LE "MUSÉE DES BEAUX-ARTS D'IXELLES", À NAMUR, JUSQU'AU 12 SEPTEMBRE

écrit par YvesCalbert
le 26/08/2021

Sous le titre « Quartiers d’Etés du Musée d’Ixelles », se déclinant en deux parties, le « Musée des Beaux-Arts d’Ixelles », actuellement fermé pour rénnovation, présente une sélection d’oeuvres de sa collection permanente,  à Namurau « TreM.a » (« Musée Provincial des Arts Anciens du Namurois – Trésor d’Oignies »), avec :  « Une Promenade picturale – De Dürer à Tiepolo », ainsi qu’au « Musée provincial Félicien Rops », avec :  « Un Eté expressionniste – De Rops à Ensor ».

*** « Une Promenade picturale, de Dürer à Tiepolo », au « TreM.a » :

« C’est l’éternelle histoire, c’est la nôtre à tous. On court à l’étranger à la recherche du moindre trésor d’art, on connait  à peine les merveilles artistiques non seulement du pays où l’on est né, mais de la ville que l’on habite », écrivit, en 1883, le négociant d’Art, critique littéraire et collectionneur de tableaux, Léon Gauchez (1825-1907), en évoquant les maîtres anciens, dans sa revue « L’Art » (68 tomes édités, entre 1875 et 1907).

Il écrivit également, en 1882 : « Le passé, nul ne l’admire plus que moi, et je comprends parfaitement les emprunts  auquel il donne lieu, mais il ne suffit pas de prendre son bien où on le trouve ; il s’agit d’en faire réellement son bien  en le revêtant tellement de son originalité propre en une création personnelle. »

Et encore, en 1876 : « J’estime que la première qualité pour un artiste, quelle que soit d’ailleurs la voie dans laquelle il s’engage, est l’élévation du sentiment : voilà pour le côté moral de mon esthétique. Au point de vue de la forme, ce que je recherche avant tout, c’est la reproduction juste, exacte des objets. »

En 1880 : « C’est que l’art n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais la copie textuelle de la nature, uniquement parce qu’il est l’art, c’est-à-dire un créateur et non un froid procès-verbal. C’est l’imprévu de son inspiration qui m’enflamme, ce don à jamais inaccessible au vulgaire (…) ; c’est son invention devant laquelle je m’incline, car elle seule ajoute au patrimoine. »

Avant de découvrir les 27 dessins et peintures exposés, nous trouvons, dans la première salle, un buste de Joseph-Benoît Willems, réalisé par Auguste Rodin (1840-1917), avec qui Léon Gauchez entretint des contacts, dès 1881.

Tout au long de notre visite du« TreM.a », nous suivrons les commentaires de ce dernier, qui écrivit également :      « Le souffle, vous ne le trouverez que chez les véritables artistes, chez ceux qui ont le feu sacré. Ceux-là, l’étude, l’indispensable étude, le travail opiniâtre, développeront leur talent ou leur génie, mais ne sauraient le leur inspirer.  On naît artiste. On n’est jamais fabriqué artiste. »

En outre, de petits panneaux didactiques, intitulés « Le saviez-vous », nous offre de nombreuses réponses à nos éventuelles questions. Ainsi nous apprenons que : « Le XVIIè siècle est aussi appelé ‘Siècle d’or néerlandais’, en raison de la nouvelle prospérité économique, sociale et politique des Provinces-Unies, ainsi que de l’accroissement sans précédent de leur production artistique. On estime ainsi à 1.300.000 le nombre de peintures réalisées entre 1640 et 1660, dont approximativement 750.000 à 1.100.000 portraits. Près de 99% de ces œuvres ont aujourd’hui disparu en raison du remploi ultérieur des toiles, qui coûtait autrefois moins cher aux peintres que l’achat de nouveaux supports. »

Un autre précisant : « De tous temps, les ateliers de peintre étaient idéalement orientés du côté nord. L’artiste pouvait ainsi travailler à toute heure du jour, sous une lumière constante, sans être incommodé par les rayons du soleil. Aujourd’hui, l’expression « le jour d’atelier » correspond ainsi aux grands vitrages installés du côté nord dans les ateliers de peinture. »

Prenons le temps de regarder trois vidéos nous en apprenant davantage sur les oeuvres exposées, sachant que des « QR Codes », nous permettent de recevoir davantage d’informations, tout au long de l‘exposition, aucun  audioguide n’étant disponible pour raisons sanitaires.

