitement la douceur et l’humanité profonde , caractéristiques de l’univers de l’artiste.

Soulignons l’acquisition d’un « ecce homo » (représentation de Jésus-Christ portant une couronne d’épines), aujourd’hui restauré, du Maître du Tryptique de Salomon (actif en Zélande vers 1520), mis en vente chez « Trajan », à Paris, le 22 juin 2021, ce panneau nous dévoilant la présentation, après la flagellation, du Christ à la foule, par Ponce Pilate.

Se caractérisant par une facture remarquable et un mélange d’influences croisées, de Jérôme Bosch (vers 1450-1516) à Albrecht Dürer (1471-1528), cette œuvre, repérée par le « Musée du Louvre », fut rapidement pressentie pour
intégrer les collections publiques françaises. Sa très grande qualité d’exécution ayant été confirmée, suite à un examen, au « Centre de Recherche et de Restauration des musées de France », le « Musée du Louvre » se mit en quête d’un musée français, susceptible de reprendre le dossier, la Ville de Lille étant parvenue, en un temps record, à faire aboutir ce beau projet, au bénéfice de son « Palais des Beaux-Arts ».

Une déambulation lente, favorisant un regard introspectif, est conseillée aux familles, la médiation ayant visé, également, à la vulgarisation et à la désacralisation des œuvres, tutoyant les jeunes enfants, qui bénéficient d’une information simplifiée.

Un livret gratuit, sous la forme d’un itinéraire et d’un voyage héroïque au Moyen Âge, est à leur disposition, à l’accueil, une salle étant dédiée au mythe du chevalier (présentation d’une armure du XVIè siècle et histoire du chevalier Saint-Georges combattant le dragon).

Support numérique pour nous tous :

Plusieurs supports de médiation numérique ponctuent ce nouveau parcours :
– un film sur « Le Festin d’Hérode », de Donatello (né Donato di Niccolò di Betto Bardi/1386-1466), l’un des joyaux de la collection, met en lumière le récit de l’œuvre et son incroyable composition ; – une médiation numérique et tactile nous invitant à nous projeter dans l’ambiance des ateliers médiévaux, au sein d’une galerie dédiée aux techniques de création et aux arts précieux ;
numérique et tactile invitant le visiteur à se projeter dans l’ambiance des ateliers médiévaux – des cartels numériques valorisent une sélection d’objets de la collection numismatique ;
– un feuilletoire numérique nous permet de parcourir un manuscrit enluminé du XVè siècle.

Voici donc l’occasion rêvée de vivre une journée à Lille, pour (re)découvrir le « Palais des Beaux-Arts » et l’ensemble de des collections, dont le plan relief de Namur (7,76 m x 6,5 m/1747/Jean-Baptiste-Claude Larcher d’Aubancourt) et des œuvres de nombreux peintres (Pieter Brueghel le Jeune, Bernard Buffet, Marc Chagall, Gustave Courbet, Jacques-Louis David, Eugène Delacroix, Henri de Toulouse Lautrec, El Greco {né Domínikos Theotokópoulos}, Jan Fabre, Goya (né Francisco José de Goya y Lucientes), Jacob Jordaens, Fernand Léger, Eugène Leroy, Le Tintoret (né Jacopo Robusti), Edouard Manet, Jean-François Millet, Claude Monet, Constant Permeke, Pablo Picasso, Peter Paul Rubens, David Teniers le Jeune, Antoon Van Dyck, Vincent Van Gogh, Véronèse {né Paolo Caliari}, François Louis Joseph Watteau, …).

En outre, deux expositions sont accessibles jusqu’au lundi 27 février :

– « Pierre Dubreuil, Tableaux photographiques » (rétrospective célébrant le 150è anniversaire de la naissance de ce photographe lillois {1872-1944}) ;

– « Prière de toucher, l’Art et la matière » (reproductions de sculptures et de moulages à toucher).

Ouverture : le lundi, de 14h à 18h, du mercredi au dimanche, de 10h à 18h. Prix d’entrée pour toutes les sections (incluant les deux expositions): 7€ (4€, pour tous, en semaine, de 16h30 à 18h / 0€, pour les moins de 12 ans, pour les enseignants et étudiants en histoire de l’art, arts plastiques et architecture, pour chaque personne porteuse d’un handicap et son accompagnateur, pour tous, les premiers dimanche du mois, durant les « journées du patrimoine » et la « nuit des musées). Réservations : billeterie-pba.lille.fr. Visites spéciales et conférences : https://pba.lille.fr/Agenda/(offset)/24. Contacts : 33.3/20.06.78.28. Site web : https://pba.lille.fr/.

Proche de la Cathédrale Notre-Dame de la Treille, et, cela ne s’invente pas, de l’avenue du … Peuple belge – la visite du « Musée de l’Hospice Comtesse » peut, agréablement, compléter notre séjour.

Yves Calbert.

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