Le Cinéma grec à l'Honneur

écrit par YvesCalbert
le 10/06/2020

Sortant peu à peu d'une bien longue période de confinement, nos salles vont enfin rouvrir le mercredi 1er juillet, différents Festivals, qui, pour cause de crise sanitaire, n'avaient pu se dérouler à leurs dates initialement prévues, pointant à l'horizon, tels, en septembre :

- du mercredi 02 au samedi 12, le 23è "BSFF" ("Brusssels Short Film Festival") ;

- du jeudi 03 au dimanche 13, le 3è "BRIFF" ("BRussels International Film Festival") ;

- du mercredi 23 au jeudi 1er octobre, le 12è "Millenium-Festival du Film documentaire".

Suivra le 35è  "FIFF" ("Festival International du Film Francophone"), à Namur, qui, quant à lui, conservera ses dates d'origine, du vendredi 02 au vendredi 09 octobre.

En attendant, en cette période de déconfinement  (nouveau mot de la langue française figurant dans les nouvelles éditions des dictionnaires "Larousse" et"Petit Robert"), pendant laquelle nous rêvons de pouvoir voyager à nouveau à l'étranger, en Grêce notamment, évoquons le cinéma grec.

Ainsi, dans le cadre du 19è "Cinemamed"  ("Festival du Cinéma méditerranéen"), à Bruxelles, des films grecs furent projetés, en 2019, au "Cinéma Aventure" :

- le samedi 30 novembre, un court-métrage, coup de coeur du court de ce "Festival", était projeté :

*** "La Distance entre le Ciel et nous" (Vasilis Kekatos/Grèce/2019/09’/"Shortcuts Distribution"/filmlauréat, en 2019, de la"Palme d’Or du Court-Métrage" du"Festival de Cannes" ), un film à fleur de peau qui dépeint, avec tendresse, la rencontre de deux hommes.

"La Distance entre le Ciel et nous" (Vasilis Kekatos) © "Shortcuts Distribution"

Synopsis : "Deux inconnus se rencontrent pour la première fois, la nuit, dans une station-service perdue. Alors que le premier fait le plein, il manque quelques euros au second pour rentrer chez lui. Les deux hommes vont marchander le prix de ce qui les sépare d’une histoire...'

- le dimanche 1er décembre, c'était au tour d'un long-métrage :

*** "The Waiter" ("Le Serveur"/Steve Krikris/Grèce/2018/95’), une comédie surprenante, étrange et délicieusement noire.

"The Waiter" ("Le Serveur"/Steve Krikris) © "Filmiki Productions"

Synopsis: "Renos, un serveur d’une quarantaine d’années, mène une existence tranquille et réglée comme du papier à musique. Solitaire et introverti, il se plait à observer silencieusement les autres. Sa routine est soudainement bouleversée quand son voisin disparaît mystérieusement..."

Notons, également, 5 autres films réalisés, en 2019, par des cinéastes grecs  :

*** "Adults in rhe Room" (Costa Gravas {né Konstantínos Gavrás}/Fra.-Grêce/124'), une tragédie grecque des temps modernes.

Synopsis: "Après 7 années de crise le pays est au bord du gouffre. Des élections, un souffle nouveau et deux hommes qui vont incarner l’espoir de sauver leur pays de l’emprise qu’il subit. Nommé par Aléxis Tsipras, Yánis Varoufákis va mener un combat sans merci dans les coulisses occultes et entre les portes closes du pouvoir européen. Là où l’arbitraire de l’austérité imposée prime sur l’humanité et la compassion. Là où vont se mettre en place des moyens de pression pour diviser les deux hommes. Là où se joue la destinée de leur peuple..."

Critiques de la presse :

- par Claudine Levanneur, pour "aVoir-aLire.com" : "Le réalisateur filme une tragédie grecque, qui pose la question de la démocratie européenne au cœur même d’un pays qui l’a vue naître."

- par Catherine Painset, pour "La Voix du Nord" : "Une immersion passionnante dans les coulisses les moins reluisantes des institutions européennes où règnent le rapport de force, le cynisme, voire une dose de racisme."

- par Olivier de Bruyn, pour "Marianne" : "Un film coup de poing sur l'arbitraire des politiques d'austérité et ses conséquences."