« Chez Dürer, plus question de s’inspirer d’une nature idéalisée. Il fallait l’observer, la croquer et l’imiter telle qu’elle était, jusqu’à transcender le réalisme même. Avec son oeil observateur, proche du regard humain, ‘La Cigogne’  illustre parfaitement ce souci de fidélité à la nature. Le relief de son plumage, presque palpable, créé par la multiplication de traits de plumes d’épaisseurs différentes, démontre la maîtrise technique de l’artiste, aussi bien dans le rendu de la lumière et des ombres que dans celui de la texture« , écrivent, en page 30 du catalogue,  Debora Arena et Thomas Cleerebaut.

Soulignons l’importance des portraits, à une époque où le photographie n’existait pas encore, en notant que, dans les milieux aristocrates et bourgeois des XVIè et XVIIè siècles, se faire tirer le portrait par un peintre local était extrêmement courant, les élites de l’époque y apparaissant,généralement, luxueusement vêtues et soigneusement coiffées. Accrochés dans leurs demeures à la vue de tous, ces tableaux affirmaient ainsi leur pouvoir et  démontraient leur réussite sociale ainsi que leur fortune.

Au sujet de ces deux portraits, nous apprenons, par un panneau« Le saviez-vous » : « Au XVIè siècle, les couples étaient souvent représentés en pendants, sur deux supports distincts qui pouvaient être rapprochés ou exposés séparément. Ce double portrait a ainsi été peint sur des panneaux en chêne issus de la même branche. Il a été commandé à l’occasion du mariage de Charles della Faille (28 ans) et de sa seconde épouse, Cécile Grammaye  (21 ans), célébré le 21 avril 1573 … Charles apparaît dans une position très raide et pleine de retenue, conforme à l’étiquette en vigueur dans les Pays-Bas du Sud au XVIè siècle. La fraise au cou, il est vêtu d’un pourpoint lacé noir et d’un bonnet rond en fourrure ou en velours. Cécile oppose à son mari un visage impassible très conventionnel. Elle porte un corsage similaire, cachant toute forme féminine, qui est toutefois ouvragé de fils d’or, décoré de boutons dorés, et accompagné d’une coiffe brodée de perles ainsi que d’une chaîne. »

Dérivé du portrait, l’autoportrait s’affirme à partir de la fin du Moyen-Âge, au moment où les progrès vénitiens, en
matière de verrerie, permettent la fabrication de petits miroirs capables de renvoyer une image claire, sans déformation. Il témoigne de l’envie d’un artiste de laisser une trace de son passage sur terre, mais aussi du rang que ce dernier occupe dans la société de son époque.

Concernant les scènes de genre, telle la « Fête familiale au milieu du XVIIè siècle », de David Ryckaert III, Léon Gauchez écrivit, en 1893 : « Ce sont les (tableaux de genre) qui, partout, séduisent le plus le public, mais ils ne donnent de renomée durable qu’à ceux qui pratiquent le genre, ainsi que le firent les illustres maîtres néeralndais du XVIIè siècle, ces maîtres peintres accomplis. »

Confident de la sculptrice française Camille Claudel (1864-1943), qu’il aidera pendant près de 20 ans, Léon Gauchez lègue de nombreuses oeuvres de sa collection au « Musée des Beaux-Arts de Dunkerque » (1888-1904),  au « Musée d’Ixelles » (1895) et à l’Etat belge (1897-1901).

En outre, des « Musées royaux des BeauxArts de Belgique », à Bruxelles, au « Museum of Art », à New York, en passant par la « National Gallery », à Londres, le monde muséal lui doit une partie de ses collections les plus  prestigieuses.

