Houffalize : un culte gay-friendly ?
Hypothèse : le saint Sébastien sculpté vers 1690 à Houffalize, et y exposé, est-il un emblème gay-friendly ?
Cet article fait suite à deux autres dont les liens figurent ci-dessous.
En ce siècle-là, alors que les arts plastiques présentent des Sébastien sous une apparence homoérotique, Pécourt a-t-il franchi le pas vers l’homosexualité, admise à notre époque qui a hissé saint Sébastien dans les fonctions de patron des gays et du protecteur contre le sida?
Pécourt a-t-il figuré, sculpté, encouragé l’inconcevable : l’homosexualité ?
Cinq flèches
L’une dans la cuisse, l’autre dans le bras. Classique.
Les trois autres sont paradoxales, insoutenables.
L’une pénètre par le flanc droit, l’autre entre en plein cœur. La trajectoire imparable de la lance qui a transpercé le cœur de Jésus, et, pire, un inadmissible coup de grâce. Trop c’est trop. Deux sacrilèges ?
L’intention de Pécourt est peut-être d’affirmer la grandeur de Dieu qui par un miracle a sauvé la vie de Sébastien ou la lui a rendue. De sublimer son message. D’affirmer la prééminence du christianisme sur le paganisme, quelques années avant l’édit de Milan (313).
La cinquième flèche, dans la zone ombilicale
Une flèche, c’est aussi le missile du coup de foudre par lequel le dieu Éros-Cupidon médusait. Remarquons que si le spectateur est face au saint, c’est à lui que Pécourt a fait envoyer cette cinquième flèche, la seule perpendiculaire.
Et c’est au nombril que le spectateur, qui s’identifie à Éros, atteint le dieu Apollon de l’amour christianisé.
Le nombril, centre du moi
XXIe siècle. Depuis une cinquantaine d’années, en Occident, l'ombilic est exhibé dans le septième art. Ce qui était interdit à Johnny Weissmuller, Tarzan dans les années 30 !
La cinquième flèche, c’est le spectateur qui s’introduit dans l’égo réifié du beau Sébastien.
Car si notre regard ne verse pas dans le mysticisme, qui d’entre nous viserait à bout portant la cicatrice originelle qui prosaïquement relie une victime à sa mère ?
La cinquième flèche, c’est un piercing doré qui valorise « le bourgeon charnel érotique de notre anatomie » (Marie Huret). Qui sublime la figuration de notre narcissisme et l’outil de notre séduction.
D’ailleurs, les jeunes filles aujourd'hui ne se privent pas d’accentuer la séduction de l’appas de leur nombril par un piercing,
C’est par là que pénètre le symbole phallique dans un premier chrétien martyr canonisé, à qui certains prêtent une relation de favori avec l’empereur Dioclétien.
Conclusion
De tous les Sébastien de tous les âges urbi et orbi que nous avons pu examiner en façonnant cet article, c’est celui de Pécourt, le Sébastien de Houffalize aux trois flèches meurtrières singulières et au bras levé comme à la gay pride, que nous croyons pouvoir être considéré comme l’icône homosexuelle gay la plus éloquente.
Dans un bloc de chêne rudement ardennais, Pécourt aurait donc représenté mieux que tout autre artiste une allégorie abstraite combien moderne : la sympathie de Dieu pour les gays et un gage de son assistance dans leurs épreuves.
Cette sculpture dans la pénombre figurerait l’indulgence de Dieu gay-friendly.
René Dislaire © Houffalize, le 23 juin 2017
Présentation: L’église Sainte-Catherine de Houffalize abrite-t-elle un Sébastien figurant l’allégorie de Dieu ouvert aux gays et partant à la communauté LGBT?
Liens: Jean Pecourt, sculpteur houffalois du XVIIe siècle, son saint Sébastien...
Trois articles, chacun peut être lu indépendamment l'un de l'autre, ou dans cet ordre:
* 1. Saint Sébastien, autel de Ste-Catherine à Houffalize : Jean Pécourt - 2017
* 2. Le St-Sébastien de Jean Pécourt : Houffalize rencontre l’homoérotisme. Jean Pécourt - 2017
* 3. Houffalize. Un culte gay-friendly? - 2017
Du même auteur, sur Sainte-Catherine à Houffalize
La Ste-Catherine à Houffalize: histoire, légende et traditions
Expressions sur Ste-Catherine en wallon
Photos de la foire Ste-Catherine en 2007
Une histoire d’aigle, pas à Pathmos mais à Houffalize