A Binche, au "MÜM" : comment fêter le Mardi-Gras, sans Carnaval ? / Masques "Abelam"

écrit par YvesCalbert
le 22/01/2021

Depuis le samedi 16 janvier 2021, au « Musée international du Carnaval et du Masque » (« MÜM »), à Binche, la  section consacrée au « Centre d’Interprétation du Carnaval de Binche » a été réouverte au public, ayant fait appel aux technologies du XXIè siècle, la rendant désormais plus attractive.

Dès la première salle, consacréé aux 14 traditions carnavalesques figurant sur la liste du « Patrimoine mondial oral et immatériel de l’ UNESCO », nous découvrons deux projections vidéos nous montrant un rondeau des gilles sur la Grand’ Place de Binche, l’une d’elles étant projetée sur le sol, filmée à 360°.

Voici qui entamme bien la scénographie de ce nouveau « Centre d’Interprétation », réalisée par Pascal Payeur, qui s’est déjà ditingué à Frameries, avec les réalisation du « Parc d’Aventures scientifiques » et à Calais, la « Cité internationale de la Dentelle et de la Mode ». 

La deuxième salle étant plus didactique, avec de nombreuses photos en noir et blanc retraçant l’histoire du  Carnaval de Binche, nous profitons d’une explosion sensorielle, dans la troisième salle, découvrant une série d’agrandissements photographiques – réalisés par une Binchoise, originaire de Courcelles, Amandine Lison (de la société « Victro Exhibition ») -, couvrant une année de la vie des acteurs du Carnaval, d’une réunion de cagnotte, dès le mois d’octobre, jusqu’aux harengs, du mercredi des Cendres, en passant par la prise des mesures pour les vêtements des enfants, l’essayage des coiffes de gilles et des chapeaux pour dames (effecué par un coiffeur local,  Yves Groise), les musiciens, les soumonces, les bals,…

Muni de notre smartphone (ou d’une tablette prêtée par le musée), nous nous plongeons dans l’univers vidéo de la photo (grâce à une activation « Artivive », conçue plus particulièrement pour les artistes et les musées. Ainsi, si une photo montre des joueurs de tambours, avec notre écran, nous les voyons et entendons défiler dans les rues de Binche…***

Par ailleurs, cette salle se décline en quatre thèmes : les artisans, les musiciens, les acteurs des Jours gras et les  femmes, de petits écrans vidéos, avec l’enregistrement de témoignages, étant placés entre les différents objets  et  costumes exposés…

« Cerise sur le gateau », la quatrième salle nous permettant, muni de trois casques de réalité virtuelle successifs, de vivre un moment visuellement intense, plongé, en trois étapes, à 360°, en plein coeur du Carnaval, une poignée nous permettant même de zoomer sur ce que nous souhaitons voir de plus près… Une réalisation exceptionnelle  due à Benjamin Hebbelinck  (« Victro »), Binchois depuis peu, originaire de Namur, où il obtint, à l’Université, un  master en transmédia.***

Enfin, par un escalier de pierre, en colimaçon, nous accédons à l’arrière de l’auditorium du « MÜM », accueillis par un le mannequin d’un gille, coiffé de ses plumes d’autruches, afin d’assister à la projection, sur grand écran, d’un film réalisé, en 2019 et 2020, par un autre Binchois, Thibault Cyriaque (« Diplo Studio »). Nous terminons ainsi notre voyage au coeur du Mardi gras binchois, par une totale immersion festive, du bourrage du gille, avec ses huîtres et son champagne, vers 3h du matin, jusqu’au feu d’artifice, digne clôture de la magie du Carnaval de Binche…

En outre, le Carnaval ne pouvant malheureusement pas se dérouler cette année, par décision fédérale, le « MÜM » a prévu un programme d’activités, essentiellement pour les enfants de moins de 12 ans, en respect des règles sanitaires (port du masque obligatoire dès 12 ans et distanciation physique entre les « bulles ») :

 – les week-ends des 23-24 janvier et 06-07 février, de 13h à 18h : visite du « Centre d’Interprétation », avec des artisans du Carnaval travaillant devant nous (pour tous/prix d’entrée au musée).

– le dimanche 23 janvier, à 14h30 : atelier créatif de réalisation de marottes du Carnaval (de 06 à 12 ans/07€).

