Bonjour Namaste, Marcher au Nepal

écrit par Anonyme (non vérifié)
le 07/11/2009

BONJOUR ! NAMASTE !
Octobre 2009 : Bruxelles, Paris, Abu Dhabi, New Delhi, escales d’un trajet et enfin Kathmandu : capitale du Népal. De là, une ligne intérieure nous mènera au Tenzing Hilary Airport à Lukla, petit aéroport le plus dangereux au monde avec sa piste d’à peine 500m au dessus d’une falaise et se terminant par un gros rocher : regardez à ce propos http://www.youtube.com/watch?v=DqgZvb37NX0, et attachez vos ceintures !
Lukla : point de départ pour les nombreux trekkeurs qui se préparent à se lancer à l’assaut des sentiers de montagne.
En bordure de piste attendent les nombreux porteurs et les guides Sherpas qui rendent possible la découverte du Khumbu, région de l’Himalaya du Népal, comprenant les montagnes les plus prestigieuses de la terre. Les Sherpas sont une ethnie originaire du Tibet, arrivée au Népal dans les années 1550, et qui parce qu’elle possédait des qualités physiques particulières fut embauchée par les anglais, friands d’ascensions himalayennes. Aujourd’hui ceux- ci participent activement au développement touristique de cette région du monde : ils sont accompagnateurs, porteurs, cuisiniers, hôteliers, patrons d’agence…
A l’aube, départ pour quelques jours de marches. Nous sommes quatre : Pascal, mon nouveau mari (puisque notre escapade est également voyage de noce !), Tshering, notre guide sherpa qui a vingt-sept ans compte déjà à son actif deux ascensions du Sagarmatha ( communément appelé par les occidentaux l’Everest) et un tout jeune porteur à l’allure maigre mais agile comme un faon.
Pas de dépaysement climatique pour les touristes du plat pays que nous sommes : la pluie est au rendez- vous ! Qu’importe… nous sommes équipés : polaire et vêtements de pluie, chaussures de marche comme des pantoufles de montagne et sticks, ces bâtons de marche qui assurent stabilité et équilibre sur les sentiers chaotiques et caillouteux.
Je m’attendais, je l’avoue, à une nature pauvre et aride. Il n’en est rien, la flore est généreuse jusque dans les moindres recoins de rocaille. Le rhododendron fleurit de ses joyeuses couleurs. Notre guide pointe du doigt et nomme plantes, fleurs et arbres. Tant d’espèces que nous connaissons dans nos jardins ardennais…La faune nous accompagne aussi : les zopkios ( croisement entre la vache népalaise et le yak) et les yaks ( vivants au-dessus de 4000 mètres) sont partie prenante des sentiers de montagne puisqu’ils constituent un moyen de transport pour les marchandises entre les villages et les bagages des trekkeurs. Il n’y a aucune roue motrice sur les chemins ! Un jour un lophophore resplendissant (plus communément un faisan !), emblème national, survole nos têtes et se pose à la rencontre d’un congénère… Face à l’effort physique éprouvant et à l’endurance qu’un tel voyage demande, tous ces détails du paysage, tous ces signaux de vie animaliers nous soutiennent et nous allègent ! De même, chaque rencontre de marcheurs est l’occasion d’un échange de sourire, d’une respiration soulignée, d’impressions quant aux destinations à venir. Chacune et chacun, venant des quatre coins de la planète prononce ici la salutation en népali : « Namasté ! »
« La balade » se calcule non pas en kilomètres-distance, mais bien en heures- temps. Une journée débute vers 7 heures avec un copieux petit déjeuner et comporte cinq- six heures de marche pour parvenir au village où l’hébergement aura lieu en refuge, dit « lodge ». Une tasse de thé nous accueille dans la pièce commune où tables et banquettes de bois rehaussées de tissus de couleurs vives s’organisent pour que chacun des convives puisse se voir. Le repas du soir invite au repos et à la douceur, entourés des chaînes de montagnes ; et le plat traditionnel népalais, le dal bath (une soupe de lentilles accompagnée de riz) redonne les meilleures forces, avant une bonne nuit de sommeil, qui débute tôt elle aussi, aux environs de vingt heures (il n’y a pas d’éclairage public dans les villages aussi on se couche tôt, on lit, on écrit…)
La marche est lente, va s’échelonnant par paliers pour acclimater le corps et la respiration à la montée en altitude. De 2840 mètres à 3860, à Tengboché, où le village s’est construit autour du monastère le plus grand du Népal. Chaque matin vers 6 heures, le son des cymbales éveille le village. C’est l’appel à la cérémonie de prières pour les moines dans le temple. Chant, instrument rituel et incantations dans ce lieu haut en couleurs où nous serons les seuls touristes lève tôt à être présents à la cérémonie durant laquelle le thé au lait, breuvage chaud, nous est offert.
La patience a porté ses fruits : le dernier matin de trekking, la pluie a cessé et le ciel est complètement dégagé. Dans le village de Naouché (devenu Namché Bazar), capitale du peuple Sherpa et bourg commercial du Khumbu, tous les samedis a lieu un marché, achalandé de couvertures, chaussures, doudounes synthétiques et d’autres vêtements made in China et venus du Tibet en yaks durant une traversée de dix jours de marche. Au- dessus du village se situe un musée relatant la vie des Sherpas : leur milieu et mode de vie, les exploits des guides, leur portrait, des objets de leur vie quotidienne et des objets religieux- les Sherpas sont bouddhistes. Le conservateur du musée, sourd, gesticule pour appeler les visiteurs à une projection de ses diapositives. A notre sortie, il fait signe à Tshering, notre guide : il souhaite le photographier pour l’ajouter à la galerie de portraits de ceux qui ont atteint le sommet du monde, 8850 mètres ! Au bord d’un chemin de montagne un stupa, construction religieuse, a été érigée à la mémoire de ces hommes et de leur courage, et du premier de ceux- ci : Tenzing Norgay qui accompagnait Sir Edmund Hilary il y a quelques cinquante années.
Le soleil ce jour- là fut notre compagnon.
Fin octobre 2009 : Roanne Coo, « terminus tout le monde descend », après trente et une heures de voyage harassant, en avion puis en train. L’écharpe en soie jaune flotte autour de notre cou, elle est offerte à tout trekkeur à l’issue de son périple, tout comme à l’arrivée à l’aéroport le collier de fleurs accueille tout un chacun.

Par la fenêtre du salon, j’aperçois le Mont Saint-Victor, point culminant de ma région, à cinq cent- vingt mètres d’altitude, sur la commune de Trois- Ponts. Il trône sous mes regards, se jouant des voiles de tissus nuageux et des nappes de brouillard. Je le salue, petit frère ou lointain cousin du toit du monde, Sagarmatha népali. Il m’aide à retrouver mes marques après le dépaysement et le décalage que tout vrai voyage semble requérir.
Marie Aventura

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