Fourmis rouges XXL, Fresques, Photos et un Concert créent l'Eté culturel de Namur

écrit par YvesCalbert
le 19/07/2020

« Simplifiez, simplifiez encore, et quand vous aurez simplifié, vous n’aurez pas encore assez    simplifié ! », écrivait  Alphonse Balat (1818-1895), l’architecte de la « Villa Balat », édifiée en 1906, sise à Jambes-Namur, au pied de la passerelle « L’Enjambée », ouverte au public depuis le jeudi 11 mai 2000.

Formé aux « Académies des Beaux-Arts », à Namur, puis à Anvers, Alphonse Balat fut le mentor de Victor Horta  (1861-1947). On lui doit les« Serres de Laeken », mais aussi les« Musée Royaux des Beaux-Arts de Belgique », à  Bruxelles.

Membre du collectif namurois « Drash », l’artiste jambois Démosthène Stellas va réaliser, sur un mur de la « Villa Balat », une fresque monumentale, composée de formes végétales, rendant hommage à son architecte et à l’époque dans laquelle ce dernier s’inscrit, aux prémices de l’ « Art Nouveau ».

A noter que c’est autour d’un apéro que ce projet s’est initié. La propriétaire de la Villa, Muriel Charon, ayant vu  Démostène Stellas dessiner des croquis sur un carnet, ils échangèrent autour d’une fresque basée selon le  principe de la simplification, cher à Alphonse Balat. Désormais, pour Muriel Charon, fonctionnant à l’instinct,  « c’était lui ou personne d’autres »… C’est donc lui qui, en fonction du climat, commencera le travail ce lundi 20 juillet, une création – d’une valeur de 25.000€, prise en charge par la Ville -, qui devrait durer une semaine… Avis à tous ceux qui voudraient assister à la réalisation de cette fresque, qui s’étendra jusqu’au magasin de crêmes glacées « Gastronome », sis à l’angle de la rue Mazy…

L’œuvre s’inspire des macrophotographies de plantes du photographe allemand Karl Blossfledt (1865-1932), alors  professeur à l’ « Ecole des Arts Appliqués », à Berlin, auteur du livre « Les Essentielles », référence dans les écoles d’arts décoratifs, qui écrivit en préface de son autre ouvrage « Jardin merveilleux de la Nature » : « Ce n’est qu’en puisant à l’intarissable fontaine de jouvence de la nature, comme le font tous les peuples depuis la nuit des temps, que l’art peut être amené à trouver une force neuve… La beauté et la noblesse de la nature ont raison de la sécheresse qui caractérise souvent la création contemporaine. »

Passons la passerelle enjambant la Meuse (d’où son nom « L’Enjambée ») et retrouvons-nous sur sa rive namuroise, au« Grognon », à quelques centaines de mètres de la« Galerie du Beffroi », où une sélection des travaux que 9 photographes diplômés de l’ « ILFoP » (« Institut Libre de Formation Permanente ») nous est proposée, jusqu’au dimanche 26 juillet. Entrée gratuite, mais port du masque et réservations obligatoires  (081/ 24. 87.20).

De la photo revenons à la peinture, avec« Estefan » (Stéphane Remond) qui, dans le parking de l’Hôtel de Ville, a reçu pour mission de concevoir une peinture murale sur les murs et les pilastres. Composée de formes géométriques, cette œuvre (coût pour 200 m2 : 16.000€, à charge de la Ville) évoquera l’environnement urbain, l’artiste nous annonçant qu’il compte privilégier des couleurs pastel sur fond gris, nous confiant : « Le quotidien m’inspire. Je travaille en free style, j’improvise sur le moment même. »

Qui dit Hôtel de Ville, pense au Bourgmestre de Namur, Maxime Prévot, qui, ayant la Culture dans ses attributions, a accepté, volontiers, que la façade son Cabinet soit envahie de fourmis rouges, de tailes XXL, dues à la créativité de l’artiste français Nicolas Eres.

Brouillant nos repères, en perturbant notre rapport au réel, 80 fourmis rouges, réalisées grâce à un budget de 20.000€, attirent nos regards par leur aspect ludique, envahissant, jusqu’au mardi 15 septembre, diverses façades du Centre-Ville (« Théâtre Royal », « Galeria-Inno », rue des Brasseurs, …), Nicolas Eres, leur créateur, déclarant :« Cela symbolise la nature qui reprend le dessus sur les constructions humaines. Elles seront là après nous, après notre civilisation. En plus la fourmi, je trouve ça très esthétique. Elles sont partout sur le globe ».

Comme le souligne l’artiste, les fourmis sont des insectes sociaux qui dépendent les uns des autres. Elles ne peuvent survivre seules et, pour ce faire, décident de vivre en colonies organisées. Avec les installations de fourmis en milieu urbain, naît une osmose romantique entre la construction humaine et la nature, … qui finit toujours par reprendre ses droits.

… Mais laissons ces « Sculptures dans la Ville » continuer à cheminer sur nos façades et passons par le Square Léoplod, où l’ancien Pavillon de l’« Office du Tourisme »  vient d’être recouvert de la fresque circulaire « La Colère de l’Air ravive les Sentiments », peinte par Mathilde Dujardin, secondée par des résidentes de l’ « Accueil Mosan »  (une association qui accueille des personnes en situation de handicap),cette démarche participative étant doublée d’une réflexion sur la coexistence entre l’homme et la nature.