– le week-end « musicien » des 30-31 janvier, de 13h à 18h : visite du « Centre d’Interprétation »  se terminant aux sons des cuivres, de la viole et du tambour (pour tous/prix d’entrée au musée).

– le samedi 30 janvier, à 18h30 : soirée pyjama, avec déguisements (de 05 à 12 ans/05€).

– le samedi 06 février, à 14h30 : atelier créatif de réalisation de pantins du Carnaval (de 06 à 12 ans/07€).

– du samedi 13 au mardi 16 février : visites thématiques et batailles familiales de confettis (pour tous/prix d’entrée au musée).

– du lundi 15 au vendredi 19 février : stage, de 09h à 16h, avec l’ « École de Tambour Pol Canart » et l’équipe pédagogique du « MÜM » (de 06 à 12 ans/100€ pour 5 jours/garderie possible entre 08h et 17h)

Avec ce « Centre d’Interprétation » – inauguré, dans son ancienne présentation, en novembre 2018, à l’occasion du 15è anniversaire de la reconnaissance du Carnaval binchois par l’ « UNESCO » -, l’objectif du « MÜM » est de faire découvrir le Carnaval de Binche sous la forme d’une expérience immersive. Concrètement, elle invite le visiteur à plonger au coeur de la Cité du Gille et à s’immerger dans l’univers fantastique du Carnaval de Binche,  comme si il y était,… ce qui est d’autant plus utile en cette année où les Gilles ne peuvent marteler le sol de leurs sabots…

Notons, que jusqu’au dimanche 07 mars, nous pouvons, également, visiter l’exposition temporaire « Abelam, tournés vers les Etoiles », qui présente, pour la première fois en Belgique, l’exceptionnelle collection de masques à igname, de type facial, et de masques baba, à beaumes, prêtés au « MÜM », par le galeriste canadien Marc Assayag, ces masques  étant uniquement fabriqués par des hommes, à partir des fibres de fougères lianes et réalisés en vannerie « spiralée », une technique répandue dans toute la Mélanésie.

Dans la vie du peuple Abelam, au Nord de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, notons l’importance des ignames, exclusivement cultivées, à l’écart du village, par les hommes, dans des jardins secrets, chargés, selon les Abelam, d’une puissance magique. Pendant les six mois nécessaires à cette culture, le cultivateur doit respecter une série de tabous, portant sur les rapports sociaux et sexuels, ainsi que sur l’alimentation. La récolte venue, chaque village organise une « cérémonie d’alignement des ignames », avec les hommes porteurs de masques à igname. Quant aux masques baba, ils appartiennent à l’histoire, n’étant plus portés, les « cérémonies d’initiation »  n’étant plus organisées.

Le « MÜM », ayant fait preuve de créativité dans la réalisation de sa scénographie, nous permet, notamment, de faire tourner un masque de bas en haut, sans le toucher, ou, dans une seconde salle, de voir d’autres masques, via des jeux de miroirs, à nos pieds ou en l’air, le tout nous invitant à porter un nouveau regard sur ces pratiques masquées... ! Illusion d’optique, ombre et lumière, une expérience visuelle innovante, ludique et interracive… A voir, assurément !

Ouverture : du mardi au vendredi, de 09h30 à 17h, le samedi et le dimanche, de 10h30 à 17h. Ouvertures exceptionnelles : jusqu’au dimanche 14 février, tous les week-ends jusqu’à 18h, ainsi que le lundi 15 et le mardi 16, de 09h30 à 17h, le musée étant fermé le mercredi 17. Prix d’entrée (donnant accès aux autres collections permanentes et, jusqu’au dimanche 07 mars, à l’exposition temporaire « Abelam, Tournés vers les Etoiles ») : 8€  (7€, pour les étudiants et les seniors / 3€50, pour les enants). Site web : http://www.museedumasque.be.

2021 ne nous permet pas de célébrer le Carnaval, vivons le donc autrement en nous rendant au « MÜM » !

*** Pour les conservateurs de musées, organisateurs d’expositions ou pour toute personne intéressée par ces nouvelles technologies, n’hésitez pas à contacter l’association « Victro », via sa photographe, à cette adresse : amandine.lison@gmail.com ou par téléphone : 0498/57.06.52.

Yves Calbert.

 

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