Parmi les oeuvres léguées au « Musée d’Ixelles », notons une « Vue de Bruxelles » (1676-1695), prise depuis les hauteurs du faubourg de Saint-Gilles, peinte par Adriaen Frans Boudewijns (1644-1711), Thomas Cleerebaut  écrivant, en page 50 du catalogue : « La ville fortifiée, qui possédait encore des allures médiévales au XVIIè siècle, est représentée avec grande minutie. A l’avant plan, un cortège luxueux … emprunte la Chaussée d’Alsemberg, menant à l’imposante Porte de Hal … Atypique pour l’époque, ce tableau s’inscrit dans la lignée du paysage décoratif bruxellois, tout en s’en distinguant. A la manière des peintres brabançons, Boudewijns joue en effet avec la lumière à l’avant plan. Il confère également de la profodeur à sa vue panoramique par de grand arbres décoratifs, peints de part et d’autres de la composition. »

À l’époque des Grandes découvertes, l’art pictural connait un essor retentissant sur le territoire des anciens Pays-Bas, tant méridionaux (« Belgique ») que septentrionaux (« Hollande »). Ce succès sans précédent, qui touche  toutes les classes sociales, de la bourgeoisie à l’aristocratie et au clergé, est sans nul doute survenu à la lumière italienne de la Renaissance et du Baroque, mais aussi au gré des aléas dus à la Réforme protestante et à la  Contre-Réforme catholique, ces grandes crises religieuses qui traversent et ébranlent États monarchiques et sociétés européennes.

Une salle de l’exposition est consacrée aux natures mortes au sujet desquels Debora Arena et Thomas Cleerebaut  écrivent, en page 66 du catalogue : « Au XVIIè siècle, … aucun sous-gente n’était ausi prisé par la bourgeoisie flamande et hollandaise que la table dressée et la nature morte de gibier, toutes deux particulièrement liées à la démonstration de richesse … Dans le cas de la table dressée, peuvent, en effet, être retrouvés de nombreux plats et objets décoratifs, tantôt dispsosés de manière ordonnée et harmonieuse , tantôt de façon désordonnée. Ces tables accueillent souvent, selon l’opulence du client, une grande variété de vaisselle ou de nourriture, allant des fruits aux légumes, en passant par la volaille et le poisson. »

Un panneau dicatique « Saviez-vous » nous informe que : « La chasse en haut vol (ou fauconnerie) consiste à localiser le gibier à plumes (perdrix, faisans, …) avec un chien, puis à l’étourdir ou à le tuer en lâchant un faucon, dont la vitesse en piqué peut atteindre 300 à 350 km/h. Plusieurs accessoires sont ici représentés (de gauche à droite) : un chaperon, un leurre, une fauconnière, un fusil, un cor et une gibecière. Se pratiquant en haute-plaine, la fauconnerie était autrefois associée à la noblesse et à la royauté. Ce tableau a d’ailleurs probablement été réalisé pour le roi Christian V (1646-1699) à une époque où Cornelis Gijsbrechts (1630-1675) était peintre de cour à  Copenhague. »

De ces portraits et autoportraits jusqu’aux paysages urbains, de la peinture architecturale aux marines, natures mortes et scènes de genre, l’exposition est une invitation au voyage au cœur de nos contrées, à l’époque d'Albrecht Dürer (1471-1528), de Rembrandt Harmenszoon van Rijn (1606-1669) ou de Giovanni Battista Tiepolo (1696-1770).

Comme Debora Arena – une commissaire italienne, effectuant un stage « Erasmus », à Namur – l’écrit, décrivant cette exposition : « Nous avons essayé de nous mettre à la place des futurs visiteurs, d’anticiper leursquestions et d’y répondre. L’art ancien hollandais et flamand peut parfois être déroutant, tant par ses thématiques que par les nombreux symboles et sens cachés par les artistes. Notre objectif était (et est toujours) de pousser le public à dépasser sa première impression, à regarder les œuvres différemment … C’est une promenade estivale au cœur de notre Histoire et de celle des artistes des siècles passés. Nous sommes vraiment remontés aux origines-même de l’art des anciens Pays-Bas. » Cette promenade estivale s’offre à nous, profitons en … et poursuivons la au « Musée provincial Félicien Rops » !