Prenons la direction de la Place Saint-Aubain, descendant ensuite vers la Sambre, jusqu’au « Pôle muséal des Bateliers » qui nous propose deux centres d’intérêt, dont la (re)découverte, à l’étage de l’ « Hôtel de Groesbeeck-de Croix » (édifié au XIIIè siècle et réaménagé au XVIIIè siècle) de plusieurs salles qui n’étaient plus accessibles depuis… 2013.

Au sein de cet Hôtel particulier du Siècle des Lumières, devenu « Musée des Arts décoratifs », une nouvelle exposition nous est proposée, intitulée « Maison de Famille », nous plongeant dans la vie quotidienne d’une famille de nobles, au XVIIIè siècle, nous imprégnant de l’athmosphère d’une telle demeure patricienne, à travers un  florilège d’objets d’époque. A l’extérieur, un acceillant jardin à la française nous attend, avec son étendue d’eau, ses faisans et ses putti allégoriques, auprès desquels nous aimons nous faire photographier.

Second point d’intérêt, au sein de la structure contemporaine de ce« Pôle muséal des Bateliers », qui accueillera d’ici quelques mois le « Musée archéologique ». Dans l’attente de l’ouverture de ce dernier, l’exposition « Pas son Genre… » nous est proposée, jusqu’au dimanche 25 octobre, abordant la question du genre, en archéologie, au travers des pratiques funéraires et de l’interprétation de la fonction des objets, cette exposition étant organisée grâce aux collections de la « Société archéologique de Namur »  et à des prêts du « Musée royal de Mariemont », du « Musée du Malgré-Tout » (Treignes), du « Musée archéologique d’Arlon », ainsi que de l’ « Agence wallonne du Patrimoine ».

La question du genre, en archéologie, est souvent abordée à partir des pratiques funéraires. Au travers des restes osseux des individus et de leur mobilier funéraire, les sépultures livrent en effet des indications sur la manière dont vivaient les gens (âge, sexe, maladies, alimentation…) et sur leur vie quotidienne (parure, habillement,  production …), cette exposition s’attachant à nos régions – de l’âge du Bronze à la période mérovingienne -, mais aussi à l’ancienne Egypte…

Parallèlement, le « Pôle muséal des Bateliers » accueille, après avoir séjouné dans diffrentes Villes françaises  et  belges, l’exposition itinérante « Archéo-Sexisme », créée en mars 2019, par le projet « Paye ta Truelle » et l’association « Archéo-Éthique ». Organisée avec le soutien de l’« Agence wallonne du Patrimoine », elle nous permet d’avoir accès à un ensemble de témoignages illustrés mettant en lumière les discriminations en archéologie, du sexisme, du racisme, de l’homophobie et de la transphobie. Présentée jusqu’au mercredi 07 octobre, son but est de sensibiliser le public, afin d’encourager l’égalité et la diversité, dans le monde de l’archéologie.

Le port du masque étant obligatoire, ces visites, proposées par le « Pôle muséal des Bateliers », sont gratuites pour tous, mais nécessitent une réservation préalable via le 081/24.87.20 ou via l’un des sites web :  http://www.namur.be/lesbateliers ou http://www.facebook.com/lesbatelie... du mardi au samedi, de 10h à 18h, le dimanche, de 13h à 18h.

En août, sur le cheminment piétonnier provisoire du « Grognon », les oeuvres de sept artistes contemporains nous seront présentées, la Ville leur ayant demandé de revisiter ou de réinterpréter sept oeuvres emblématiques du  « Pôle muséal des Bateliers ».

La Culture ne pouvant se concevoir sans une présence musicale, le samedi 1er août, à 16h, dans le jardin du  « TreM.a » (« Musée provincial des Arts anciens du Namurois »), la Ville, associée à la Province, dans le cadre du « Musicôjardin Festival 2020 », dans l’esprit des rendez-vous musicaux proposés lors de la « Fête de la Musique », nous proposeront d’applaudir, en petit comité, conformément aux normes sanitaires, les huit musiciens hastiérois de « Super Hérisson », ce groupe s’étant constitué en avril 2013, lors d’une scène ouverte, organisée par le « Centre Culturel d’Hastière », et prestant, depuis 2015, dans sacomposition actuelle. Un bien bel après-midi en perpective…

Pour en revenir à l’art urbain, Maxime Prévot – à l’intitiative de cette volonté de la Ville de le développer en son sein -, nous précise : « A travers l’art urbain, l’objectif de la Ville est de favoriser l’essor culturel de Namur, en créant une dynamique en matière d’événements culturels et en favorisant  l’accès à la Culture par la mise en place d’outils variés. »

Lisons enfin ce qui est écrit dans « Namur Confluent Culture » :« Street Art et Art dans la rue rythment le parcours urbain des promeneurs, des touristes, des étudiants, des chalands… L’Art s’impose dans le quotidien, sur le chemin de la boulangerie ou de l’école, gagne la curiosité populaire, habitue les passants à l’étrange et s’offre à tous, sans l’obstacle des finances du guichet ou des portes. L’Art s’infiltre en douceur dans les rues namuroises et il est de notre volonté d’accentuer sa présence dans le paysage urbain… Pour développer un parcours artistique urbain, la Ville commandera ou achètera des oeuvres auprès d’artistes internationaux, nationaux, mais aussi locaux… L’Art dans la Ville peut aussi être éphémère, ce qui autorise davantage de folies et d’audace… »

Yves Calbert.

  •   « Pas son Genre ! » © Amélien Ledouppe/"Musée archéologique"-"Ville de Namur"
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