A voir sur la RTBF : Les camps du IIIe Reich en Belgique : Mazures, Malines et Brendonk

écrit par francois.detry
le 30/03/2023
Travail de mémoire  © httpsamjm.eutravail-de-m-moire

Enquête sur les camps perdus du IIIe Reich, tel est le titre du documentaire présenté dans "Retour aux sources". Pour en discuter en studio avec Élodie de Sélys, Alain Colignon, historien au CEGESOMA. Certains camps nazis demeurent de sinistre mémoire, mais bien d’autres sont méconnus, camps de travail autour de certains projets, comme à Alderney ou en Norvège.

Et en Belgique ? Il y eut Erbisoeul, non loin de Mons, Ans, pour travailler dans les charbonnages liégeois, car ces camps étaient destinés à exploiter, les hommes et les ressources. Nombreux furent des Juifs venus de Belgique

Le camp des Mazures…

Les Mazures, c’est une petite localité à un peu moins de 30 kilomètres de Couvin. Les Mazures, c’est un village français du département des Ardennes, en région Grand Est. Les Mazures, c’est aussi un camp où, au cours de la Seconde Guerre mondiale, s’est joué le destin de nombreux Juifs venant principalement d’Anvers.

Créée en 1938 par Fritz Todt, l’organisation qui porte son nom est destinée à s’occuper des travaux d’infrastructure défensive de l’Allemagne nazie, à la construction de routes, à la production de charbon et d’armes. Après sa mort dans un accident d’avion, Todt est remplacé à la tête de l’organisation par Albert Speer, l’architecte du Reich. Le groupe sera l’auteur d’imposants travaux tels la ligne Siegfried, le mur de l’Atlantique, la ligne Gustave en Italie ou encore des bases de V1.

Dès 1940, l’organisation Todt décide de créer des camps dans le but de transformer les arbres des Ardennes en charbon de bois pour l’industrie de guerre du Reich. Pour alimenter en main-d’œuvre ces lieux de production, ce sont des prisonniers de guerre, des travailleurs forcés et des Juifs qui sont envoyés sur place.

Un convoi de 288 Juifs venant d’Anvers, arrive aux Mazures, le 18 juillet 1942. Avant d’entreprendre le travail de carbonisation, ils doivent construire le camp où ils seront internés. Puis, ce seront les fours et l’infrastructure nécessaire à les alimenter en bois.

Le travail est harassant, 10 à 12 heures par jour. Les Juifs sont maltraités, mal nourris, mal équipés. Les Allemands n’hésitent pas à les insulter et à les punir. Jusqu’à ce qu’arrive la nuit du 23 au 24 octobre 1942. Les Juifs non belges des Mazures, c’est-à-dire la toute grande majorité, sont renvoyés en Belgique, à Malines, à la caserne Dossin d’où ils partent immédiatement pour Auschwitz.

Au camp des Mazures demeurent une trentaine de juifs belges qui se voient adjoindre des prisonniers de guerre pour remplacer leurs amis partis. Le 4 janvier 1944, c’est la rafle des Ardennes : tous les juifs sont envoyés à Charleville avant de rejoindre le camp de Drancy et d’être déportés à Auschwitz le 20 janvier.

29 juifs envoyés depuis Anvers aux Mazures s’évaderont, 2 seront repris et fusillés, les autres finiront déportés. 237 des 288 juifs ayant intégré le camp des Mazures sol’angle nt morts dans les camps d’extermination, seuls 27 ont eu la vie sauve.

En Belgique : la Caserne Dossin et le Fort de Breendonk

Les Juifs envoyés aux Mazures sont passés par la caserne Dossin, avant de terminer à Auschwitz. Malines était en effet un camp de transit destiné à rassembler les Juifs de Belgique avant de les expédier vers les camps de la mort. À ce titre, la caserne "Lieutenant-Général Dossin de Saint-Georges", du nom d’un héros de la Première Guerre mondiale, mérite aussi d’être classée parmi la multitude de camps du IIIe Reich. Mais heureusement, on y cultive la mémoire des 25.490 Juifs et des 353 Tziganes qui passèrent par là.

