41è "Brussels International Fantastic Film Festival", au Heysel ("Palais 10"), du 11 au 23 Avril

écrit par YvesCalbert
le 10/04/2023

“C’est un festival légendaire et crucial pour le cinéma de genre”, déclara le producteur, réalisateur, romancier, et  scénariste mexicain, Guillermo del Toro (°Guadalajara/1964), en évoquant le « BIFFF » (« Brussels International Film Festival »), qui en sera, du mardi 11 jusqu’au dimanche 23 avril, à sa 41è édition, sept mois seulement, jour pour jour, après son édition de 2022.

Une telle phrase a d’autant plus de poids, lorsqu’elle est prononcée par un cinéaste qui s’y connait en film d’animation, lui qui a remporté, en 2023, l’ « Oscar » et le « Golden Globe du meilleur Film d’Animation », pour son  « Pinocchio » (USA-Mexique-Fra./2022/117′), son film « La Forme de l’Eau » (USA/2017/123′) ayant reçu, en 2018,  4 « Oscars« , le « Golden Globe » et le « British Academy Film Award de la meilleure Réalisation », ainsi qu’en 2017, le « Lion d’Or », à la « Mostra de Venise », alors que pour le « Labyrinthe de Pan » (Esp.-Mexique/2006 /118′), Guillermo del Toro reçut, entres autres, en 2007, le « BAFA du meilleur Film en Langue étrangère » et le  « Goya du Cinéma du meilleur Scénario original ».

En Ouverture de ce 41è « BIFFF », le mardi 11 avril, à 20 h, nous assisterons à la projection de « Suzume »  (Makoto Shinkai/Japon/2022/122′), un film d’animation de Makoto Shinkai, prouvant que ce genre, cher à « Anima » , le « Festival international du Film d’Animation de Bruxelles », peut s’adresser, aussi, aux adultes, même aux  passionnés d’un autre genre, le fantastique.

Synopsis : « Dans une petite ville paisible de Kyushu, une jeune fille de 17 ans, ‘Suzume’, rencontre un homme qui dit voyager afin de chercher une porte. Décidant de le suivre dans les montagnes, elle découvre une unique porte délabrée trônant au milieu des ruines, seul vestige ayant survécu au passage du temps. Cédant à une inexplicable impulsion, ‘Suzume’ tourne la poignée, et d’autres portes s’ouvrent alors aux quatre coins du Japon, laissant entrer toutes les catastrophes qu’elles renferment … »

Notons que Makoto Shinkai, le réalisateur japonais, a remporté deux « Prix Mainichi du meilleur Film d’Animation » -ce Festival, créé en 1946, étant le plus ancien au Japon -, en 2004, pour « La Tour au-delà des Nuages » (Japon/ 2004/ 91′) et, en 2016, pour « Your Name » (Japon/2016/107′), ayant reçu, entretemps, en 2008, le « Lancia Platinum Grand Prize », au « Future Film Festival », à Bologne, et le « Prix du meilleur Film d’Animation », aux  « Asia Pacific Screen Awards », à Brisbane, pour « 5 Centimètres par Seconde » (Japon/2007/ 80′).

« Avec ‘Suzume‘, j’ai été attiré par les chasseurs de ruines simplement parce qu’au Japon, des ruines modernes apparaissent dans de plus en plus de régions du pays. Ce n’est plus seulement dans la campagne reculée ou les banlieues. Même à Tokyo, je croise des ‘akiya’ (maisons abandonnées) dans toutes sortes de quartiers. Donc, en considérant le public japonais, j’ai pensé que ce serait un motif très fort auquel tout le monde pourrait s’identifier, en raison de la banalisation de ces sites », déclara Makoto Shinkai, à l’ « Hollywood Reporter ».

Pour la Clôture, nous aurons, le dimanche 23 avril, à 20h, après la remise des « Corbeaux » aux lauréats, la projection de « Unwelcome » (UK-Irl./2023/104′), de l’écrivain et réalisateur britannique Jon Wright (°Belfast/1971).

Synopsis : « Un couple s’installe dans un coin tranquille, rural et superstitieux de l’Irlande. Comme le préviennent leurs nouveaux voisins, dans la tradition irlandaise, les ‘Redcaps’ viendront quand on les appellera pour aider les âmes en détresse, mais il est crucial de se rappeler qu’il y a toujours un prix à payer pour leur aide … »

En « Compétition européenne », 8 films se confronteront, étant produits ou co-produits en Espagne, en Hongrie, au  Luxembourg, en Norvège, en Pologne, au Royaume-Uni, en Suède et en Belgique.

