Les Hautes Fagnes et l’abbaye du Val-Dieu récompensées !!
«Le patrimoine préféré des Wallons» récompense deux sites de chez nous: les Hautes Fagnes et l’abbaye du Val-Dieu. Le concours «Le patrimoine préféré des Wallons», lancé par l’AWaP ( l’Agence wallonne du patrimoine ), a dévoilé ses lauréats. Au total, trente biens patrimoniaux étaient proposés par un jury d’experts. Les citoyens issus de toute la Wallonie se sont exprimés pour désigner six vainqueurs (un par catégorie). Et notre arrondissement a su se distinguer, puisque deux gagnants sur six proviennent de nos contrées. Les Hautes Fagnes ont décroché la première place du classement «Patrimoine naturel», en s’imposant devant la Carrière d’Opprebais (Incourt), la Chaîne de Terrils (Charleroi, Dour…), le Tombeau du Géant (Botassart) et le Fondry des Chiens (Nismes). La catégorie du «Patrimoine secret» promettait une plongée dans l’histoire, avec la carrière de Quenast (Rebecq), les caves médiévales de Tournai, les Tours Neptune et Jupiter d’Arlon ou encore l’enceinte médiévale et la tour Taravisée de Dinant. Mais aucun de ces lieux n’a pu égaler l’attrait historique, touristique et architectural de l’abbaye du Val-Dieu, jeune dame née en 1216 sous l’impulsion des moines cisterciens. Les Hautes Fagnes ont décroché la 1re place du classement «Patrimoine Naturel». Un paysage exceptionnel dans nos régions qu’il faut continuer à préserver. Le plateau des Hautes Fagnes est un paysage inhabituel, avec un climat lui aussi particulier. C’est ce qui en fait un patrimoine unique. Le climat y est plus nordique avec des espèces qui d’habitude ne se trouvent pas dans nos régions. L’une des raisons en est le développement des tourbières qui modifie le climat. Elles humidifient l’air de manière plus importante. Il y a aussi le facteur de l’altitude, avec un effet de condensation de l’eau qui crée des précipitations plus importantes, et donc un milieu plus humide et pluvieux. Le paysage y est inhabituel, en tout cas dans nos régions plus densément peuplées et urbanisées. C’est un vaste point vert à proximité de ces zones, et c’est là qu’est l’attrait pour les très nombreux promeneurs. Les Hautes Fagnes présentent aussi une faune et une flore surprenantes… L’espèce emblématique reste le coq de Bruyères. Pour le moment, un projet de renforcement de la population est en cours. C’est un des derniers milieux en Belgique où cette espèce existe encore. Pour la flore, citons les linaigrettes, ces plantes typiques des milieux tourbeux et caractéristiques des Hautes Fagnes. Des événements, des vestiges, des changements ont forgé la réputation et marqué l’histoire de la fagne - La route romaine des Fagnes, une route enfouie sous la tourbe. Elle est emblématique et particulière, avec ses six mètres de large. Elle a été utilisée pendant au moins mille ans. C’est vraiment un site exceptionnel. - Trois monuments, les colonnes fagnardes, dont celle du Boultè à la Baraque Michel. Elle permettait aux voyageurs de trouver un repère dans la lande. Les deux autres colonnes, non loin, ont été érigées en 1566. Il n’y a pas d’autres monuments de ce type en Belgique, ni dans les pays limitrophes. Comment concilier l’activité touristique grandissante et la protection de la nature? Il y a une image qui persiste: les gens s’imaginent, à tort, que les Hautes Fagnes sont un milieu épargné par les activités humaines. Or, le paysage a été transformé par l’homme qui a bouleversé le milieu depuis le Moyen Âge : des fauchages, des pâturages… Alors bien entendu, les atteintes humaines subies sont plus répréhensibles que le passage de touristes, car grosso modo, ils ne font qu’y marcher. Et avoir installé des caillebotis a permis d’éviter le