AU REVOIR LISA, roman par la Belge Françoise Houdart
Synopsis
La foudre frappe le tilleul séculaire devant la maison d’Eugénie, précipitant la vieille dame sur le carreau de sa cuisine. Sa fille Lisa va la voir à l’hôpital. C’est le début pour elle d’une prise de conscience de tous les mystères qui ont jalonné sa vie, depuis la pensione Mona Lisa, près de la gare Santa Maria Novella, à Florence où ses parents ont passé leur lune de miel et où elle a – peut-être – été conçue, jusqu’à la fuite de son père Auguste, incapable d’assumer une accusation grave, et dont elle n’a plus su que des cartes postales envoyées des quatre coins de France et d’Italie. De non-dit en non-dit, un mur s’est érigé, qu’il lui faut à présent déconstruire pierre à pierre.
Extrait
Bref, j’étais rentré fort tard à la maison. Lisa s’était mise au lit sans attendre mon retour, ce qui avait renforcé ma contrariété. Sans prendre le temps d’ôter mon chapeau, je me disposais à monter l’embrasser quand Eugénie m’a enjoint sèchement de la rejoindre. Personne, même pas moi, n’eût osé se soustraire à l’ordre d’une telle voix. Je l’ai trouvée assise, toute raide à la table de la cuisine, devant un verre de vin. À peine m’étais-je penché vers elle pour la saluer malgré tout qu’elle m’a éructé au visage une bordée d’injures bien tassées. Puis, tout en se resservant un verre du meilleur cru de ma cave personnelle, elle m’a tendu un recommandé que le facteur avait déposé à mon nom le matin même et qu’elle avait ouvert sans le moindre scrupule. De toute façon, m’a-t-elle insidieusement fait remarquer, le cachet rouge ornant le coin supérieur gauche de l’enveloppe annonçait quelques ennuis… C’était peu dire : une convocation au commissariat de police de M**. Aussitôt, nos cris se sont entrechoqués avec une telle violence que j’ai eu l’impression de voir trembler les murs. La porte de la chambre de Lisa ayant légèrement grincé, il fallait que je monte la rassurer au plus vite, mais Eugénie, au comble de la fureur, me retenait par la manche : « Ferme la porte, toi ! », a-t-elle hurlé à l’adresse de la gamine qui s’était aventurée sur le seuil de sa chambre, terrifiée par la dispute.
[…]
– Ne fais pas le fanfaron, Auguste. La mère, je la connais bien, comme toi d’ailleurs, a sifflé Eugénie. Elle a déclaré que sa fille était enceinte. De toi… Il y aurait un certificat du médecin dans le dossier. Et elle est encore mineure ; c’est le bouquet ! Tu nous as mises dans un beau pétrin, Lisa et moi. Tout le village est déjà au courant. Le facteur, il sait lire à travers les enveloppes. Ces choses-là se propagent plus vite qu’un feu de broussailles en été. Tu es un beau salaud, Auguste. Tu vas te retrouver au trou et ce sera bien fait. Elle ne lâchera rien, la mère. Demain, ils t’attendent à 9 heures au bureau de police principal à M**. Tu peux préparer ta valise et ton portefeuille. Ce sont des affaires qui ne se traitent pas à la légère. Auguste, dis-moi ce que tu as fait… Dis que ce n’est pas vrai… Mais, hé ! Que fais-tu ? Tu ne dis rien. Où tu vas ? Où vas-tu ? Auguste ! Attends, on doit parler… Auguste ! Mais il fiche le camp, le salaud ! Le…. »
D’un bond, j’ai saisi mon manteau, mon chapeau et mon précieux cartable et j’ai démarré à toute vitesse en direction de la France proche..
L’auteur
Traductrice de formation, enseignante, poète, nouvelliste et romancière ancrée dans le Borinage, Françoise Houdart poursuit, avec ce vingt et unième roman, son exploration d’une écriture qui soumet le vécu aux défis de l’imaginaire. Lauréate de nombreux prix littéraires (dont le prix Baron de Thysebaert et le prix Charles Plisnier), elle déploie aussi de multiples activités dans les bibliothèques et les écoles.
Editions M.E.O.
132 pages
ISBN : 978-2-8070-0264-7 (livre)
978-2-8070-0265-4 (PDF)
978-2-8070-0266-1 (EPUB)
15,00 EUR (livre)
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