Pour la « White Raven Competition », se sont 8 films qui s’affronteront, productions ou co-productions d’Australie,  du Brésil,  de Colombie, de Corée du Sud, d’Espagne, des Etats-Unis, de France, du Japon et de Mongolie

Pour la « Black Raven Competition », 8 films seront soumis à l’appréciation de leur Jury, produits ou co-produits  en  Argentine, en Chine, en Corée du Sud, en Espagne, à Hong-Kong, en Hongrie, en Uruguay et en  Belgique.

Pour la « Emerging Raven Competition », films se confronteront, étant produits ou co-produits au Canada, en  France, aux Etats-Unis, à Taïwan et en Belgique.

Pour la « Compétition internationale », ce sont 8 films qui s’affronteront productions ou co-productions d’Australie,  du Canada, de Corée du Sud, d’Espagne, des Etats-Unis, de Finlande,  du Japon,  d’Hongrie, des Philippines, de  Singapour et de Taïwan.

En dernière compétition des longs-métrages, le « Prix de la Critique » réunira 10 films produits ou co-produits en  Argentine, au Canada, en Espagne, aux EtatsUnis, en France, en Hongrie, en Suède, en Uruguay et en Belgique.

Du côté des court-métrages, nous aurons la « Compétition nationale », le samedi 15 avril, à 12h et à 13h30, avec, à 15h20, la Remise des Prix, ainsi que la « Compétition européenne », le dimanche 16 avril, dès 12h, en deux séances, la seconde incluant le film lauréat de la compétition nationale. Par ailleurs, hors-compétition, des séries de courts nous seront proposées le mercredi 12 avril, à 16h, le mardi 18, à 18h30, le mercredi 19, à 16h et le jeudi 20, à 21h.

Nombre de longs-métrages nous seront, également proposés hors compétition. Comme pays producteurs ou co-producteurs non encore cités, nous aurons l’Allemagne, le Chili, l’Indonésie, l’Italie, la Nouvelle-Zélande et la  Slovaquie, qui font du « BIFF » le Festival belge le plus international, d’autant que parmi les courts-métrages,  certains sont produits par quatre pays non encore nommés, la Grèce, l’Inde, les Pays-Bas et la Russie.

Le mercredi 12 avril, le « BIFFF » proposera un événement nommé « Born after Armageddon » (comprendre  « jeunes nés après la sortie, en 1998, du long-métrage ‘Armaggedon’ {Michael Bay/USA/148′} ») , qui permettra d’offrir une journée complètes de séances gratuites, pour ces jeunes, âgés de maximum 25 ans (dès l’âge minimum requis de 16 ans).

N’oublions pas que, le samedi 22 avril, à 19h30, que nous retrouverons « Dracula », avec la projection de

*** « Renfield » (Chris McKay/USA/2023/97′), les 100 première personnes se présentant déguisées à la caisse, recevant une entrée gratuite.

Synopsis : « Dans cette version moderne du mythe de ‘Dracula’, ‘Renfield’ est l’assistant torturé du maître le plus narcissique qui ait jamais existé : ‘Dracula’, qui contraint ‘Renfield’ de lui procurer des proies et de pourvoir à toutes ses requêtes, mêmes les plus dégradantes. Mais après des siècles de servitude, il est enfin prêt à s’affranchir de l’ombre du ‘Prince des Ténèbres’ … »

Au terme de la vision de « Renfield », dès 22h, jusqu’à 06h, le dimanche 23, dernier jour du de ce fantastique Festival, nous pourrons participer au retour du traditionnel « Bal des Vampires », pour lequel l’entrée sera gratuite, incluant un concert du groupe « Douma ».

Autre moment festif, présent au « BIFFF » dès la seconde édition, cette année, avec la participation de l’ « Ecole de Maquillages de Jean-Pierre Finotto », le 40è « Concours de Maquillage » prendra place le dimanche 16 avril, dès 17h, avec ses deux catégories, avec ou sans prothèse(s), les thèmes étant le fantastique, l’horreur, l’imaginaire, le merveilleux & la science-fiction, la Remise des Prix aux lauréats étant prévue, le soir même, à 20h30. Inscriptions :  makeup@bifff.net.

A noter qu‘une journée sera prévue, également, pour les réputées « Body Paintings », qui contribuent amplement à la réputation du « BIFFF ».

