Expositions à "La Piscine", à Roubaix, jusqu'au 26 Mai

écrit par YvesCalbert
le 13/05/2024

Jusqu’au dimanche 26 mai, le « Musée d’Art et d’Industrie André-Diligent », plus connu sous le nom de « La Piscine », nous présente plusieurs exposition d’ « Un Printemps de Collections » :

*** « Pascal Barbe. La Fissure-Le Passage »/1992-1995) :

Pascal Barbe (°Bruay-en-Artois/1957), peintre-poète-penseur, étudia, dès 1977, aux « Beaux Arts », à Lille, auprès d’Eugène Leroy (1910-2000), après avoir créé, en 1974, ses « petits-Bonhommes ».

L‘artiste, particulièrement disponible, nous déclara, le 16 février dernier, à la veille de l’ouverture publique : « Enfant, je me promenais en forêt avec mon grand-père, avec qui je crayonnais des dessins sur des petits bouts de papier, pour les cacher sous des pierres ou au creux des arbres. »

Ses « petits bonhommes » © Pascal Barbe © « ADAGP »/Paris/2024 © « La Piscine » © Photo : Alain Leprince

Ayant peints ses « petits Bonhommes » sur les murs du musée « Frac (« Fonds régionaux d’art contemporain« )  Grand Large », à Dunkerque, il les expose, en 1992, dans une église du Tarn. L’architecte Jean-Claude Burdèse les remarque et lui propose d’élaborer un projet pour la station de métro « Charles De Gaulle », à  Roubaix, proche de « La Piscine ».

Mieux qu’un décor, cette création s’impose comme une véritable oeuvre plastique, structurant, dans l’espace public, le site auquel il est destiné, nous offrant son peuple miroir, évoquant, poétiquement, nos silhouettes, nos attitudes,  nos états d’âme, …

Ami du cinéaste français Jean-Pierre Mocky (1929-2019), il réalise, avec lui, en 1980, un court métrage d’animation , « La Pomme et le Papillon », où il s’amuse du conflit entre « Apple » et « Macintosh ».

Dans la dernière salle de l’exposition, nous découvrons ce film, ainsi que, notamment, des cartons de bière, qu’il utilisa pour peindre des silhouettes ou visages aux couleurs prononcées.

Sa donation à « La Piscine » de 141 dessins, présentés en triptyques, chaque dessin étant entouré d’un même texte en miroir, ses mots, ses poèmes, sortes de « haïkus », étant reproduits, à droite, en version inversée, ces dessins nous fascinant par leur liberté, leur audace, leur humour.

Bruno Gaudichon, conservateur en chef de « La Piscine », nous confia, lors de la visite de presse : « Cette donation marque, par son importance et sa singularité, une date d’exception. »

Afin de mieux apprécier son travail, il convient de nous rendre à la toute proche station de métro « Charles de Gaulle ».

 Catalogue « Pascal Barbe, la Fissure–le Passage » (Ed. « Invenit »/2024) : 33€.

*** « Les Enfants Impressionnistes du Musée d’Orsay » :

À l’occasion du cent cinquantième anniversaire de l’Impressionnisme, le « Musée d’Orsay » a suggéré à plusieurs
musées, en régions (178 œuvres sont prêtées à 34 institutions, réparties dans 13 régions) d’accueillir des œuvres emblématiques de sa prestigieuse collection. Saisissant cette généreuse opportunité, « La Piscine » a émis l’idée de demander à sa « Joconde », « La Petite Châtelaine », de Camille Claudel (1864-1943), de convier quelques  enfants impressionnistes des collections nationales. Trois tableaux, d’Edgar Degas (1834-1917), Camille Pissaro  (1830-1903) et Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), ainsi que deux sculptures d’Edgar Degas, dont l’iconique  « Petite Danseuse de 14 Ans » (1875-1880), sont donc, pour quelques jours encore, les invités de marque du marbre élaboré par Camille Claudel, dans l’esprit de l’Impressionnisme, au début des années 1890.

Ce superbe rendez-vous est présenté dans la salle actuellement consacrée au thème de l’enfance, dont l’accrochage habituel a été profondément modifié, afin de permettre de vrais dialogues entre les œuvres                  « roubaisiennes » et leurs protagonistes temporaires. Ainsi, la confrontation de « La petite Châtelaine » avec l’étrange « Garçon au Chat » (1868) de Pierre-Auguste Renoir et l’ambiguë « Petite Danseuse de 14 ans » d’Edgar Degas fait résonner trois visions modernes et iconoclastes de l’enfance.

Ce superbe rendez-vous est présenté dans la salle actuellement consacrée au thème de l’enfance, dont l’accrochage habituel a été profondément modifié, afin de permettre de vrais dialogues entre les œuvres                  « roubaisiennes » et leurs protagonistes temporaires. Ainsi, la confrontation de « La Petite Châtelaine » (1895-1896) avec l’étrange « Garçon au Chat » (1868) de Pierre-Auguste Renoir et l’ambiguë « Petite Danseuse de 14 ans » d’Edgar Degas fait résonner trois visions modernes et iconoclastes de l’enfance.