Soulignons que Debora Arena etThomas Cleerebaut sont les deux jeunes commissaires de ces deux expositions, le second cité nous ayant confié : « C’était une opportunité inespérée pour nous. Nous nous sommes tout de suite investis à 1.000%. Nous avions six mois pour sélectionner les œuvres, réaliser les recherches scientifiques, rédiger le catalogue d’exposition et concevoir tout un dispositif de médiation. C’était un sacré défi, un peu intimidant au début mais finalement très excitant et très enrichissant. »

*** « Un Eté expressionniste – De Rops à Ensor », au « Musée provincial Félicien Rops » :

« C’est par la lumière qu’on prit contact avec les forces qui nous entourent et comme elle est l’âme même du paysage, elle détermina la genèse d’un art de la terre qui renouvela la notion des choses connues. Ce fut mieux qu’une renaissance, ce fut la naissance d’une sensibilité nouvelle appliquée aux aspects de l’univers …. Faire de la peinture saine et forte, sans jus ni recette ; en revenir au sens vrai du tableau, aimé non pour son sujet mais pour sa matérialité riche, comme une substance précieuse et comme un organisme vivant ; peindre la nature dans sa réalité, sa franchise et son accent, dans un détachement des maîtrises et des systèmes connus. »

« … Comme (la lumière) est l’âme même du paysage, elle déterminera la genèse d’un art de la terre qui renouvela la notion des choses connues. Ce fut mieux qu’une renaissance, ce fut la naissance d’une sensibilité nouvelle appliquée aux aspects de l’univers … Plus que partout ailleurs, nos artistes sont restés près de la nature et de l’instinct ; ils ont gardé l’espèce d’âme spontanée, émotive, émerveillée, en qui se renouvelle infiniment le spectacle du monde », écrivit, en 1906 – dans « L’École belge de peinture 1830-1905 » – l’auteur-critique d’art belge Camille Lemonnier (1844-1913), qui estimait que l’impressionnisme belge possédait une spécificité par rapport à son voisin français, nous révélant l’expression du terroir belge.

« L’impressionisme rejoint et porte aux nues l’une des quêtes idéales de l’art, de la peinture : exprimer l’essence de la réalité et, in fine, la sublimer. »

A noter que le mot impressionnisme vient d’un titre d’oeuvre de Claude Monet (1840-1926) : « Impression Soleil levant » (1872). Pour cet artiste, l’important était de se confronter aux variations de lumière et à la nature, comme  Félicien Rops le faisait si bien, lui qui était épris de botanique, comme nous le rapelle les plantations du jardin du  « Musée provincial Félicien Rops ».

En page 104 du catalogue, Claire Leblanc écrit : « Avec ses ‘Dunes au Soleil’, Anna Boch démontre ses grandes qualités de peintre luministe. Elle nous montre ici une vue de la mer du Nord ou de la Côte normande traité de façon impressionniste. Elle justapose des touches de peinture de manière très personnelle et spontanée : virgules,  hachures, frottis cohabitent afin de rendre palpables . Les crêtes des dunes sont soulignées par les végétaux, des oyats au reflets d’or dont les ombres violettes témoignent dev la force du soleil. La mer, quant à elle, est faite de petitstraits de couleur qui rappelent le pointillisme … »

De son côté Félicien Rops écrivit, en 1877, à Maurice Bonvoisin : « Il faut traiter cela tout différemment si l’on fait une scène d’intérieur ou de plein air. Mêmes observations pour les ‘effets de soleil’ en plein air. […] C’est pour cela que les impressionnistes rendent si bien ces effets-là & si mal les effets où l’air ambiant étant plus calme, plus reposé, sans soleil, l’œil peut voir à la fois l’ensemble & le détail. »

Dix ans plus tard, en 1887, le peintre namurois écrivit à Roger Marx : « Je ne suis jamais heureux que quand je vis ma vie, dans l’air, dans la lumière, près des simples, des rudimentaires. »

Au centre de la salle principale du rez-de-chaussée, nous découvrons des pêcheurs d’anguilles, sur le bord de la  Lys, près de Gand. En page 110 du catalogue, Camille Leblanc écrit : « Cette grande toile est représetative du  luminisme, courant épanoui de ‘impressionnisme belge, dont le Gantois Emile Claus (1849-1924) deviendra le chef de file. Après avoir pratiqué, à ses débuts, un réalisme académique, Claus privilégie la peinture en plein air. Plusieurs séjours à Paris lui feront découvrir l’impressionnisme t le néo-impressionnisme. IL en oprère ue synthèse très personnelle, comme ‘La Levée des Nasses’. »

« Dans ‘Le Christ apaisant la Tempête’, le sujet donne lieu à la représetation d’un effet de lumière éblouissant et dramatique. James Ensor (1860-1949) s’est pobablement inspiré de Joseph Turner (1775-1851) pour réaliser cette peinture, véritable explosion de couleurs, au coeur de laquelle le sujet est à peine discernable. », nous confie Claire Leblanc, à la page 126 du catalogue.

