Le Malmédien Simon Hupperetz dirige la première continentale rwandaise de l’histoire

écrit par francois.detry
le 14/12/2019
Performance d'Adrien Joveneau ( Photo RTBF )

En 2019, le Malmédien est directeur sportif de la BenedictionCycling Team. Un défi enthousiasmant autant qu’historique.
Simon Hupperetz, après une année dans une équipe malaisienne (2017), est revenu en 2018 au Rwanda, avec l’ambition d’y créer la première équipe continentale de l’histoire du pays. Chose faite, pour 2019, avec l’enregistrement auprès de l’UCI de la BenedictionCycling Team, une des quatre contis du continent africain cette saison.
L’idée lui est venue ainsi qu'à un ami rwandais (Félix Sempoma), fin 2017. Voilà presque un an qu'il était s rentré au Rwanda pour travailler sur le projet. Administrativement, il a fallu s’attaquer au cahier des charges de l’UCI. C’était un peu fastidieux. Ici, les gens ne sont pas forcément habitués à remplir des dossiers comme ceux-là, à rédiger des contrats… Ils n'avaient pas trouvé d’assurance qu'ils ont dû aller dénicher en Italie. Il y avait pas mal de tâches à remplir. Tout cela leur a pris plusieurs mois.

Quid de l’effectif, le premier, de Benediction ( nom du club de Félix Sempoma ), que vous dirigez en tant que directeur sportif ?
Pour débuter, nous ne sommes pas allés très loin: malgré l’opportunité de prendre trois Kenyans, nous avons préféré des Rwandais. Quatre jeunes (dont deux espoirs deuxième année), quatre plus «anciens». Pour un total de huit coureurs, le minimum imposé. Je trouve que l’équipe est assez équilibrée, a des atouts sur tous les terrains. Nous avons notamment un jeune excellent, champion national (Didier Munyaneza): s’il garde la tête sur les épaules, il pourrait signer dans une conti pro l’année prochaine.

Comment va se dérouler la saison 2019?
Notre première course officielle sera le Tour du Rwanda (UCI 2.1), du 24 février au 3 mars. Le niveau y sera très relevé, avec la présence notamment d’Astana et de Delko Marseille. Nos coureurs connaissent chaque mètre du parcours et seront vraiment dans leur élément, qui plus est sur un tracé qui monte tout le temps. Il sera intéressant de les voir confronter à des gars plus «rodés», comme ceux d’Astana. Ensuite… On ne sait pas encore trop. Il y aura des courses nationales, l’Africa Tour, mais cela dépendra du budget, des endroits où peut nous emmener la compagnie aérienne Rwanda Air. Car voler, en Afrique, est vraiment très cher. Nous essayerons d’aller en Chine, où il y a de belles courses… et des cols offerts. Peut-être l’Afrique du Sud en mai. Pour être honnête, nous n’avons pas encore reçu beaucoup d’invitations. Nous ferons avec ce qui vient.

Vous nous aviez confié fin 2018 qu’un passage par la Belgique était envisagé.
L’été, un mois, en juillet ou en août. Mais, là aussi, il faudra voir si les finances nous le permettent. Nous devons encore trouver des sponsors en Belgique – nous pouvons leur apporter une belle publicité, une touche «exotique». Nous pouvons déjà compter sur le soutien de G-Skin, qui fournit nos équipements. Pour le déplacement en Belgique, je compte d’ailleurs lancer un crowdfunding. Bon, de toute façon, de manière générale, nous ne promettons pas monts et merveilles aux coureurs. Le chemin à parcourir est encore énorme. Je compare la tâche à construire un hôtel au milieu du désert. Mais nous partons sur un projet à long terme, avec l’idée de passer en conti pro, un jour.

Vous avez réellement mis un pied dans le cyclisme rwandais en 2015. Au fil du temps, y observez-vous un certain développement de la discipline ?
Petit à petit, oui – les championnats du monde 2025 pourraient d’ailleurs être organisés à Kigali (la capitale). Le Tour du Rwanda y est pour beaucoup. Son passage en 2.1 (NDLR: cette saison) joue: les gens en parlent plus, il sera davantage médiatisé. Des jeunes performent à l’étranger: cela crée des vocations. Et puis il y a des gens, comme moi, qui amènent une petite pierre à l’édifice. Il reste toutefois beaucoup à faire, notamment au niveau du matériel. Il n’y a pas de magasin de vélo, ici: tout doit être importé, de Belgique, par avion pour le moment – nous espérons, à l’avenir, fonctionner par cargo. Les différentes pièces, les vélos, les vêtements… Et les taxes, à ce niveau, demeurent importantes.

Adrien Joveneau l’a rencontré récemment dans le cadre de son émission « Les Belges du bout du monde » sur la RTBF.
« Vacciné au rayon de bicyclette, Simon Hupperetz est arrivé à Kigali pour coacher l’équipe nationale de cyclisme au pays des 1000 Collines. Originaire de Malmedy, il y a rencontré sa compagne Lacey au Rwanda. Avec son collègue Félix Sampona, il s’investit sur place pour le développement du sport. Le Rwanda a longtemps été le plus dangereux de la planète. Il se reconstruit aujourd’hui avec une nouvelle génération de citoyen(ne)s, ni hutus, ni tutsies, juste des Rwandais, heureux de vous accueillir chez eux !
Karibu Muzungu ! Bienvenue le blanc ! « A chaque virage de la petite route qui traverse les Virungas, nous sommes poursuivis par les enfants qui courent à nos côtés. Je suis impressionné par l’énergie de la population. Des milliers d’hommes et de femmes, en route dès 6h du matin, vers les champs, les plantations de thé et de café. Un peuple en marche dans des paysages d’une beauté à couper le souffle.
Ici, cela fait belle lurette que les sacs plastique sont interdits, chacun fait attention à son empreinte écologique, aucun déchet le long des routes, tout est d’une propreté impeccable grâce, entre autres, à l’Umuganda , l’opération de nettoyage public, à laquelle chacun, quelque soit sa condition, participe tous les derniers samedis du mois. Une vraie petite Suisse d’Afrique centrale. Une Suisse avec des gorilles, des volcans et des touracos bleus… »( RTBF )

La suite sur la vidéo ci-dessous :

https://www.rtbf.be/lapremiere/article/detail_rwanda-simon-hupperetz-coa...

© François DETRY
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  • Performance d'Adrien Joveneau ( Photo RTBF )
  • Adrien Joveneau et Simon Hupperetz ( photo RTBF )
  • Paysage du pays des volcans ( Photo RTBF)
  • Paysage du pays des volcans ( Photo RTBF )
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