- par Cécile Mury, pour "Télérama" : "Un thriller palpitant dans le huis clos des cabinets ministériels et des réunions de travail."

- par Marie-José Sirach, pour "L'Humanité" : "Un film puissant, sans concession."

*** "Meltem" (Basile Doganis/Fra.-Grèce/87'), un film évoquant une actualité brûlante , tourné sur l'île de Lesbos : la migration.

Synopsis : " Elena, jeune Française d’origine grecque, retourne dans sa maison de vacances sur l’île de Lesbos pour régler un héritage un an après la mort de sa mère. Elle est accompagnée de ses acolytes Nassim et Sekou, deux jeunes banlieusards qui ne comptent pas se laisser gâcher leurs précieuses vacances par la crise économique et migratoire. Mais la rencontre avec Elyas, jeune Syrien qui pourrait être l’un des leurs, va faire prendre un nouveau cap à Elena et à ses amis..."

Critiques de la presse:

- par Frédéric Mercier, pour "Transfuge" : "Très joli premier long-métrage de Basile Doganis, un film qui flirte avec humour et gravité avec l'histoire des réfugiés syriens en Grèce."

- par Caroline Vié, pour "20 Minutes" : "Basile Doganis redonne un souffle humain au sujet des migrants dans 'Meltem'."

- par Emmanuel Le Gagne, pour "Culturopoing.com" : "Le cinéaste a l'intelligence... de ne pas amoindrir la noirceur du propos, de ne pas édulcorer l'issue souvent fatale réservée aux migrants."

- par Véronique Cauhapé, pour "Le Monde" : "Un beau film sur la crise migratoire vue à travers le regard de trois adolescents."

- par Simon Hoarau, pour "Les Fiches du Cinéma" : "Entre drame et comédie, ce récit initiatique embrasse... une multitude de thèmes avec justesse et rugosité."

*** "Les Moissoneurs" (Etienne Kallos/Fra.-Grèce-Pol.-Afr.du Sud/106'),

Synopsis : "Dans le monde rural d'un bastion conservateur des Afrikaners, dans la Province de Free State, en Afrique du Sud, la force et la masculinité sont les maîtres-mots. Janno est un garçon à part, frêle et réservé. Un jour, sa mère, fervente chrétienne, ramène chez eux Pieter, un orphelin des rues qu'elle a décidé de sauver, et demande à Janno de l'accepter comme un frère. Les deux garçons engagent une lutte pour le pouvoir, l'héritage et l'amour parental..."

Critiques de la presse :

- par Dominique Widemann, pour "L'Humanité" : "Un premier long métrage formidable venu d’Afrique du Sud (Etienne Kallos étant un réalisateur gréco-sud africain/ndlr), cette fiction explorant, par l’histoire de deux adolescents, celle d’une communauté blanche patriarcale."

- par Sophie Avon, pour "Sud Ouest" : "Etienne Kallos, le réalisateur dont "Les Moissonneurs" est le premier long-métrage, filme cette histoire comme une épopée biblique, avec une palette de peintre, un sens du sacré et le goût du mystère."

- par Guillemette Odicino, pour "Télérama" : "A travers la rivalité électrique entre un adolescent et son frère adopté, la radiographie brûlante d’une communauté isolée de fermiers afrikaners."

- par Baptiste Thion, pour "Le Journal du Dimanche" : "L’identité, sous ses diverses formes, et l’héritage sont au centre de ce film à la fois âpre, esthétiquement réussi et un peu étrange, auquel les comédiens apportent toute leur vérité."

- par Thierry Chèze, pour "Première" : "Le film frappe par sa maîtrise rarement prise en défaut."

*** "Her Job" (Nikos Labôt/Grèce-Fra.-Serbie/2019/90'), un film plein d'humanité, inspiré d'une histoire vraie, rendant hommage aux gens modestes.

A noter ce que Nikos Labôt confia à "Allociné", évoquant la femme qui l'avait inspiré pour réaliser son film : "Son point de vue sur sa situation, au regard des conditions difficiles dans lesquelles elle devait travailler, m’a interpelé. Comment pouvait-elle se sentir devenir quelqu’un dans des conditions de travail si terribles ? Comment supportait-elle cette situation chaque jour ? Elle voyait ce travail comme une chance. Elle en parlait comme de la chose la plus importante de sa vie. L’histoire simple et vraie de cette femme, racontée à travers l’expérience de son premier emploi, était comme une piqûre de vérité dans nos têtes et nos coeurs, révélatrice et bouleversante. C’est ce qui m’a décidé à faire de l’histoire de cette femme-là, un film."