Un autre retour, celui de la « Bloody Date Night », le lundi 17 avril, de 17h30 à 22h, avec la projection de deux longs-métrages (qui seront précédés, chacun, d’un court) :

*** « Halfway Home » (« A mi-Chemin de la Maison »/Isti Madarász/Hon./2022/104′)

Synopsis : « Krisztián, un jeune fainéant élevé par sa tante qui préfère lui apprendre à faire des potions magiques plutôt que de faire sa propre lessive, est un homme chanceux. Il vient d’être accepté à son premier poste de veilleur de nuit dans une morgue … Mais il va vite descendre de son nuage, lorsqu’il découvre que les résidents de la morgue … ne reposent pas du tout en paix … »

*** « Wintertide » ( John Barnard/Canada/2023/97′)

Synopsis : « Alors qu’une ville isolée lutte contre un fléau de dépression, qui transforme ses victimes en automates, ressemblant à des zombies, une femme découvre que la clef de l’immunité réside dans ses rêves … »

Durant ce 41è « BIFFF », soulignons l’organisation d’un « Focus Espagne » (22 films : 9 longs-métrages & 13 courts, l’un d’eux étant présenté en première mondiale), à l’occasion duquel le titre de « Chevalier de l’Ordre du Corbeau » sera remis à un réalisateur espagnol, qui s’est fait un nom à l’international : Juan Antonio García  Bayona (°Barcelone/1975), qui présentera l’un de ses anciens films, le drame fantastique et poignant :

*** « A Monster Calls » (« Quelques Minutes avant Minuit »/Esp.-UK-USA/2016/108′), qui reçut, entre autres, en 2017, 10 « Premis de l’Acadèmia del Cinema Català » (« Prix de l’Académie du Cinéma catalan ») ou « Prix Gaudi », à Barcelone, et 9 « Prix Goya », à Madrid, ce long-métrage étant également récompensé à Londres et  à  Wahington DC, sans oublier que J.A. Bayona fut, aussi, le lauréat de deux autres « Goya », en 2008, celui de  « meilleur nouveau Réalisateur », pour « L’Orhelinat » (« El Orfanato »/Esp.-Mexique/2007/106′), et, en 2013,  celui de « meilleur Réalisateur », pour « The Impossible » (Esp./2012/113′). En outre, Steven Spielberg  (°Cincinnati /1946) lui a confié la réalisation de « Jurassic World: Fallen Kingdom » (USA/2018/128′), qui reçut, en 2018, les  « Prix de meilleur Scénario », « de meilleur Film de l’Eté » & « des meilleurs Effets spéciaux » », aux « Teen Choise Awards », à Los Angeles.

Synopsis de « Quelques Minutes après Minuit   : « Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité … »

L’avant-veille et la veille, du samedi 15, dès 23h30, jusqu’au dimanche 16 avril, à 08h, « The Night », nous proposera 4 longs-métrages (chacun étant précédé d’un court), un petit déjeuner étant offert, à l’issue de cette nuit  fantastique, pleine de rires et d’effrois, animée par des zombies de la « Puck Company ».

Notons, enfin qu’en décentralisation, à Mons, au « Plaza Arthouse Cinema », une « BIFFF Night » sera, aussi,  organisée, du samedi 22, à 22h, jusqu’au dimanche 23 avril, au matin, un petit déjeuner étant offert, 4 longs-métrages et 4 courts ayant figuré au programme.

Au préalable, le vendredi 14 avril, à 12h30, dans le cadre de ses « Midis du Court », le « BIFFF » présentera une sélection de courts-métrages fantastiques belges , dont le film d’une jeune cinéaste tournaisienne, Ophélie Nève – étudiante en section « Réalisation Cinéma », à l’ « INSAS » (« Institut National Supérieur des Arts du Spectacle et des techniques de diffusion »), à Saint-Gilles – « Sante Nero » (Bel./2021/19′), son film de fin d’études, ce court  ayant remporté le « Prix du Jury de la Compétition nationale » du « BIFFF », en 2022. A noter qu’étant en pleine crise sanitaire, les membres de l’équipe de tournage devaient porter des masques bucaux.

Synopsis de « Sante Nero » : « Chiara, adolescente de 16 ans, vit isolée au milieu de la campagne avec sa mère et son beau-père violent. Un soir, celui-ci s’en prend à elle. Une transformation tant mentale que physique apparaît alors chez la jeune fille, avant que d’étranges éléments la guident vers une rencontre salvatrice … »

Prix d’entrée (un sandwich et une boisson inclus) : 8€ (5€, en prix réduit), une séance de dédicaces, succédant aux projections, offerte par Philippe Foerster (°Liège/1954), le dessinateur de l’affiche 2023 du « BIFFF », lauréat, en 2021, du « Grand Prix de la Grande Ourse », décerné pour l’ensemble de son œuvre, au 17è Festival « Fête de la BD », à Andenne, ainsi que, en 2006, avec Muriel Blondeau (°Köln/1967), du « Grand Prix » du 1er « Festival des Arts graphiques et de la Bande dessinée », décerné pour leur album « Monstrueuse Parade », à Roubaix. 