À Willebroeck, le fort de Breendonk faisait partie de la ligne de défense Anvers-Namur. Construit juste avant la Première Guerre mondiale, il sera bombardé le 1er octobre 1914, sa garnison capitulant le 9. Envisagé comme Grand Quartier général en cas de nouvelle invasion allemande, c’est à Breendonck que Léopold III recevra les officiers de liaison français et britanniques en mai 1940, avant que les lieux ne soient évacués.

Immédiatement, le fort est occupé par les SS qui vont y interner des Juifs. Le journaliste Paul Lévy, né à Ixelles en 1910, y séjournera jusqu’en 1941. Libéré, il réussira à gagner Londres où il travaillera à Radio Belgique, profitant des ondes de la B.B.C. Breendonk va aussi accueillir ceux qui combattent les mesures antijuives, des prisonniers politiques, des résistants ainsi que ceux que le régime nomme les "asociaux" : voleurs, ivrognes, vagabonds, braconniers, souteneurs. Ils porteront le signe distinctif du triangle noir.

À partir de 1942, le fort servira de camps de rassemblement pour les Juifs, envoyés ensuite à la caserne Dossin, et de là, pour autant, Breendonk servira aussi de camp d’internement, de torture et d’exécution, principalement pour les résistants. C’est dans l’ancien magasin à poudre, nommé le "bunker", que se pratiquait la torture. Jusqu’en 1944, le Auffangslager, en d’autres termes, le "camp d’accueil", verra défiler plus de 3500 prisonniers, dont 1733 décéderont et 200 seront exécutés.

À Breendonk, les SS allemands seront aidés par la Germaansche SS in Vlanderen ou Algemeen SS Vlanderen, fondée en septembre 1940 par Ward Hermans et René Lagrou, la branche flamande de la Schutzstaffel. Un dernier convoi de prisonniers sera encore envoyé en Allemagne le 30 août 1940, avant que les militaires nazis ne fuient. Le fort servira ensuite de lieu d’incarcération des inciviques et des collaborateurs, avant d’officiellement devenir un centre d’internement de l’État belge, une fonction qu’il a perdue depuis que le 19 août 1947, quand Breendonk est devenu mémorial belge sur le système concentrationnaire nazi.

Des témoignages de Juifs du camp des Mazures à découvrir ici.

En savoir plus sur le fort de Breendonk ? Cliquez ici.

À visiter ? L’exposition permanente "Plus jamais ça", à la Cité Miroir, à Liège.

"Enquête sur les camps perdus du IIIe Reich" est à voir dans "Retour aux sources" le samedi 1er avril à 20h35 sur La Trois et sur Auvio.

 

  • Travail de mémoire  © httpsamjm.eutravail-de-m-moire
  • Durant la Seconde Guerre mondiale, une sentinelle allemande en faction sur le Mur de l’Atlantique…   © Getty ImageRoger-Viollet
  • De nos jours, le site occupé par le camp des Mazures…© httpwww.lesmazures.frdecouvrirle-villagejudenlager-des-mazures.html – Picasa
  • Mise en scène par les nazis, une photo des détenus du camp des Mazures…  © httpsbel-memorial.orgbooksLivret_recits_des_deportes_des_Mazures.pdf
  • La cour de la caserne Dossin durant la guerre de 1940-1945… © Caserne Dossin
  • L’entrée du fort de Breendonk… © httpsbreendonk.befrvoirmemorial
  • Breendonk était en grande partie protégé par de la terre, les internés étaient condamnés à dégager cette terre…© httpswww.belgiumwwii.bebelgique-en-guerrearticlesbreendonk-auffanglager-1940-1944.html
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