«  ‘Le Thé au Jardin’ est l’une des oeuvres les plus emblématique de la carrière de Théo van Rysselberghe (1862-1926) et de la mouvance néo-impressionniste en Belgique … Pour rendre l’atmosphère de cette matinée d’été lumineuse van Rysselberghe utilise une palette de couleurs froides : vert, violet et bleu. La touche, petite et légère, restitue les visages avec réalisme, tandis qu’elle se fait plus allongée et plus marquée pour appuyer la présence de certains objets. Le mur de la maison, tapissé de fleurs et de verdure, met en valeur chacun des personnages », écrit Claire Leblanc, à la page 146 du catalogue.

Claire Leblanc, en page 114 du catalogue, écrit : « Le peintre (Omer Coppens (1864-1926/ndlr) aime décrire l’atmoshère … des villes flamandes comme Bruges, surtout au crépuscule. Il pratique un style impressionniste qui, désormais loin d’être révolutionnaire, deviendra à son tour académique. »

Pour « Portrait de la Femme de l’Artiste », de Georges de Geetere (1859-1929), Claire Leblanc nous fait remarquer, en page 118 du catalogue : « Mais ce portrait de femme en cache un autre : à droite, le visage du peintre et mari se reflète sur le verre qui protège un portrait en pied d’une petite fille.une composition maîtrisée et pleine de charme. » 

« Sa ‘Plage à Ostende’ illustre une recherche habile et équilibrée entre les jeux de lumière et de couleurs, l’usage  d’une touche fluide et déliée et ainsi qu’une prédilection pour les empâtements généreux. L’impression est dominée par la clarté et la fraîcheur. Toutefois des taches de couleurs plus intenses … vienet ponctuer et dynamise l’ensemble », écrit Claire Leblanc - concernant "La Plage à Ostende", de Frantz Charlet (1862-1928) -, à la page 108 du catalogue.

La seule oeuvre de Félicien Rops exposée au sein de l’exposition, au 1er étage, est « Saint-Adresse », peinte en 1875, Coralie Massin, en page 100 du catalogue, nous rapportant ce qu’il écrivit, en 1893, à Armand Rasenfosse :  « Mes dunes blanches, mes belles Flamandes blondes, mes vastes horizons et la mer nacrée à nulle autre pareille, qui ont fait si logntemps ma joie, et qui le feront ecore je l’espère. »

En page 98, notons, par ailleurs, ce qu’il écrivait, trente ans plus tôt, en 1863, à son beau-père, Théodore Polet :  « Je crois et je maintiens que la Publication soit d’estampes soit de livres illustrés est le meilleur moyen pour un jeune artiste et de se faire connaître et de gagner de l’argent : le tableau n’est tiré qu’à un seul exemplaire, le livre ou l’estampe sont tirés à des milliers d’exemplaires et font connaître votre nom partout. »

Dans le carnet N° 40 (disponible gratuitement à l’accueil), nous lisons : « La vague paysagiste pré-impressionniste, qui s’amorce dans les années 1860, annonce une transition importante vers la recherche d’une gestuelle libre d’expériences esthétiques audacieuses dans le traitement des lumières et des atmosphères, de nouvelles matérialités picturales. En effet, la main du peintre se libère et confère aux oeuvres une plus grande liberté expressive. C’est un paysage libérateur, que l’impresinnisme va pousser plus loin encore à pleie maturité, autour de 1880-1900. »

« Il y aura, peut-être, à espérer beaucoup d’un mouvement de peinture bizarre qui commence maintenant sous le nom d’ ‘ École des Impressionnistes’, ayant pour caractéristique une peinture claire dans le genre de celle qu’on fait
beaucoup, maintenant, en Belgique, mais plus heurtée, plus enlevée. C’est plein de choses grotesques, mais il y a là trois bonshommes, Caillebotte, Degas et Monet, qui sont d’une jolie force et très artistes », écrivait Félicien Rops, réalisant, lui-même, tardivement, en 1886, une toile inspirée de ce nouveau mouvement pictural, « La Plage de Heyst », exposée au 1er étage de la collection permanente du« Musée provincial Félicen Rops ».