Réalisée en cire, cette « Petite Danseuse » a été identifiée comme étant une élève, puis danseuse de l’ « Opéra de Paris », Marie Geneviève van Goethem (°Paris/1865), alors âgée de 14 ans … Et Bruno Gaudichon, commissaire de cette exposition, de nous révéler que ces « petits rats » de l’ « Opéra », issues de milieu fort modeste pouvaient être proposées par leurs mères maquerelles à des hommes particulièrement riches, qui fréquentaient l’ « Opéra ».  Marie Geneviève van Goethem, renvoyée de l’ « Opéra », pour cause d’absentéisme, ne laissa, ensuite, aucune trace d’elle, la date de son décès étant inconnue.

*** « Compagnons d’une Vie : une Donnation à La Piscine » :

Suite à une donation qui fera date dans son histoire, « La Piscine » expose une remarquable collection particulière, élaborée au fil d’un demi-siècle de recherches et d’amitiés et aujourd’hui offerte au musée. Les œuvres qui la composent dévoilent le cheminement sensible par lequel les goûts, les intérêts intellectuels, les rêveries des collectionneurs, aussi bien que les hasards de la vie et des rencontres en sont venus à former un ensemble harmonieux et singulier. Principalement consacrée aux dix-neuvième et vingtième siècle, la donation s’articule autour d’ensembles d’œuvres de Pierre Alechinsky (°Saint-Gilles/1927), Jean Cocteau (1889-1963), Salvador Dali  (1904-1989), Valentine Hugo (Valentine Marie Augustine Gros/1887-1967), Victor Hugo (1802-1885), …, pour ne citer que quelques-uns des très nombreux artistes représentés.

L’exposition déploie, en outre, un large éventail de techniques : dessin (aquarelle, crayon, encre, fusain, lavis, pastel, peinture, photographie, sculpture, … Dans le domaine des aquatintes, bois gravés, eaux-fortes, estampes,  pointes déclinent leurs nuances. Ce sont en tout, près de 400 œuvres qui sont exposées. Bien qu’incluant des  signatures prestigieuses, la collection se distingue par son refus de l’ostentation. Loin des modes, les œuvres sont d’abord les « compagnons d’une vie » et l’espace qu’elles habitent est celui de l’intime. L’essentiel de la donation  est, en effet, constituée de créations sur papier et de petits formats, adaptés à un intérieur privé.

Dessins et estampes nous encouragent à nous rapprocher d’eux, restaurant ainsi la distance familière entre le regard et le livre. Car, et c’est là une autre de ses caractéristiques, la collection est nourrie par la fréquentation de la littérature. Œuvres plastiques de poètes, portraits d’écrivains, représentations de scènes littéraires et livres illustrés explorent les horizons ouverts par le tracé d’une plume, qui, lorsqu’elle écrit, commence déjà à dessiner. Sont ainsi montrés de saisissants lavis et découpages de Victor Hugo, des créations à la lisière de l’abstraction,  dont les surréalistes surent très tôt apprécier la modernité. Exceptionnellement exposées ce printemps, ces œuvres, réunies par « Compagnons d’une Vie : une Donation à La Piscine » quitteront ensuite temporairement la lumière en raison de leur fragilité.

C’est l’occasion pourBruno Gaudichon de nous signaler que, grâce à cette donation exceptionnelle, faite par un couple de collectionneurs, « La Piscine » est devenue, après le « Musée Jean Cocteau », à Menton, et la « Maison Victor Hugo », à Paris, le musée ayant le plus d’œuvres de ces deux artistes.

Ouverture de « La Piscine » : jusqu’au dimanche 26 mai 2024, du mardi au jeudi, de 11h à 18h, le vendredi, de 11h à 20h, le samedi et le dimanche, de 13h à 18h. Prix d’entrée : 11€ (9€, en tarif réduit & en périodes sans exposition temporaire / 0€, pour les moins de 18 ans, pour une personne porteuse d’un handicap et son accompagnant.e, ainsi que, pour tous, tous les vendredis, de 18h à 20h. Audio-guide : 3€. Contacts : 00.33/3/20.69.23.60 &  lapiscine.musee@ville-roubaix.fr. Restaurant-Salon de Thé « Meert » : du mardi au dimanche, de 12h à 17h30. Site web : http://www.roubaix-lapiscine.com.

En complément à ces découvertes roubaisiennes, soulignons qu'il nous est possible de visiter, dans la même journée, une fort intéressante exposition, ouverte jusqu'au lundi 24 juin, au "MUba" ("Musée des Beaux-Arts"), à Tourcoing : "Peindre la Nature. Paysages impressionnistes du Musée d'Orsay", où nous retrouvons, également, des oeuvres de Camille Pissarro et de Pierre-Auguste Renoir, ainsi que d'autres de, notamment, Claude Monet (1840-1926) et Alfred Sisley (1839-1899).

Au "Palais des Beaux-Arts", à Lille, une troisième exposition célébrant les 150 ans de l'impressionnisme, grâce aux prêts du "Musée d'Orsay", n'attend que notre visite, jusqu'au lundi 23 septembre : "Monet à Vétheuil, les Saisons d'une Vie",

Yves Calbert.

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