piétinement des zones sensibles. Donc le tourisme est relativement bien cadenassé et il faut nuancer. Les Hautes Fagnes sont un poumon touristique. Cela reste un pôle important, dont l’histoire fait la renommée. Le touriste habituel est bien conscient qu’il faut rester sur les chemins de balades. Une réserve naturelle comme celle des Hautes Fagnes peut montrer sur le terrain quels sont les impacts des activités humaines, qu’elles soient bénéfiques ou plus destructrices. La réserve de ce plateau doit avoir un aspect didactique pour préserver les milieux sensibles et la biodiversité. La réserve peut aider à conscientiser à cette problématique plus générale. -------------------------------------------------------------------------------------------------- L’abbaye du Val-Dieu, une dame aux riches secrets «Val-Dieu a toujours un succès fou, le site classé au patrimoine préféré des Wallons» Le site de l’abbaye du Val-Dieu et ses richesses - des bâtiments exceptionnels, car très homogènes. En outre, les XIXe et XXe siècles n’ont pas abîmé l’abbaye. Elle est de surcroît bien entretenue par la communauté très dynamique qui s’en occupe. La Commune, aussi, aide Val-Dieu avec des aménagements. Et le parc a été ouvert au public. Une rénovation a été réalisée récemment ( les fenêtres, le grand salon du rez - de - chaussée, le chauffage…). - le cadre naturel de Val-Dieu, avec son moulin, sa réserve, son étang et cette vallée de la Berwinne très bien protégée de Val-Dieu à Mortroux. - le fait d’être admirablement bien placé entre Aix-la-Chapelle, Maastricht et Liège qui lui impose un trilinguisme, ce qui a toujours été positif. - la proximité du village d’ Aubel, le centre commercial le plus dynamique du Pays de Herve. Visitez son marché du dimanche matin !! La qualité du bâti, son patrimoine est exceptionnel Les bâtiments sont, à peu près, tous du même style. La ferme est du XVIIe siècle (1634) avec une rénovation en 1855. Le château est de 1739, au style mélangé entre Louis XIV et Louis XV. Ses fenêtres rappellent celles de la ferme, ce qui confère un beau lien entre les deux. L’église, réaménagée au XIXe, préserve des parties du Moyen Âge avec la vieille porte romane… C’est le style “ flamboyant ”. Quant au parc, il date de 1906 via la famille Regout (cédé en 1976). Il fait 20 ha et comprend des plantations exotiques. Val-Dieu, une abbaye secrète ou méconnue? Les Wallons connaissent très bien l’abbaye. Il y a de plus en plus de publicité la concernant, autant que de sa bière… Mais l’abbaye est aussi connue en Flandre, les deux moines fusillés par les Allemands à Utrecht étaient flamands ( les pères Hugues et Étienne, résistants fusillés le 9 octobre 1943 dont le monument est à l’intérieur de la basilique). Le dernier supérieur de Val-Dieu était Néerlandais… Les liens avec la Flandre, les Pays-Bas et l’Allemagne sont très forts. Ce qui fait la notoriété des lieux Son caractère paisible ! Il n’y a pas de bruit dû peut-être à un réseau téléphonique mauvais… Val-Dieu a une ambiance religieuse et le silence y est respecté. Un regret, le passage des voitures à proximité du site ! Les gens y viennent pour se promener quand il fait beau, Val-Dieu est une merveille. S’il n’y a pas de commerces, on y trouve néanmoins des produits régionaux (miel, sirop, cidre, bières…). L’avenir du site de l’Abbaye du Val-Dieu ?L’aménagement d’un centre de congrès, un club-service pour les entreprises pourrait être envisagé. Même si Val-Dieu n’a pas de problème financier (via les royalties et le tourisme), ce type de projets pourrait y être aménagé … si l’abbaye de Lérins ( France ) qui en est propriétaire marque son accord. © François DETRY Lien vers tous les reportages de François DETRY