Notons le propos de Thomas Cleerebaut , l’un des deux commissaires : « Ces derniers mois, avec la crise sanitaire et la fermeture des musées, nous avons dû nous réinventer, essayer de toucher notre public autrement. Cette exposition est en quelque sorte l’aboutissement de plusieurs mois de réflexion et d’expérimentation ».

Ouverture : jusqu’au dimanche 12 septembre, 7j./7 jusqu’au mardi 31 août, du mardi au dimanche, dès le mercredi 1er septembre, de 10h à 18h. Prix d’entrée combiné, pour les deux expositions : 10€ (5€, pour les étudiants et les membres d’un groupe, ainsi qu’à partir de 65 ans /1€25, pour les « Art. 27″/0€, pour les moins de 12 ans et pour tous, le dimanche 05 septembre). Sites web : http://www.museedesartsanciens.be et http://www.museerops.be.

Catalogue des deux expositions : « Impressions picturales-D’Abrecht Dürer à Félicien Rops-Les Collections du Musée d’Ixelles » (D. Arena, V. Carpiaux,A. Carre, T. Cleerebaut, I. Goddeeris, C. Leblanc & C. Massin/Ed. « Mare et Martin »/couverture brochée/2021/160 p./124 illustrations/25€).

Signalons qu’une conférence « Rops et L’Impressionisme » sera donnée, le vendredi 24 septembre, par la  conservatrice du « Musée provincial Félien Rops », Véronique Carpiaux. Prix d’accès : 8€ (incluant un lunch).  Réservations obligatoires : 081/77.67.55 ou info@museerops.be.

*** « Rops pas à pas, Sur les chemins du poète » :

A noter, qu’outre la très intéressante collection permanent des oeuvres de Félicien Rops, proposée au 1er et second étages du musée, à l’extérieur, nous pouvons profiter, jusqu’au dimanche 03 octobre, d’une exposition de panneaux illustrés nous comptant « Rops pas à pas, Sur les chemins du poète », ce poète étant Carl Norac (né Carl Delaisse/°Mons/1960), détenteur de manuscrits du 19è siècle, se penche sur le parcours de Félicien Rops à la lumière de sa collection. Cette exposition-focus prend place, dans les jardins de la « Maison de la Poésie » et du « Musée provincial Félicien Rops« ., sous la forme de panneaux illustrés, évoquant l’époque de Rops et de  poètes engagés, ayant pour noms Alphonse Daudet, Alphonse de Lamartine, Vicor Hugo, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Emile Zola, …

« Rops est vivant partout et nous bouscule, pourvu qu’on le cherche une peu, depuis le bord dos regards et à l’instant, à la seconde. Il nous instruit encore sur la façon de dépasser ombre et lumière et, bien plus loin, il demeurera, si vous le désirez, votre plus parfait professeur d’impertinence », est l’un des textes écrits par Carl  Norac.

Introduite, par un chevalet, avec une palette et une copie de l’oeuvre du peintre namurois « La Plage de Heyst »  (1886/ 37 x 54,5 cm/l’original étant exposé au 1er étage), cette exposition extérieure, est accessible, gratuitement,  jusqu’au dimanche 03 octobre, du mardi au dimanche, de 10h à 18h, via l’accueil du « Musée provincial Félicien Rops ».

*** L’église Saint-Loup, que Félicien Rops fit découvrir à Charles Baudelaire :

Profitons de notre présence à Namur pour découvrir – à 200 m du« Musée provincial Félicien Rops » - une  exposition (entrée gratuite) - « 400 ans de la vie d’un Patrimoine » -, au sein de l’église Saint-Loup, à l’occasion du 400è anniversaire de la pause de la première pierre de cet édifice religieux.

Ayant illustré, en 1857, « Les Fleurs du Mal », de Charles Baudelaire (1821-1867), Félicien Rops (1833-1898) lui fit découvrir, en 1866, l’église Saint-Loup, au sortir de laquelle le poète s’effondra, souffrant d’une hémiplégie qui allait l’emporter, quelques mois plus tard.

Ainsi, dans l’une de ses lettres, Félicien Rops écrivit : « J’ai allégé la tristesse de Baudelaire en Belgique.« 

Yves Calbert.

 

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