Mais revenons au Heysel, avec l’organisation du 7è « Art Contest » du « BIFFF », du mercredi 12 jusqu’au jeudi 20 avril, de 17h à 22h, les Prix étant remis le vendredi 21, à 19h, le 1er lauréat pouvant exposer 5 de ses oeuvres, lors de la 42è édition du « BIFFF », du matériel lui étant offert par le « Géant des Beaux-Arts ». Les candidats auront, chaque jour, cinq heures pour créer un tableau (80 x 100 cm) sur le thème de l’art fantastique, une gamme de peintures de base et une toile étant fournies à chacun.e. Inscriptions : jonathan@bifff.net.

Plusieurs expositions prendront place au « Palais 10 », dont celle de l’artiste plasticienne française Caroline Brisset (°1988), qui, formée aux « Beaux-Arts », à Rennes, ayant travaillé à Bruxelles et à Liège, avant de diriger, depuis 2018, son atelier, à Marseille, qui écrivit : « Je manipule le métal et tente d’en révéler l’énergie intrinsèque. Je cherche à prendre en compte toutes ses propriétés. J’explore ses limites et ses possibilités physiques, le chauffe, le martèle, le tords. Je cherche à lui faire dire quelque chose de lui-même. Cela peut-être un sentiment de lourdeur exacerbé, ou au contraire une finesse et une fragilité inhabituelle, ou encore un déséquilibre qui trouble par sa posture et par sa forme. Je cherche cette contradiction entre l’acte et la forme et tente, à travers mes œuvres, de percevoir cette dualité qu’offre la matière, à la fois discontinue, fragile, pleine de vide et très dense, lourde et pesante. Tout changement est une catastrophe et toute catastrophe une résurrection. »

Une autre artiste, Raphaëlle Schotsmans, ayant réalisé nombre de photographies pour le « BIFFF » (« Bal des Vampires », « Body Building Contest », …), met en scène, dans différentes séries, sa fascination pour la transgression et les mystères de la psyché humaine. Elle nous convie, ici, à une métamorphose, mettant en scène une ballerine, évoluant tantôt en ployant sous le poids d’une main imaginaire, tantôt en s’élevant vers les airs, sa légèreté étant empêchée par les gravats qui jonchent le sol, se défaisant de tout ce qui entache sa pureté, luttant contre des forces invisibles. Sont-elles à l’extérieur ou bien en elle ? Les débris, au sol, précèdent-ils son passage ou est-ce qu’ils lui succèdent ? Rien ne se dévoile au premier regard, il faut embrasser la série dans son intégralité, pour en percevoir toute l’étendue symbolique, inspirée par l’imaginaire de l’horreur et du fantastique,

Dans une seconde série, « Where is Damien ? », Raphaëlle Schotsmans oscille entre fétichisme et sado-masochisme, ses images, à travers des mises en scène élaborées et extrêmement travaillées, questionnant le seuil de douleur qu’un être humain peut s’infliger par plaisir, menant parfois jusqu’à la mort, tout en plongeant dans les profondeurs de la souffrance d’une manière à la fois esthétique et sauvage. Elle reprend ainsi les codes chers au cinéma et à la photographie d’horreur, gore ou fantastique, que l’on retrouve entre autres dans un film comme « Massacre à la Tronçonneuse » (Tobe Hooper/USA/1974/84′) ou encore dans le travail des photographes japonais Izima Kaoru et Nobuyoshi Araki. Ains, elle n’hésite pas à mettre en scène son « Ronald Mc Donald » jouxtant deux corps nus sanguilonent … Une horreur iconoclaste ! …

Créé en 1983, avec pour objectif d’organiser un festival entre amis, pas moins de 50.000 visiteurs sont attendus au « Palais 10 », du mardi 11 jusqu’au dimanche 23 avril, plus de 4.000 films ayant déjà été projetés, en 40 ans, les salles étant combles, le plus souvent, les spectateurs enthousiastes n’hésitant pas, durant le générique d’ouverture, à hurler, dans une ambiance conviviale, bon enfant, leur cri de ralliement « Tuer encore, jamais plus ! »

« Teaser » du 41è « BIFFF » (3’31) : https://www.youtube.com/watch?v=pur-uPbEXv4&feature=youtu.be

Site web : http://www.bifff.net.

Yves Calbert.

Portrait de YvesCalbert
Yves Calbert

Yves Calbert