Synopsis: "De nos jours, à Athènes, nous sommes en compagnie d'une femme au foyer, Panayiota, complètement dévouée à son mari et à leurs deux enfants. Peu scolarisée, ne sachant pas lire, elle a quitté  la demeure familiale pour le domicile conjugal, passant d'une domination à une autre. Crise oblige, Panayiota, pour la première fois de sa vie, doit travailler ailleurs qu’à la maison et se risquer ainsi à l'autorité et la subordination, mais aussi l’amitié, la lutte et le goût de la liberté..."

Critiques de la presse :

- par Gilles Tourman, pour "Les Fiches du Cinéma" : "Un hommage aux gens modestes et laborieux d’une réconfortante humanité."

- par Christophe Carrière, pour "L'Express" : "L'émancipation, ça n'a pas de prix... (Ce film) demeure... essentiel et pertinent, hymne bienvenu à l'indépendance féminine au sein d'un monde encore tristement machiste."

- par Baptiste Thion, pour "Le Journal du Dimanche" : "Un récit sans pathos qui séduit par la justesse de son ton. Sa comédienne y est troublante de vérité."

- par Véronique Cauhapé, pour "Le Monde" : "Porté par une actrice bouleversante, « Her Job » fait entendre une voix, simple et quasi silencieuse."

- par François Forestier, pour "Le Nouvel Observateur": "Le film est chaleureux et rythmé.

*** "He loves me" (Konstantinos Menelaou/UK-Grèce/2019/73'), une oeuvre singulière, articulée comme un long monologue en voix off, porté par la voix douce et presque hypnotique du comédien Thanos Lekkas. Un film se réservant avant tout à un public adepte d’expériences cinématographiques qui s’affranchissent des codes traditionnels du cinéma.

Synopsis : "Un couple homosexuel rencontrant des difficultés quitte la grande ville pour passer du temps ensemble en pleine nature. Ce séjour dans un lieu isolé et baigné de soleil suffira-t-il pour réconcilier les deux hommes, les aider à changer et à panser leurs plaies ?..."

*** "Last but not least", le mardi 14 avril 2020, sans cérémonie publique, pour cause de pandémie, l'"HELFIAC" ("HELlenic Film ACademy") a atribué 8 "Iris du Cinéma" (les"Magritte" ou"César" grecs) au long-métrage "Eftyhia" (Angelos Frantzis/Grèce-All.-P.B.-Suède), à savoir ceux "du meilleur Long-Métrage", "du meilleur Acteur" (Pygmalion Dadakaridis), "de la meilleure Actrice de Soutien" (Katia Goulioni), "du meilleur Acteur de Soutien" (Thanos Tokakis), "de la meilleure Conception de Production" (Giannis Papadopoulos & Mihalis Samiotis), "des meilleurs Costumes" (Ioulia Stavridou), "du meilleur Son" (Nikos Bougioukos, Ari Louziotis & Kostas Varybopiotis) & "des meilleurs maquillages" (Dimitra Giatrakou).

Synopsis :"Biopic du célèbre auteur-compositeur grec Eftyhia Papagianopoulou."

Lisons, enfin, le propos de la directricede la "Commission Hellénique du Film", Venia Vergou : "Au cours des vingt dernières années, en Grèce, une «vague» ciném atographique de jeunes réalisateurs a fait sentir sa présence. De jeunes cinéastes tels que Angeliki Antoniou, Dimitris Athanitis, Giannis Economidis, Katerina Evangelakou, Angelos Frantzis, Konstantinos Giannaris, Sotiris Goritsas, Nikos Grammatikos, Periklis Hoursoglou, Dimitris Indares,  George Lanthimos, Argyris Papadimitropoulos, Athena Rachel Tsaggari & Filippos Tsitos représentent la nouvelle génération du cinéma grec."

Afin d'en connaître davantage sur le cinéma grec, nous vous suggérons de consulter un site rédigé en anglais, via ce lien : www.filmcommission.gr/publications/hellenic-film-production-guide-autumn....

Yves Calbert.

 

 

 

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